Le ministre des Infrastructures et travaux publics, Alexis Gisaro, était mercredi à l'Assemblée nationale pour répondre à la question orale avec débat des députés nationaux Élie Masavuli, Lutala Trésor et Rubens Mikindo sur la problématique des routes nationales.
Dans sa réponse, ce membre du gouvernement Suminwa a rappelé que le réseau routier national présente un total de 153.000 kilomètres, dont 58.000 d'intérêt général, sur lesquels environ 3.000 seulement sont revêtus. Cela, a-t-il fait savoir, constitue près de 5% du linéaire d'intérêt général, ce qui est en contraste « frappant » avec les autres pays d'Afrique subsaharienne dont le ratio oscille autour de 25%.
« Ce ratio, pour la RD. Congo, devient encore plus faible si l’on compare les 3.000 km revêtus, à l’ensemble du réseau national de 153.000 km, qui comprend, à la fois, des routes nationales, des routes d’intérêt provincial et des routes de desserte agricole, toutes aussi importantes. Si l’on devait se limiter au bitumage de notre réseau d’intérêt général, il faudrait un budget de l’ordre de 60 milliards de dollars américains en considérant un coût moyen de 1 million de dollars américains au kilomètre », a-t-il laissé entendre.
Faible connectivité routière
Devant les élus nationaux, le numéro des ITP a évoqué la raison de la faible connectivité routière observée en RD Congo. À en croire Alexis Gisaro, cette situation est due au manque d'investissement dans les infrastructures routières, ce qui a engendré une détérioration progressive et du réseau national.
« On pourrait faire tout un débat technique là-dessus, mais retenons, chers élus du peuple, qu’une grande partie de la réponse est que ce déficit s’est créé parce que nous avons, en tant que nation, cessé d’investir, de manière suffisante dans les infrastructures routières, ce qui a engendré une détérioration progressive et profonde de l’état du réseau », a-t-il affirmé.
Il a renchéri : « La conséquence aujourd’hui est que la connectivité routière interne et externe est si faible que le marché intérieur des biens et services est désarticulé entre provinces et qu’en arrivant aux frontières de la RDC on est face à une sorte de trou noir, comparé aux autres pays de la sous-région où la connectivité routière est souvent bien meilleure que chez nous ».
Selon le ministre des ITP, deux contraintes majeures ont handicapé le pays dans sa volonté d’inverser la tendance dans le secteur des infrastructures.
« Il y a en premier lieu un déficit de ressources, qui se caractérise par le sous-financement du secteur routier, ainsi que par le sous-équipement et le vieillissement des engins de travaux existants, en second lieu », a-t-il précisé.
S’agissant du déficit des ressources, il a ressorti trois ratios qui illustrent cette situation, en partant des données historiques entre 2020 et 2023, ainsi que du projet de loi de finances 2025.
Le premier, c'est le ratio entre le budget voté et le budget sollicité qui est, d'après lui, resté faible entre 15 et 20%, et renseigne que la loi de finances ne couvre, en général, qu’au maximum 20% des besoins sollicités par le ministère des Infrastructures et travaux publics.
Le deuxième ratio, a-t-il poursuivi, est celui qui compare le budget consommé au budget voté. Le ministre Gisaro a noté, en partant des crédits budgétaires consommés, à travers la reddition des comptes et les crédits alloués par la loi des finances, un dépassement qui varie entre 122% et 176%, selon les années sous analyses, et cela est principalement du au fait que la majorité de dépenses imputées au ministère sont, en réalité, relatives à d’autres ministères.
Le troisième et dernier ratio qu'il a présenté est celui entre le budget consommé et le budget sollicité pour la période 2020-2023. Ce ratio, a-t-il expliqué, montre que la consommation des crédits budgétaires, suivant la reddition des comptes, ne se limite qu’entre 21 et 28% des besoins exprimés par le ministère des ITP, lors de la préparation du budget.
Quant au sous-équipement et au vieillissement des engins de travaux existants, Alexis Gisaro a indiqué que la contrainte des ressources a une conséquence immédiate sur la capacité d’équiper les structures du ministère des ITP.
Plan quinquennal sur les infrastructures routières
Dans le but d’inverser cette situation critique des infrastructures routières, le ministre des Infrastructures et travaux publics a rappelé qu'il a élaboré un plan quinquennal pour la période allant de 2024 à 2028. Ce plan, a-t-il dit, matérialise le quatrième engagement du président de la République, repris dans le troisième pilier du programme du gouvernement, à savoir : rétablir la connectivité intérieure du pays, en reliant tous les chefs-lieux de nos provinces, par des routes revêtues, mais aussi reconnecter le territoire national avec les grands corridors transafricains.
« Ce plan vise : la réalisation des études sur l’ensemble du réseau national, financée par le Programme Sino-Congolais et le Trésor public afin de disposer d’un portefeuille des projets bancables et de qualité ; la construction de 12.000 km de routes d’intérêt général revêtues et d’environ 500 km de voiries urbaines », a précisé le ministre des ITP.
Par ailleurs, le numéro un des ITP a déclaré que, malgré la volonté du gouvernement de soutenir les opérations des Forces Armées engagées dans la guerre qui est imposée à l’Est par l’armée rwandaise ainsi que ses supplétifs du M23, le sous-financement du secteur routier, évoqué dans son exposé, limite les interventions dans les zones en guerre.
Prince Mayiro