Gouverneur Honoraire du Bas-Uélé, Expert en Développement Durable et Gouvernance, Président du Centre d’Excellence en Leadership et Bonne Gouvernance
L’appel lancé par Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo lors de son discours devant le Congrès le 11 décembre ouvre une voie historique : celle de repenser la Constitution pour poser les bases d’un Congo moderne et résilient. Au-delà des clivages politiques, cette réforme doit refléter une vision commune pour répondre aux défis actuels et préparer l’avenir de notre pays.
L’éducation : un levier pour l’avenir du Congo
La gratuité de l’enseignement primaire, mise en œuvre par le Président Félix-Antoine Tshisekedi, a marqué une avancée historique en permettant à des millions d’enfants congolais d’accéder à l’éducation et en réduisant significativement les inégalités. Pour consolider cet acquis et garantir une éducation réellement inclusive, il est essentiel d’inscrire dans la Constitution la gratuité de l’enseignement jusqu’au secondaire et l’obligation scolaire jusqu’à 16 ans.
Cette réforme, inspirée par des modèles réussis comme ceux du Ghana et du Kenya, assurerait à chaque enfant congolais un accès équitable à une éducation de qualité, tout en posant les bases d’une jeunesse formée, capable de relever les défis de demain et de contribuer au développement durable de la RDC.
Délocalisation de la capitale : une mesure stratégique
Kinshasa est devenue un symbole des limites de notre urbanisation. Avec plus de 17 millions d’habitants, la capitale est engorgée, exposée à des risques socio-environnementaux majeurs, et incapable de répondre aux besoins de sa population croissante. Des exemples comme celui du Nigéria, avec Abuja, ou de la Tanzanie, avec Dodoma, montrent qu’une délocalisation de la capitale peut équilibrer le développement territorial et désengorger les grandes métropoles. Placer la capitale au centre du pays rapprocherait les institutions de toutes les provinces et offrirait une nouvelle dynamique à notre gouvernance.
Langues nationales et ouverture internationale
Le multilinguisme est une richesse que nous devons mieux intégrer dans notre système institutionnel. Je propose d’officialiser nos quatre langues nationales, avec une langue majoritaire par région, en complément du français. L’introduction de l’anglais comme langue additionnelle officielle renforcerait notre compétitivité internationale. Des pays comme le Sénégal et l’Afrique du Sud utilisent plusieurs langues officielles pour inclure toutes leurs communautés dans la gouvernance et l’administration publique. Pourquoi ne pas faire de même en garantissant l’inclusion culturelle et une ouverture sur le monde ?
Une gouvernance provinciale efficace et neutre
La réforme de la gouvernance provinciale est essentielle. Je suggère que les gouverneurs soient nommés par le Président sur une liste de trois candidats proposés par les partis politiques majoritaires. Cette nomination, combinée à une affectation dans des provinces autres que celles dont ils sont originaires, garantirait une gestion plus impartiale et une vision orientée vers les besoins réels des provinces.
Des pays comme l’Éthiopie, avec son système fédéral, montrent qu’une répartition stratégique des responsabilités peut renforcer la cohésion nationale et la gouvernance locale.
Une gestion durable des ressources et la protection de l’environnement
Le Congo est riche, mais cette richesse ne bénéficie pas suffisamment à ses citoyens. La réforme doit consacrer la gestion durable et responsable de nos ressources naturelles et la protection stricte de l’environnement. Le Botswana, par exemple, a utilisé ses ressources minières pour construire un modèle économique stable et transparent.
En s’appuyant sur une gouvernance claire et durable, la RDC peut transformer son potentiel naturel en un moteur de développement inclusif.
Un appel à l’unité et à l’action
La réforme constitutionnelle que nous envisageons doit aller au-delà des préoccupations actuelles pour poser les bases d’un avenir solide pour nos enfants. Elle représente une occasion unique de penser collectivement à un Congo équitable, durable et prospère.
J’invite chaque citoyen, quelle que soit sa région ou son secteur d’activité, à s’engager activement dans cette réflexion.
C’est ensemble, avec des idées et des ambitions partagées, que nous pourrons bâtir une Constitution qui reflète nos aspirations communes et prépare un avenir meilleur. Pensons aux générations futures, à ce que nous leur léguerons, et œuvrons pour un Congo qui incarne l’espoir, l’unité et la prospérité pour tous.
Tribune du professeur Jean-Robert Nzanza Bombiti