30 juin : discours déterminant de Joseph Kabila !

Lundi 27 juin 2016 - 06:28

C’est devenu une coutume que le Président de la RDC s’adresse au peuple congolais,  le jour de la commémoration de l’indépendance du pays, conquise il y a 56 ans. Le discours que Joseph Kabila va prononcer, le jeudi 30 juin 2016, est très attendu pour plusieurs raisons. Le quinquennat, débuté en 2011, tire à sa fin. Formellement, cela  devrait être, sauf arrangement politique particulier, le dernier de la série. Le processus électoral étant bloqué, des orientations du Président de la République sont nécessaires pour remettre le cycle électoral dans le sens de la marche dans la bonne direction. Ses adversaires espèrent qu’il sera explicite sur son avenir politique à la tête de l’Etat.

En tournée dans l’ancienne province du Katanga, à l’étape de Kalemie, Joseph Kabila a fait la déclaration selon laquelle le processus électoral allait bientôt commencer avec l’enrôlement des électeurs. Il a aussi noté le fait que les élections seront organisées à tous les niveaux. C’est-à-dire, un cycle électoral complet. Réunis, dernièrement, à Lubumbashi, tous les Gouverneurs de Province ont adopté une motion de soutien au Président Kabila et ont réaffirmé l’idée d’un cycle électoral qui partirait de la base au sommet. La Majorité Présidentielle a émis dans la même direction. Si on examine le contenu du message du Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante, on peut se faire une idée précise de la trajectoire que le pouvoir veut imprimer au processus électoral. Corneille Nangaa, en effet, a décidé de créer un nouveau fichier électoral. Il n’est, donc, plus question de nettoyer le fichier de 2011, en le débarrassant de doublons, de morts et d’autres ordures. Il n’est plus seulement question d’inscrire les nouveaux majeurs et les Congolais de la diaspora. Pour mener à bien son opération de révision électorale, le Président de la CENI a besoin de 200 millions de dollars américains et d’environ 16 mois au minimum. Depuis novembre 2015, quand il a succédé à l’Abbé Apollinaire Malumalu, Corneille Nangaa s’est bien gardé de concevoir ou de rendre public,  un nouveau calendrier électoral. Le calendrier du 12 février 2015 n’a jamais connu un début d’exécution. Le Président de la CENI attendrait des options politiques devant résulter d’un dialogue entre forces politiques opposées. Il est possible que, dans les jours à venir, une requête soit introduite à la Cour Constitutionnelle pour solliciter une prorogation du délai constitutionnel. Corneille Nangaa avait, pendant qu’il effectuait un séjour de travail aux USA, en mars dernier, manifesté son intention de saisir la haute Cour pour une petite extension qui, disait-il,  n’était pas éternelle,  du calendrier électoral. Le 11 mai 2016, la Cour Constitutionnelle a donné son avis en interprétation de l’alinéa 2 de l’article 70 de la Constitution. On y apprend que le Président de la République restera en fonction jusqu’à l’installation effective de son successeur élu. Lorsque la Majorité Présidentielle fonde toute sa stratégie sur cet arrêt de la Cour, les opposants insistent sur l’alinéa 1er du même article qui stipule que le mandat du Président de la République est de 5 ans renouvelable une fois. Ils se sont réunis en Conclave, en début du mois de juin, à Genval, en Belgique, à l’invitation d’Etienne Tshisekedi, le leader de l’UDPS. Après deux jours des travaux, les opposants congolais ont exigé la mise en œuvre de la Résolution 2277 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Etienne Tshisekedi n’a d’yeux que pour le 19 décembre 2016, date théorique de la fin du second mandat de Joseph Kabila. L’Assemblée parlementaire ACP-Union Européenne, le 15 juin courant, a souligné que le Président de la République est tenu de démissionner,  le 20 décembre 2016. Le 23 juin dernier, trois grandes déclarations ont été enregistrées sur la RDC. Le Parlement européen a pris une position ferme contre le retard dans le processus électoral en RDC. Les USA ont mis en pratique la menace des sanctions ciblées contre des personnalités du régime. Le Conseil de Sécurité de l’ONU a adopté, à l’unanimité, la Résolution 2293 assortie des sanctions contre les fossoyeurs du processus démocratique en RDC. Toutes ces mesures, faut-il le dire, ont été rejetées par Kinshasa.

La Pros.