RDC-Enseignement Supérieur : Près d'un mois après sa suspension, le comité de gestion du FNRSIT continue de dénoncer une décision "illégale"

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En date du 26 novembre 2025, la ministre de l'Enseignement Supérieur, Universitaire, Recherche Scientifique et Innovation (ESURS), la professeure Marie-Thérèse Sombo Ayanné Safi, a suspendu les membres de la direction générale du Fonds National de la Recherche Scientifique et de l'Innovation Technologique (FNRSIT), un établissement public du pays.

Près d'un mois après, le comité de gestion suspendu continue de contester cette décision  qu'il qualifie d'illégale.

Se confiant ce dimanche 21 décembre 2025 à la Rédaction de 7SUR7.CD, des proches dudit comité affirment que cette suspension soulève des irrégularités administratives majeures, des violations manifestes des libertés fondamentales et plus encore, une indifférence face à la perte de vies humaines.

"Depuis la fusion du ministère de la Recherche scientifique et innovation technologique avec celui de l’Enseignement supérieur et universitaire, donnant naissance au ministère de l’Enseignement supérieur, universitaire, recherche et innovation, un fait interpelle : la ministre n’a jamais jugé utile de recevoir la direction générale du FNRSIT. Malgré de multiples demandes d’audience, les responsables de cet établissement public, privé de frais de fonctionnement et confronté à une situation financière critique (les procès-verbaux attestant des comptes à zéro franc), ont été systématiquement ignorés. Aucun accompagnement, aucun projet structurant, aucune vision d’envergure n’a été présentée par la ministre depuis son entrée en fonction pour impulser le secteur de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation", soutiennent-ils.

Dans la foulée, ils dénoncent une lettre mystérieuse et une signature contestée.

"Alors que le FNRSIT arrivait à son troisième trimestre d’existence et procédait au recrutement de nouvelles unités appelées à être mécanisées, une démarche normale fut engagée pour l’ouverture de comptes bancaires auprès de SOFIBANQUE. C’est alors qu’un fait troublant survient : la banque oppose un refus, invoquant une lettre émanant prétendument du cabinet de la ministre, datée du 29 septembre 2025, ordonnant la suspension de toute ouverture de comptes. Saisi, le directeur de cabinet de la ministre, Monsieur Makindu, nie catégoriquement avoir signé cette correspondance, allant jusqu’à parler de falsification de signature. Face à la gravité des faits, la direction générale du FNRSIT saisit la justice", révèlent-ils.

Toujours selon les proches du comité suspendu, le 25 novembre dernier, auditionné par la police judiciaire, le directeur de cabinet a maintenu ses doutes quant à l’authenticité de la signature. Ils affirment que sa secrétaire a reconnu le numéro de la correspondance mais a contesté la paraphe et l’existence même du document dans les registres.

"Pourtant, deux jours plus tard, revirement spectaculaire : le directeur de cabinet affirme désormais que la lettre aurait été préparée sur instruction de la ministre et signée par lui, invoquant un défaut de souvenance lors de sa première audition.
Deux versions contradictoires, émanant d’un professeur d’université. De quoi s’interroger sur les pressions exercées et sur la crédibilité de la chaîne décisionnelle", disent-ils.

Par ailleurs, ils persistent et signent que cette suspension est sans droit.

"Le 28 novembre 2025, la ministre signe l’arrêté ministériel n°/139/MINESURSI/CAB.MIN/SASM/MMK/NKN/KLS/2025, portant suspension des membres provisoires de la direction générale du FNRSIT. Aucun membre n’a été entendu. Aucune réunion contradictoire n’a été organisée. Aucune enquête régulière n’a été diligentée. L’arrêté cite comme suspendu un directeur administratif et juridique, membre du comité de direction et non de la direction générale, révélant une confusion juridique manifeste. L’arrêté évoque une prétendue mauvaise gestion financière, alors même que la directrice des opérations financières, censée être la première concernée par toute suspicion en la matière, est promue directrice générale adjointe après la suspension. Une incohérence flagrante qui vide la motivation de l’arrêté de toute crédibilité", estiment-ils.

De leur côté, les membres de la direction générale suspendus rappellent que lors du conseil des ministres du 11 avril 2020, le président de la République avait décidé qu'aucun mandataire public ne peut être suspendu sans son approbation préalable ni information du gouvernement.

L’arrêté du 26 novembre 2025 n’a jamais reçu cette approbation, n’a jamais été présenté au Conseil des ministres et viole donc ouvertement une instruction présidentielle, s’exposant à la nullité pour excès de pouvoir", estiment les concernés.

Selon les proches dudit Comité, les conséquences de cette gestion autoritaire sont dramatiques.

"En suspendant l’ouverture des comptes des nouvelles unités, les agents se sont retrouvés sans moyens. Deux agents ont perdu la vie, faute de ressources pour assurer leurs soins médicaux. Un drame humain que, selon plusieurs témoignages internes, la ministre n’a jamais daigné évoquer, encore moins compatir.
La question devient alors inévitable : la vie des agents publics ne vaut-elle rien face à l’orgueil du pouvoir ?", s'interrogent-ils.

Ils concluent en précisant que gouverner ce n’est ni suspendre à tout-va, ni piétiner la loi, ni ignorer la souffrance humaine. Pour eux, gouverner, c’est servir. Ils se demandent par la même occasion, au FNRSIT comme dans tout le secteur de l’enseignement supérieur, au service de qui se trouve réellement cette gouvernance.

 

Jephté Kitsita