Agriculture : une Asbl appelle à la mise en place du Salaire minimum agricole garanti pour sauver 60% des emplois

Lundi 28 juillet 2025 - 15:02
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Toile d’Araignée, une organisation réunissant des journalistes économiques, appelle le gouvernement à réhabiliter le décret sur le Salaire minimum agricole garanti (SMAG) afin de préserver les emplois de plus en plus menacés dans le secteur agricole.

Lors d’un point de presse tenu le samedi 26 juillet, le coordonnateur de cette structure, Jérôme Sekana, a averti que le décret nº25/22 du 30 mai 2025 sur le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) représente un danger pour le secteur agricole. Il a souligné que les entreprises agro-pastorales font face à des charges sociales beaucoup plus élevées que celles des secteurs commerciaux et des services.

Selon Jérôme Sekana, ces entreprises jouent un rôle essentiel dans les zones rurales où elles sont implantées, en prenant en charge des services que l'État ne fournit pas.

« Dans ces milieux-là, ce sont elles qui prennent en charge la gratuité de l'enseignement de base, les soins de santé de base, l'adduction d'eau potable, l'entretien des routes de desserte agricole, l'encadrement des autorités politico-administratives lors de leurs itinérances, la création d'emplois directs et indirects ; bref, ce sont elles qui alimentent la vie sociale à l'intérieur du territoire national », a-t-il déclaré.

En plus des avantages sociaux qu’elles offrent aux travailleurs et aux communautés locales, leur imposer le SMIG comme dans les autres secteurs pourrait contraindre ces entreprises à licencier jusqu'à 60 % de leurs effectifs.

« Cette pression financière soudaine entraînera certainement la fermeture de quelques unités de production encore existantes, en particulier les petites et moyennes exploitations ; une perte massive d'emplois ruraux et des avantages sociaux (santé, électricité, eau potable, scolarité et logement), aggravant encore plus la pauvreté et l'exode rural vers les centres urbains déjà surpeuplés ; le recours à la mécanisation des opérations (récoltes, épandage et autres) qui représente plus de 60 % de la main-d'œuvre […] », a poursuivi Jérôme Sekana.

Un autre problème soulevé par Toile d’Araignée est le manque de subventions dans le secteur agricole, contrairement à des pays comme l’Inde, le Brésil, les États-Unis, la France et l’Afrique du Sud. Ces pays appliquent le SMAG tout en subventionnant leur agriculture.

« Il va sans dire que toutes les grandes nations du monde ont commencé d’abord par maîtriser l’indépendance du ventre avant de créer des richesses diverses en transformant leurs productions localement. C’est le chemin que doit prendre impérativement la RDC pour aller à la rencontre de la vision prônée par le chef de l’État, nous citons, la revanche du sol sur le sous-sol », a ajouté Jérôme Sekana.

De plus, cette organisation déplore que le pays continue d’importer des produits de première nécessité pour plus de 3 milliards de dollars chaque année, alors qu’il dispose de 120 millions d’hectares de terres arables et irrigables. Elle appelle donc à l’application du code agricole promulgué en 2011. Cette loi, censée booster le secteur agricole du pays, reste inapplicable en raison du manque d'arrêtés interministériels d’exécution, selon Jérôme Sekana.

Il convient de noter que le décret nº25/22 du 30 mai 2025 fixe le SMIG à 14.500 FC par jour à partir de mai 2025 et à 21.500 FC par jour dès janvier 2026. Ce barème salarial s’applique à tous les secteurs professionnels sans distinction, contrairement aux grands pays agricoles où le secteur agricole bénéficie d’un barème spécifique.

Bienfait Luganywa

 

AfroPari Juillet 2025