Attention… ne rêvez pas… Kabila est un calculateur froid !

Vendredi 22 juillet 2016 - 15:15
Par trois fois, Kabila est passé au-dessus de la barre de bonne sortie et s’est refait à chaque fois une nouvelle santé politique. Dès son accession au pouvoir, le jeune Président a été soumis à un apprentissage accéléré pour sa mise à niveau comme homme d’Etat confronté à la difficile gouvernance d’un grand pays en conflit armé interne combiné à une agression ouverte de deux de ses pays voisins. Ensuite il a été mis à la rude épreuve lors de négociations de Sun City, au cours desquelles il s’est forgé une maturité politique en s’émancipant  de ses parrains Kabilistes, au motif que  ces derniers, dans leur calcul machiavélique, voulaient davantage laisser pourrir la situation politique et sécuritaire du pays en plein délitement et décomposition. Enfin, il a connu  la difficile épreuve de gestion  de la transition 1+4 de 2003 jusqu’à 2006,  moment où il a pris son envol pour s’affirmer comme candidat indépendant par rapport à sa majorité politique lors de deux élections présidentielles de 2006 et 2011. A ces trois épreuves à l’issue desquelles le Président Kabila a toujours évité de se laisser prendre de court par les événements incontrôlés, souvent contre l’avis de sa propre majorité politique, s’ajoutent trois autres plus stratégiques que politiques , car le Président Kabila se refuse toujours d’engager toute voie suicidaire pouvant conduire à la violence populaire. Même aujourd’hui, il peut encore surprendre sa majorité encline à un forcing soit pour un glissement de son deuxième mandat, soit pour un coup d’Etat institutionnel ou militaire. Le jeune Kabila qui avait accédé au Pouvoir en 2002 n’était pas Chef d’Etat-major Général des Forces Armées de la RDC, mais un Chef d’Etat-major des forces terrestres, sorti d’un front militaire en perte à Pweto. Personne ne lui accordait le plus petit temps de grâce. Il n’était pas non plus actif ou visible dans le sillage politique du Président Laurent Désiré Kabila. Dès son entrée en fonction, il est livré au pouvoir un peu comme par une force d’ aspiration devant un  grand vide politique que laisse le Président Laurent Désiré Kabila. Il prend petit à petit la mesure de la lourde responsabilité qui pèse sur lui et il est bercé entre l’abandon et son maintien au poste, surtout que parmi de nombreux camarades de lutte de Laurent Désiré Kabila, il ne bénéficiait ni d’estime, ni de sympathie particulière. Il ne comptait  que sur une poignée de Kabilistes convaincus qui lui accordait soutien et encadrement politique, pour faire asseoir son pouvoir et assurer le bénéfice de sa survie politique. Il doit mettre en place des structures politiques dans un environnement qu’il connaissait à peine et trouver des acteurs politiques et sociaux, dont la loyauté devait se bâtir sur base de confiance mutuelle et de partage des risques. L’AFDL et le CPP enterrés La première tentative d’organisation politique se fait avec la création du PPRD qui prend le contre-pied de l’AFDL et du mouvement populiste CPP ayant dominé la scène politique pendant la durée du régime Laurent Kabila. Le nouveau Président se donne l’avantage d’encourager l’entrée en politique de nombreux cadres universitaires et des entrepreneurs du secteur public et privé. A la sortie officielle du PPRD, il est remarqué que les membres de son Bureau Politique et du Conseil National se connaissaient à peine, mais tout au moins des noms remarquables s’affichaient et la haute classe de nouveaux hommes politiques était de mise. C’est ainsi que le Président Kabila forge une nouvelle élite politique aux allures petites-bourgeoises contrastant étrangement avec les révolutionnaires kabilistes d’avant. Il faut se dire que le Président Kabila s’est même tapé froidement le culot d’écarter les bonzes de l’époque Laurent Kabila et de s’afficher dans sa nouvelle posture d’un Chef d’Etat qui ne doit rien aux anciens Kabilistes. C’est ici le lieu de signaler que le Président Kabila n’a pas rêvé pour imposer sa propre ligne politique et n’a épargné personne de l’entourage de Laurent Désiré Kabila pour consolider son pouvoir. Ce qui a prévalu hier peut toujours se reproduire aujourd’hui, lorsque son pouvoir se trouve menacé par ses proches qui ne comprennent et ne lisent pas les signes de temps. Ou encore mieux, lorsque ces derniers se bernent de l’idée de forcer le Président Kabila à procéder à un coup d’Etat institutionnel contre une démocratie