
Au cours d'un point de presse tenu ce jeudi 15 mai 2025, l'Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) a fait remarquer que la procédure de levée des immunités de Joseph Kabila, telle qu'enclenchée au niveau du Sénat, viole la loi sur les anciens présidents de la République et nuit gravement à la cohésion nationale.
Le PCA de l'ODEP, le professeur Florimond Muteba, a démontré que le statut de l'ancien président de la République et celui du sénateur à vie sont indissociables. D'où, a-t-il martelé, la nécessité de respecter la procédure telle que prévue par la Loi, consistant à réunir les deux chambres du Parlement en Congrès pour lever les immunités de Joseph Kabila.
« Pendant cette crise profonde, nous entendons qu'on va lever ce matin les immunités parlementaires de Joseph Kabila, président de la République honoraire. D'abord, du point de vue de l'État de droit, cela viole la Loi sur les anciens présidents de la République. Cette Loi dit que c'est le Congrès réuni qui peut voter, à sa grande majorité (3/4 des voix), la levée des immunités parlementaires d'un ancien président de la République. Mais on nous dit que c'est le Sénat. Le Sénat seul n'est pas le Congrès. Le Congrès, c'est le Sénat avec l'Assemblée nationale », a déclaré le professeur Florimond Muteba.
Le numéro un de l'ODEP a par ailleurs souligné que même la procédure menée par le ministère de la Justice pour prendre la décision portant saisie des biens, meubles et immobiliers de Joseph Kabila constitue une grave violation des lois de la République.
« Ce n'est pas acceptable qu'on se retrouve de nouveau dans des violations des lois. Vous vous rappelez que, sans avoir été jugé et condamné, le ministre de la Justice a ordonné le pillage des domaines ou des propriétés de Joseph Kabila. C'est un citoyen qui a aussi le droit d'être défendu par un État de droit, par les lois, la Constitution. On a même violé ses domaines à Lubumbashi. Toutes ces choses-là ne sont pas bonnes », a-t-il fustigé.
Le professeur Florimond Muteba a aussi souligné que la RDC a, en ce moment, besoin de la cohésion nationale plutôt que des actes qui vont davantage diviser ses fils et filles. Il en appelle ainsi à un dialogue entre Joseph Kabila et le président Félix Tshisekedi pour aplanir les divergences et sauver la République.
« Le cas de Joseph Kabila est un cas de violation de la Constitution. C'est un cas de violation des droits d'un citoyen. En tant que défenseur des droits économiques et sociaux, mais aussi des droits humains, je dis que ce sont des choses à éviter parce que ça nuit à la cohésion nationale et au dialogue. La cohésion nationale est menacée. Et si la cohésion est menacée, le dialogue intercongolais ne se fera pas », a-t-il indiqué.
Et de poursuivre :
« Si nous voulons une paie durable, nous devons d'abord veiller à la cohésion nationale. Nous devons veiller à dialoguer entre nous. Aujourd'hui, il est plus facile d'aller dialogue avec un Emir du Qatar qu'avec celui avec qui vous avez fait la remise et reprise et qui vous a cédé en paix le fauteuil présidentiel. Nous sommes encore entre nous frères congolais ou on ne l'est plus ? ».
Contrairement à ce qui s'est raconté dans l'opinion, le professeur Florimond Muteba a soutenu que Joseph Kabila n'a jamais été à Goma récemment. Il appelle la justice congolaise à éviter d'agir sur base des rumeurs et de disposer des preuves irréfutables avant d'agir.
« Je me suis renseigné avant de venir ici et durant plusieur jours. Le président Kabila n'est jamais allé à Goma. On l'accuse de connivence avec la rébellion. Mais quelles sont les preuves ? S'il est prouvé que Joseph Kabila a une connivence avec la rébellion, je serai le premier à venir le condamner de la manière la plus dure. Je ne transige sur la complicité avec Kagame et l'AFC/M23 de Nangaa et ses poulains. Ça c'est quelque chose qui nous a fait trop de mal. L'occupation de Goma et Bukavu a entraîné beaucoup de morts, de femmes violées et d'enfants meurtris », a-t-il fait remarquer.
Répondant à une question de la presse, le professeur Florimond Muteba a souligné que les consultations menées par le conseiller spécial du chef de l'Etat n'aboutira jamais à la formation d'un gouvernement d'union nationale, étant donné que certaines forces politiques ont été mises de côté.
ODN