
L'archevêque Léonard Matebwe Lambalamba, président général de l'Ordre supérieur épiscopal du Congo (OSEC) s'oppose à l'initiative exclusive de la conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l'église du Christ au Congo (ECC) sur le processus de la paix et réconciliation en République démocratique du Congo auprès du chef de l'État, Félix Tshisekedi Tshilombo. Dans une interview à 7SUR7.CD ce samedi 17 mai 2025, l'archevêque Léonard Matebwe Lambalamba plaide pour une démarche interconfessionnelle et équitable fondée sur la neutralité, la transparence et la reconnaissance des efforts collectifs pour la paix.
L’archevêque Léonard Matebwe exprime son désaccord face à la volonté exprimée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) d’être reçues seules par le président de la République. Selon lui, une telle initiative va à l’encontre des principes d’inclusion défendus par les autorités et ignore la richesse du paysage religieux congolais.
« Le chef de l’État avait demandé à la CENCO et à l’ECC de travailler de manière inclusive avec les autres confessions religieuses. Elles ont choisi de faire cavalier seules », rappelle-t-il.
Cette démarche solitaire, poursuit l’archevêque, a échoué et contraint les deux plateformes à revenir sur leurs pas, faute de légitimité et d’approbation institutionnelle.
Le président général de l'OSEC ne mâche pas ses mots. Il estime que la « posture partisane de la CENCO et de l’ECC a durablement entaché leur crédibilité ». En s’alignant, selon l'archevêque Léonard Matebwe, sur « les positions de l’opposition », ces structures auraient perdu leur neutralité indispensable au dialogue national.
« Ils se sont affichés comme étant du côté de l’opposition. Cela a discrédité leur parole aux yeux de nombreux Congolais », a-t-il affirmé tout en soutenant qu'un processus de médiation ne peut être piloté par un groupe soupçonné de partialité.
Pour répondre aux défis actuels de réconciliation, de la cohésion nationale, de l'unité et de stabilité, sa grâce Léonard Matebwe propose que la mission de paix soit confiée à des entités religieuses plus représentatives, telles que, l'Initiative interconfessionnelle pour la paix et la réconciliation mise en place par la plateforme des confessions religieuses et de la CIME (Commission d'intégrité et de médiation électorale) ; le REDTCO (Rassemblement des enfants de Dieu pour la transformation du Congo), un organe qui rassemble toutes les sensibilités politiques, confessionnelles et religieuses ; l'OSEC (Ordre supérieur épiscopal du Congo) réunissant également tous les leaders spirituels).
« Il existe une initiative interconfessionnelle pour la paix et la réconciliation, pilotée par la plateforme des confessions religieuses du REDTCO. Cette initiative mérite d’être reconnue et soutenue à la place des démarches unilatérales », a-t-il rappelé.
Face à ces interventions, l’archevêque Léonard Matebwe Lambalamba appelle directement le président Félix Tshisekedi Tshilombo à ne pas céder à la pression d’un groupe au détriment du collectif. Il demande que toute audience portant sur la paix inclue toutes les confessions religieuses représentées dans le pays.
« Si la CENCO et l’ECC veulent rencontrer le président, qu’elles le fassent aux côtés des autres confessions. Le dialogue ne doit pas être l’affaire de quelques-uns », a-t-il insisté.
Par ailleurs, l'archevêque Léonard Matebwe conclut en insistant sur le rôle crucial que peuvent jouer les structures religieuses indépendantes et équilibrées comme l’OSEC et le REDTCO dans la consolidation de la paix. À ses yeux, elles représentent un « centre du village », un espace neutre où peuvent se retrouver toutes les sensibilités politiques et religieuses.
« Il faut un groupe qui soit neutre, qui tienne le centre du village. La CENCO-ECC, elle, a déjà montré ses limites. Cette page est tournée », a-t-il conclu.
Il est à noter que la sortie de l’archevêque Léonard Matebwe Lambalamba fait suite aux propos tenus le jeudi 15 mai dernier à Kinshasa par la CENCO-ECC qui souhaite rencontrer le chef de l'Etat sur le processus de paix amorcé il y a peu. À travers le plaidoyer de l'archevêque Léonard Matebwe pour une approche collective, inclusive et impartiale, il appelle à un recentrage du processus de paix sur les principes de transparence, de neutralité et de représentativité.
Patient Lukusa, à Lubumbashi