qu’il a lui-même bâtie en faveur d’un peuple souverain dans un Etat de droit. A cette même époque, du côté de l’opposition au régime de Laurent Désiré Kabila, il se dessinait une alliance entre les deux grands mouvements insurrectionnels, dont le RCD dans ses fractions émiettées au Grand Kivu et à  l’Ituri-Uele, au Nord Katanga et le MLC à la Tshopo et dans presque toute la Province de l’Equateur et une grande partie au Sud de la Province de Bandundu en jonction avec certains territoires du  Kasaï Occidental, ainsi que quelques zones excentriques du Kasaï Oriental (Sankuru et Kabinda), avec de nombreux regroupements politiques de l’opposition politique non armée, principalement l’UDPS et le PALU et bien d’autres. Le régime 1+4 Devant cette impasse politique, il ne lui restait que l’option d’une négociation avec l’opposition armée et non armée comme seule voie de sortie et le nouveau Président s’est engagé dans cette voie pour obtenir l’Accord de Sun City avec l’aide de la communauté internationale. Personne encore ne pouvait lui donner la chance d’y aboutir, mais il s’y est donné jusqu’à accepter de partager le pouvoir avec ses protagonistes pendant une période de transition qui a duré près de trois ans. De nombreux tenants du pouvoir gouvernemental de l’époque se sont sentis perdus, mais lui a gagné une bonne rallonge politique. Cette deuxième grande épreuve politique, où le Président Kabila commence avec la gestion de la Transition quadripartite de quatre Vice-présidents s’est avérée encore plus rude et la cohabitation était l’exercice le plus laborieux pour quelqu’un issu de la discipline militaire où l’ordre de commandement est hiérarchisé. Même dans cette nouvelle épreuve, personne ne lui donnait la chance de s’en sortir. Mais, il s’en est quand même tiré avec quelques écueils d’impuissance à la suite du jeu d’influence entre les grands leaders et d’énormes gaspillages  dans la gestion de la chose publique, ainsi qu’une faible cohésion nationale tant au niveau social que politique. Nouvelles alliances sous-régionales La troisième épreuve se situait au niveau régional, où il devait gagner la paix avec ses anciens agresseurs, tous deux grands alliés de pays occidentaux. Il a déployé une stratégie d’élargissement de l’ancien espace régional des Grands Lacs à trois pays pour celui de onze pays membres de la Région des Grands Lacs. Il y aura donc dans cette nouvelle organisation sous-régional, de nouvelles entrée à la mesure des enjeux, où l’on trouve  deux anciens pays agresseurs (Ouganda et Rwanda), auxquels vont s’ajouter les neuf autres pays de l’Afrique Centrale, dont deux pays de l’Afrique de l’Est (Burundi, Kenya), trois pays à l’Ouest (Congo-Brazza, Angola, RDCongo) et deux pays au Nord (RCA, Sud-Soudan). A l’issue de ces négociations sera signé et ratifié par tous les pays membres le Pacte sur la Paix, la Sécurité, la Stabilité et le Développement dans les Pays de Grands Lacs en 2004. Ce pacte sous l’accompagnement de Puissances occidentales lui a permis de se tirer de la mauvaise passe d’isolement ou d’étranglement par ses deux voisins mordants de l’Est. C’est un des merveilleux et efficaces instruments, dont va se servir le Président Kabila avec l’accompagnement de la Communauté internationale pour rétablir un rapport de forces au niveau régional, où les deux voisins gênants se trouvaient contraints de ne plus soutenir les rebelles à l’Est du Pays et en retour intensifier la lutte contre les FDRL et les groupes armés à l’Est du Pays. Candidat indépendant en 2006 et 2011 Le Président Kabila en tire grand profit aussi bien pour une sécurisation améliorée dans les frontières à l’Est et une réduction sensible de l’ampleur des actes de groupes armés. Après ces trois épreuves politiques, il a été soumis à trois autres épreuves stratégiques, où il prenait seul le risque de s’engager aux nouveaux grands défis politiques sans compter nécessairement sur sa majorité frileuse et pétrie d’insuffisance politique. D’abord, lors de la première campagne de l’élection présidentielle de 2006, au cours de laquelle le Président Joseph Kabila, candidat à sa propre succession, s’est présenté comme candidat indépendant à la grande déception de sa majorité. Et cela lui a permis de se désenclaver de son enfermement politique et de se libérer du carcan gênant d’une majorité mal aimée par la population. C’est dans ce contexte d’apaisement au niveau national et régional que s’engage la première compétition démocratique au