ALORS QUE LA POPULATION ATTEND DES ACTES CONCRETS; Beni : Köbler accusé de se limiter aux discours

Jeudi 11 décembre 2014 - 07:56

Parlant dernièrement de la situation qui sévit dans le territoire de Beni, au Nord-Kivu, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC, Martin Kobler a déclaré ce qui suit : " Nous devons mettre fin à cette terreur ". Le patron de la Monusco a, une fois de plus, condamné les massacres qui demeurent le lot quotidien des habitants de cette partie de la RDC dans un message radiodiffusé. Le représentant du secrétaire général de l’ONU en RD Congo a notamment fustigé les massacres perpétrés contre des civils dans le territoire de Beni, indiquant qu’il comprenait la souffrance de la population victime des abus des ADF.

" Chers amis du Grand Nord je condamne fermement ces terroristes qui tuent vos familles et vos amis. Nous devons mettre fin à cette terreur. Je comprends votre souffrance. Je comprends votre colère. Je comprends aussi votre frustration. Mais, nous devons rester unis ". C’est en ces termes que le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en RDC a tenté de consoler les habitants du territoire de Beni, des victimes des massacres à répétition sous la barde des Casques bleus faisant partie de la brigade d’intervention. Mais, de l’avis de bon nombre d’observateurs, les différents discours ne paraissent toujours pas convaincants.

LES DISCOURS SEULS NE SUFFISENT PAS, ON ATTEND DES ACTES CONCRETS
A en croire la plupart des observateurs, les discours seuls ne suffisent pas. Il faut plutôt des actes concrets. Une manière d’inviter le patron de la Monusco à passer à l’acte plutôt que de faire des déclarations comme un politicien.
On comprend pourquoi la population de Beni s’en était prise une fois contre les Casques bleus qui donnaient l’impression de se livrer au tourisme au lieu de protéger les civils. Sinon, s’interroge-t-on à Beni, pourquoi avoir envoyé la brigade d’intervention au Nord-Kivu ? " Si la brigade de la Monusco avait réellement fait son travail, on ne parlerait plus aujourd’hui des rebelles des ADF dans la province du Nord-Kivu".
Ce qui voudrait dire qu’en lieu et place de discours, la population de Beni voudrait juger la Monusco aux actes, c’est-à-dire à travers le combat contre les ADF conjointement avec les Fardc. C’est là que le discours de Martin Kobler a peu de chances d’accrocher dans l’opinion. Surtout que le patron de la Monusco a déjà annoncé l’envoi de trois drones de surveillance à Beni.
La suite logique de cette option serait, soutiennent les observateurs, des résultats probants sur la fin du règne des massacres et non de simples bonnes intentions au moment où les civils congolais continuent à se faire tuer comme si de rien n’était. C’est la traque des ADF qui est attendue et non le reste.

MARTIN KOBLER SERA JUGE AUX ACTES ET NON AUX DISCOURS
Un simple sondage d’opinion suffirait pour démontrer à quel point ce n’est pas un simple discours qui est attendu de Martin Kobler, mais une action d’envergure contre les ADF, tranche-t-on dans les rangs des observateurs.
Mais, que font les FARDC pendant qu’on en demande trop à la Monusco ? Pour les observateurs, s’il est vrai que la première responsabilité revient aux militaires congolais pour défendre l’intégrité de leur territoire, il est aussi vrai que ce n’est pas par hasard qu’une bridage d’intervention de la Monusco a été déployée en RDC afin de protéger des civils. Les Casques bleus, conclut-on, doivent donc faire leur travail.
Surtout que la brigade de la Monusco, poursuit-on, a été équipée en conséquence. Ce n’est pas pour rien, ajoute-t-on, que Martin Kobler insiste sur une mission conjointe Monusco-Fardc. Sinon, à quoi servirait encore la Monusco ? La question reste posée. " Car, si la Monusco n’est pas en mesure de faire face à la situation, autant plier bagages ", tranchent les observateurs.
Ils reviennent encore sur des tenues de la garde républicaine retrouvées dans un fourgon de la mission onusienne comme pour dire que les Casques bleus jouent un rôle tout à fait bizarre dans l’insécurité qui sévit encore à l’Est de la RDC. Plus qu’une simple interpellation.

LE PATRON DE LA MONUSCO A DU PAIN SUR LA PLANCHE A BENI
Même lorsqu’il déclare que l’ennemi, ce n’est pas la Monusco, Martin Kobler demeure loin de convaincre tant que sa mission n’a pas relevé le défi des rebelles des ADF, laisse-t-on entendre.
Tout comme quand il condamne les agressions contre la Monusco, le plus important serait de mettre fin aux massacres contre les civils à Beni. " Si la Monusco n’est pas en mesure de relever le défi, qu’elle se retire pour laisser les Fardc accomplir leur devoir au lieu d’encombrer l’espace ", lance-t-on au Nord-Kivu.
Au regard de la vraie température de la situation à Beni, il revient à la Monusco de se montrer à la hauteur. Kobler a donc du pain sur la planche. M. M.