À la veille du jeudi 25 décembre 2025, jour marquant la naissance de Jésus-Christ, Monseigneur Fulgence Muteba, archevêque métropolitain de Lubumbashi et président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), a dressé un tableau sombre de l’exploitation des ressources naturelles de la République démocratique du Congo, qu’il considère comme profondément « injuste et déshumanisante ».
Dans son message, Monseigneur Fulgence Muteba s’est insurgé contre une vision réductrice de la RDC, perçue uniquement comme un réservoir de minerais stratégiques destinés à alimenter la transition énergétique mondiale, au détriment des populations locales. Pour le président de la CENCO, cette approche ignore une réalité essentielle de voir les congolais aspirer au développement.
« Il est absurde qu'on ne voit en RDC que des minerais à prendre, surtout des minerais qu'on appelle stratégiques, et c'est pour répondre aux besoins de la transition énergétique. Ces gens qui habitent ce territoire ont besoin de paix, de développement, de voir leur dignité respectée », a-t-il déclaré.
Le prélat catholique a également dénoncé la manière dont les décisions majeures concernant les ressources naturelles du pays sont prises, souvent sans consultation réelle des communautés locales.
« On prend des décisions loin de là où ils habitent, on prend des décisions sur eux et pour eux. Tous ces accords dont vous entendez parler sont en réalité des accords de fausses amitiés, des accords de coopérations déséquilibrées, des accords de coopération, de convoitise immodérée de nos ressources naturelles. », a-t-il remarqué.
Monseigneur Fulgence Muteba n’a pas hésité à employer des mots forts pour qualifier la situation actuelle, évoquant un profond déséquilibre géostratégique dont la RDC serait la principale victime. Pour l’archevêque de Lubumbashi, cette dynamique s’apparente à une nouvelle forme de domination.
« Personne ne se préoccupe réellement de notre peuple, de notre développement, malheureusement, certains d'entre nous y collaborent. Il y a comme on peut dire un déséquilibre géostratégique. Il s'agit en réalité d'une nouvelle forme de colonialisme ou plus précisément le colonialisme économique. », a-t-il martelé.
L’un des passages les plus alarmants de cette homélie concerne la durée des accords d’exploitation minière et leurs conséquences sur les générations futures. Monseigneur Fulgence Muteba s’est dit profondément choqué par l’idée de sacrifier l’avenir d’un peuple pour des intérêts politiques immédiats.
« Il est inimaginable de gager, ou de brader les minerais de toute une nation, pour sauver un régime ou un système politique. De toute évidence, cela revient à sacrifier le développement de la population et confisquer le bonheur des générations à venir. Êtes-vous au courant qu'on a signé l'accord de 99 ans d'exploitation ? Aussi, nous savons que les minerais ne sont pas éternels. Ce sont des ressources non renouvelables. Comment peut-on hypothéquer l'avenir d'une nation pour 99 ans ? », s'est-il interrogé.
L'archevêque métropolitain de Lubumbashi a exprimé sa crainte de voir la RDC devenir un nouveau théâtre de rivalités entre grandes puissances.
« J'ai bien peur qu'après la guerre froide de triste mémoire, que la République démocratique du Congo ne devienne le champ de bataille des puissances occidentales avec la Chine. Tous les indicateurs démontrent que nous allons vers là. Et qui vont en payer le prix ? C'est vous, sinon vos enfants, vos neveux, vos nièces. », a-t-il conclu.
Par cette homélie prononcée à la veille de Noël 2025, Monseigneur Fulgence Muteba a lancé un appel fort à la conscience nationale et internationale, exhortant à une gestion éthique, souveraine et humaine des ressources naturelles de la République démocratique du Congo.
Patient Lukusa, à Lubumbashi