Affaire Katumbi : des faits très troublants

Vendredi 5 août 2016 - 12:08

Deux faits viennent de troubler le dossier judiciaire de  l’ancien gouverneur du Katanga. Il y a d’abord de la disparition de Mme Ramazani Wazuri, ci-devant juge présidente du Tribunal de Paix de Kamalondo à Lubumbashi, qui a fait parvenir dernièrement aux autorités congolaises une lettre dans laquelle elle se rétracte dans le jugement condamnant Moïse Katumbi à trois ans de servitude pénale et à l’inéligibilité. Comme si cela ne suffisait pas et avant que les
larmes de joie ou de colère ne sèchent, voilà que des agents de l’ordre judiciaire du même tribunal de paix disparaissent avec des documents importants, particulièrement tous les dossiers pénaux concernant le dit procès opposant l’ancien gouverneur à Alexandros Stoupis, au sujet d’un immeuble situé dans la commune de Kapemba.

Le Communiqué publié hier dans les médias par la Cour d’Appel de Lubumbashi, sous la signature du Greffier Principal Ildephonse Ngoy Tangiza Mata, qui dénonce ces faits, scandalise l’opinion pour plusieurs raisons. D’emblée, les observateurs ne comprennent pas
l’empressement avec lequel le Greffier Principal de la Cour d’Appel de Lubumbashi a réagi tout en prenant d’avance fait et cause pour l’une des parties à ce procès.

Or, selon des principes généraux de droit et de la procédure pénale, au regard de la gravité des faits, il appartient au parquet général de Lubumbashi de déclencher au préalable des enquêtes préliminaires pour connaître les tenants et aboutissants de cette affaire. Ce qui
permettrait aux enquêteurs de situer les responsabilités des uns et des autres. A ce jour, l’on ne connait pas le lieu où se trouve Mme Ramazani Wazuri. Est-elle morte ou en exil ? C’est le mystère.

Ensuite, où se trouveraient les dossiers pénaux du procès concernant Moïse Katumbi ? Telle serait la démarche normale que le Parquet Général près la Cour d’Appel de Lubumbashi aurait pu suivre au lieu de se prononcer sans éléments probants. En accusant Moïse Katumbi d’avoir mis en service un réseau pour faire disparaitre des juges, des agents du greffe et surtout des dossiers pénaux le concernant, sans avoir mené des enquêtes, la même Cour d’Appel est allés vite le soupçonnant « de promettre l’asile extérieur aux agents de l’ordre judiciaire en mal de positionnement ».

Aveu troublant de la Cour d’Appel
Un autre fait qui trouble les bonnes consciences n’est autre que la
reconnaissance de la lettre écrite par la juge présidente du Tribunal
de Paix de Lubumbashi dans laquelle elle dénonce l’absence de l’examen
du fond de cette affaire  opposant Moïse Katumbi contre Alexandros
Stoupis. Or, une autre autorité du gouvernement central l’avait taxée
de faux car adressée au ministre de la Justice au lieu du premier
président du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Une dépêche de la Radio Okapi captée hier dans la soirée à Kinshasa
indique que sept greffiers du Tribunal de Paix de Kamalondo  venaient
d’être arrêtés. Tard dans la nuit, trois d’entre eux avaient été
relâchés. On espère que les interrogatoires qui seront effectués vont
éclairer la religion des gens pour rétablir la vérité sur cette
affaire qui déchire la nation.
F.M.