
Les services des renseignements de la Police nationale congolaise dans le Haut-Katanga ont procédé, le vendredi 4 juillet 2025 à Lubumbashi, à la présentation publique d’un groupe de dangereux criminels, auteurs présumés de plusieurs braquages, meurtres et vols à main armée dans la ville de Lubumbashi et d’autres coins du pays.
À la tête de ce réseau figure un nom tristement célèbre dans les milieux criminels : Alain, alias « Action », ancien commissaire adjoint de la Police à Idjofa. Selon les enquêteurs de la Police qui ont expliqué le drame, l’histoire criminelle de « Action » commence en 2013, lorsqu’il détourne les fonds de paie destinés aux policiers d’Idjofa avant de s’enfuir à Lubumbashi, puis en Afrique du Sud.
De retour en RDC en 2015, il met rapidement sur pied des groupes armés, spécialisés dans de violentes attaques organisées.
"Il a été repéré pour la première fois à Kasapa en 2016 lors d'une opération où une arme avait été récupérée. En 2017, il a été arrêté et transféré à l’auditorat militaire, mais a obtenu une liberté provisoire après seulement trois mois", a expliqué un responsable de la police au micro tendu par 7SUR7.CD.
Peu après, poursuit cet enquêteur, « Action » organise un braquage à Soficom au quartier Njanja à Lubumbashi au cours duquel un policier escorteur est tué. Il est également cité dans plusieurs assassinats, notamment celui de Tshimbulu Tshiende, un grand opérateur économique de la place.
Après un nouveau séjour en Afrique du Sud, "Action" revient discrètement à Lubumbashi en décembre 2023, accompagné d’anciens militaires et d’autres complices. Ce retour marque une nouvelle escalade de violences. Le 17 avril 2024, son groupe tente de cambrioler une résidence appartenant à des ressortissants indiens sur l’avenue Biayi, après deux braquages meurtriers la même journée, dont l’un à l'école Âge d’Or, l’autre au centre commercial Kin Center, où deux cambistes ont perdu la vie.
Fuyant une intervention policière à son hôtel, "Action" échappe de peu à l’arrestation et prend la direction de Kolwezi. Mais entre avril et juin 2025, sa bande sème la terreur à Lubumbashi : braquage sur l’avenue Kasaï le 16 avril, attaque armée à Tesol (Kasapa) le 13 juin, vol d’un véhicule et meurtre du cambiste Fabrice Lukoko, blessure par balle du cambiste David Kayembe le 21 juin et tentative d’attaque déjouée le 25 juin par la Police de circulation (PCR) sur l’avenue M’Siri, a relaté cet officier.
Arrestation du surnommé “Action”
Le tournant s’opère le 25 juin 2025 lorsque la bande est repérée à bord d’un véhicule IST volé sur l'avenue Lumumba à Lubumbashi. Lors de la poursuite par la PCR, un policier est blessé par balle, mais l’abandon du véhicule permet l’arrestation de Philippe Kadima, trouvé porteur d’un fusil AK-47, de trois chargeurs et de 21 munitions. L’arme, selon les investigations de la police, provenait des rangs des FARDC à Kinshasa.
Quelques jours plus tard, le 1er juillet 2025, la bande tente un nouveau braquage visant un véhicule de marque Vanguard appartenant à Patient Kayembe. Le véhicule est retrouvé avec de fausses plaques d’un camion chinois immatriculé à Kolwezi, un jour après. Grâce à ce lien, la police parvient enfin à localiser et interpeller Alain alias Action, son complice Kapo, ainsi que leurs chauffeurs.
"Au moment de son arrestation, Action portait un revolver de marque JP et a tenté d’ouvrir le feu sur nos éléments. Mais nous avons pu le neutraliser sans effusion de sang", a déclaré ce haut gradé de la Police nationale congolaise dans ses explications.
Cette arrestation marque un soulagement pour la population de Lubumbashi, traumatisée par la recrudescence d’actes violents ces derniers mois. Les autorités promettent de mettre tout en œuvre pour que justice soit rendue. Le démantèlement de ce réseau criminel met en lumière la nécessité de renforcer la sécurité urbaine et d’empêcher l’infiltration d’anciens éléments des forces de sécurité dans le grand banditisme, a proposé la société civile locale. Ce groupe de criminels composés d'une moins une cinquantaine de personnes a été présenté par le commissaire divisionnaire Blaise Kilimbalimba au gouverneur Jacques Kyabula lors de la cérémonie de remise de l'étendard de commandement.
Patient Lukusa, à Lubumbashi