
Le mercredi 14 mai, à Kinshasa, le président de la République, Félix Tshisekedi, a porté sur les fonts baptismaux le nouveau livre de George Arthur Forrest intitulé « L’Afrique peut nourrir le monde ».
S'appuyant sur sa vaste expérience d'entrepreneur, George Arthur Forrest partage dans cet ouvrage sa conviction et son optimisme quant à la possibilité pour l'Afrique de sortir de sa « ruineuse dépendance alimentaire ».
L'auteur évoque deux principaux facteurs qui nourrissent son espoir: d'abord, le potentiel agricole inexploité du continent, qui représente 65 % des terres arables non cultivées dans le monde, et ensuite, le dynamisme croissant de la jeunesse africaine. Il souligne également que l'Occident fait face à un affaiblissement progressif dû à des crises récurrentes et au vieillissement de sa population.
« Le continent dispose de ressources inestimables, d'une variété climatique qui permet de diversifier les cultures, d’une force de travail conséquente, d'infrastructures en cours d’érection et d'une volonté de changer le narratif du développement en passant de l'indigence à l'émergence », écrit-il, se qualifiant lui-même d'« aventurier optimiste ».
Dans cette optique, il décline sa vision à travers le projet « GoCongo ». Grâce à cette initiative, qui commence déjà à porter ses fruits dans le Grand Katanga, George Forrest ambitionne de nourrir 100 millions de congolais.
« Conscient de ma dette morale vis-à-vis du Congo […], je travaille depuis quelques années sur un immense chantier: le projet GoCongo, dont l’ambition est de contribuer à nourrir plus de 100 millions de congolais, de lutter contre l’inflation alimentaire et de s’attaquer à la déforestation », affirme-t-il dans le neuvième point de son livre, alors que le dixième point aborde son « grand rêve » d’indépendance alimentaire pour le Congo et l’Afrique.
Le président Félix Tshisekedi a remercié l’auteur et déclaré que cet ouvrage servirait de boussole pour tous ceux qui souhaitent participer à la transformation de la RDC.
« Merci George pour cette contribution très très importante à la RDC et aussi à l’Afrique. Il sera désormais une sorte de bible pour ceux qui vont se lancer avec nous dans ce rêve de faire de l’agriculture la revanche sur les mines, qui nous ont causé beaucoup de problèmes », a-t-il déclaré avant de baptiser le livre.
Au-delà de son optimisme, l'ouvrage du « Grand Katangais », comme l’a surnommé le chef de l'État, exprime également une exaspération face à la dépendance actuelle de la RDC et de l’Afrique aux importations alimentaires.
« Un pays qui importe ce qu’il consomme ne peut pas être souverain », lit-on dans la préface rédigée par l’ancien président sénégalais Macky Sall.
Selon lui, les notions d'indépendance et de souveraineté resteront vaines tant que les pays africains ne produiront pas ce qu’ils consomment.
« Nos États ont une trop grande dépendance vis-à-vis de l’extérieur et subissent les facteurs exogènes liés à la sécurité, aux crises économiques, aux intempéries et à l’inflation, entre autres. Nous devons remettre le grenier de nos pays à l’intérieur de nos frontières », ajoute-t-il.
Ce livre de 129 pages est structuré en dix points. Dans les premiers points, l’auteur aborde les clichés véhiculés sur l’Afrique en Occident, qu'il considère comme déconnectés de la réalité: l’Afrique « est un désert géant, n’a pas de terres cultivables ni arables, n’a pas d’eau, n’a pas de jeunesse… »
Le troisième point traite des causes structurelles de l’insécurité alimentaire sur le continent, mentionnant notamment l’insuffisance de mécanisation, le changement climatique et le manque d'infrastructures. Quant au quatrième point, il aborde l’enjeu géopolitique lié à l'autosuffisance alimentaire.
« Pour une réelle indépendance, je plaide aux côtés de nos leaders politiques pour une réforme de la gouvernance mondiale. […] Le fossé n'a jamais été aussi abyssal entre nations riches et pauvres et entre personnes riches et pauvres au sein d'un même pays », déclare le fils de Malta Victor Forrest.
Le cinquième point aborde les instruments financiers nécessaires pour nourrir l’Afrique, soulignant l'« impérieuse nécessité pour le système bancaire africain d’acquérir une stabilité suffisante pour attirer les investisseurs ». En revanche, le sixième point conseille aux décideurs africains d’« être présents là où se décide le destin du monde » afin de reconquérir la souveraineté alimentaire du continent.
Le septième point traite du défi de l’électrification du continent, tandis que l’avant-dernier point met en lumière l’eau comme un enjeu majeur de la gouvernance. L’auteur recommande de renforcer les coopérations régionales afin que les zones bénéficiant d’une pluviométrie excédentaire puissent soutenir celles souffrant d’un déficit en eau.
Notons que « L’Afrique peut nourrir le monde » est la deuxième publication de George Arthur Forrest. En 2022, il avait déjà publié « Un siècle de rêves », qui retrace le parcours de sa famille en RDC depuis 100 ans. C’est en 1922 que son grand-père, George Forrest, s’était installé à Kolwezi pour y commencer son aventure entrepreneuriale, qui se perpétue de génération en génération.
Bienfait Luganywa