Les professionnels des médias oeuvrant en République démocratique du Congo sont déterminés à redonner à la presse congolaise ses lettres de noblesse. Elles l’ont clairement manifesté la semaine dernière lors d’une conférence de presse, animée par les ténors de la "Dynamique du 27 mai", un regroupement des organisations professionnelles (UNPC, JED, ANEAP, OMEC, ANECO, UCOFEM, FRPC, FMJC...) et d’institution régissant les médias locaux (CSAC).
Les tenants de cette plateforme, qui a vu le jour il y a deux ans à Kinshasa, ont jugé le moment propice pour marquer leur sortie officielle à travers cette conférence axée sur un thème déterminant : "Les voies et moyens de la viabilisation des médias congolais".
Lors de cette activité solennelle, les porte-étendards de la "Dynamique du 27 mai", se sont engagés à mettre leurs efforts ensemble pour assurer la viabilisation des médias locaux. Ils se sont résolus à militer "ensemble… pour des médias libres, indépendants et professionnels".
"LA DYNAMIQUE N’EST PAS UNE SUPER STRUCTURE"
Pour le Secrétaire général de l’ONG "Journaliste en danger" (JED), l’institution de cette Dynamique constitue "un moment inédit de la profession". "C’est, en fait, pour la première fois que toutes les organisations des professionnels de la presse oeuvrant en RDC s’unissent pour constituer une force afin de redonner à nos médias leurs lettres de noblesse", a indiqué Tshivis Tshivuadi, tout en soulignant que cette plateforme n’a pas vocation à être une super structure des médias, mais plutôt un cadre de concertation.
La "Dynamique du 27 mai" est née, selon lui, d’un constat selon lequel la presse congolaise traverse une crise sans précédent. "Si donc rien n’est fait pour relever ce défi, la profession journalistique risque de disparaître", a fait remarquer le Secrétaire général de JED.
LES ENTRAVES A SURMONTER
Aux dires de Tshivis Tshivuadi, les maux qui rongent la profession sont entre autres d’ordre sécuritaire. D’autres entraves qui sont relatives au cadre légal, à la viabilité économique des organes et entreprises de presse, et à la professionnalisation des journalistes, note-t-il.
Dès lors, estime le Secrétaire général de JED, le combat pour la démocratie et la liberté de la presse constitue aujourd’hui, pour la Dynamique, un cheval de bataille pour aider les médias congolais à jouer pleinement leur rôle de contre-pouvoir.
REVISION DE LA LOI SUR LA PRESSE
C’est dans cette optique que le président national de l’UNPC est intervenu pour faire connaître à l’opinion les quelques voies des sortie préconisées lors d’un récent séminaire-atelier que la "Dynamique du 27 mai" a organisé récemment à Kinshasa. Kasonga Tshilunde a notamment fait mention de la révision de la loi de 1996 qui régit encore la presse nationale.
Il a évoqué à cet effet les efforts fournis par la Dynamique pour proposer aux deux chambres du Parlement le projet de révision de cette loi, et les initiatives en cours pour stimuler les élus du peuple à examiner et adopter ce cadre juridique lors de la prochaine session parlementaire. Ce sera, selon lui, l’occasion d’insérer des dispositions relatives à la législation des radios communautaires et des médias en ligne.
ACCEDER AU REGIME DE FACILITE
Dans la panoplie des résolutions du séminaire-atelier de la "Dynamique du 27 mai", le président national de l’UNPC a aussi fait allusion aux initiatives que projette mener cette synergie des organisations de presse pour rencontrer, dans un proche avenir, le Premier ministre Matata Ponyo en vue d’obtenir de lui la signature d’un décret portant allégement des charges de télécommunication et des tarifs spéciaux de transport pour la presse.
D’après Kasonga Tshilunde, il s’agit notamment d’obternir, par le biais de l’Etat congolais, moyennant un abattement fiscal, une plaque d’immatriculation spéciale pour les entreprises et professionnels des médias, aussi bien lors du dédouannement que pour la circulation.
Le porte-étendard de l’UNPC a également brandi la proposition relative à la mise sur pied des magasins hors taxes pour la presse, destinés à commercialiser des intrants pour la fabrication des journaux et d’autres équipements pour la production audiovisuelle. Ne pourraient alors y accéder que des professionnels des médias en possession de la carte de presse reconnue au niveau national, a souligné Kasonga Tshilunde.
ACCOMPAGNER LES EFFORTS DE PLAIDOYER
Au nom de la Dynamique, le numéro un de l’UNPC s’est réjoui des encouragements et du soutien dont bénéficient les démarches amorcées de la part des certaines autorités gouvernementales. "Bien avant cette conférence de presse, le ministre Lambert Mende Omalanga de la Communication et Médias, a recu une délégation de notre équipe. Il a promis d’accompagner nos efforts et d’en faire part auprès du chef du Gouvernement avant même notre audience chez le Premier ministre", a soutenu Kasonga Tshilunde.
Déterminés à mener jusqu’au bout leurs actions de plaidoyer auprès des autorités compétentes, en l’occurrence le Premier ministre et les deux présidents du Parlement pour obtenir ce régime de facilité pour la presse congolaise, les membres de la "Dynamique du 27 mai", ont, par le biais du président de l’UNPC, invité les professionnels des médias à accompagner ces efforts pour obtenir gain de cause.
Yves KALIKAT et Mathy MUSAU