pays depuis près de 40 ans , à l’issue de laquelle il gagne des élections au second tour avec une alliance périlleuse tissée sur fond de surenchères, dont le Palu se taille une place respectable en gagnant la primature et les quelques personnalités de nouveaux partis politiques issus de l’opposition armée comme MLC-KLM,  PDC et certains partis politiques soutenus par le Pouvoir tels que PPRD, MSR, l’UNAFEC, l’UNADEF. Cette stratégie lui a permis de se faire une nouvelle peau politique et se présenter sous un nouveau profil d’ouverture politique et d’unificateur de la Nation. C’est dans ce nouveau registre que le Président Kabila va s’engager pour la pacification du Pays surtout à l’Est. Le premier quinquennat du Président Kabila sera marqué par  la poursuite de ces manœuvres diplomatiques et de nouvelles initiatives de pacification de l’Est du pays, dont les résultats ont permis au pays de se consacrer aux travaux de reconstruction. L’embellie économique, grâce à la relance de la production minière et à la montée des prix de minerais, ainsi qu’à la redynamisation du Commerce extérieur vers  l’Est va lui donner une envergure d’homme politique engagé à la reconstruction du nouveau Congo. Il s’en est pris avec détermination, bien que ses principaux lieutenants politiques, y compris les membres de sa propre famille biologique n’avaient pas le cœur à l’œuvre de la reconstruction mais s’activaient plutôt à gagner de jouteuses cagnottes dans les marchés publics et saignaient les entreprises publiques au point de les mettre toutes chaos. Et c’est peut-être là le plus grand obstacle à l’entreprise du Président Kabila durant son premier mandat, lequel se poursuivra même avec ampleur durant son deuxième mandat. Le Président Kabila s’est montré trop flexible durant son premier mandat, ce qui ne lui a pas permis de gérer l’Etat dans les normes d’une gouvernance proprement démocratique et technocratique. Mais il a eu le grand avantage de ne pas trop bousculer  l’échiquier politique encore fragile et soumis aux compromis permanents. Toute sa stratégie consistait à arborer le bâton  et la carotte. Et cela lui a réussi avec quelques désagréments pour le choix du personnel politique et pour opérer des bons placements au niveau de postes de haute responsabilité  d’Etat. Mais au total, la législature de 2006-2011 n’a pas connu de soubresauts en dehors de mouvements M23 et les FDRL sur le plan sécuritaire. Il y a eu également une relance remarquée de la croissance économique, bien que mal repartie et une certaine reprise de la cohésion nationale et de libéralisation politique, bien que sans grands effets sur le bien-être de la population. Cet exercice équilibriste a permis au Président Kabila de s’engager dans un nouveau programme de grandes infrastructures vers la fin de son premier mandat pour se projeter dans ce qu’il appelait la révolution de la modernité, mais laquelle s’est arrêtée malheureusement  net à cause du mauvais choix de  managers des contrats, du manque de supports dans le transfert de technologies par les partenaires et de l’impondérance de l’économie mondiale. La principale difficulté pour le Président Kabila est celle de la maîtrise du champ de manœuvre politique, lequel est resté précaire. Il n’a pas eu au cours de ce mandat totalement le contrôle de l’appareil de l’Etat, ses institutions  et les entreprises publiques, car cela lui faisait encore défaut à cause du marchandage partisan et clientéliste des acteurs politiques. La preuve la plus patente est la longue durée de certains mandataires publics, à laquelle se greffent, l’incompétence et la corruption lors de signatures des contrats du marché public et le caractère paroissial de positionnement politique. Malgré ces imperfections dans la gestion de sa mandature, le Président Joseph Kabila a encore osé se présenter à une nouvelle compétition pour l’élection présidentielle de 2011 sous le label du candidat indépendant de sa majorité politique. Si la démarche  lui a valu une victoire pénible, mais il n’a pas procédé à un passage en force, bien qu’on lui a reproché l’introduction d’un scrutin unique pour l’élection présidentielle. Encore qu’il se trouvait entre le marteau et l’enclume, car les partenaires occidentaux ne voulaient pas contribuer au financement du budget de l’élection 2011 et que ne pas les organiser lui aurait été suicidaire. Malgré la difficile campagne engagée contre tous les grands opposants autour du  candidat  Etienne Tshisekedi, encore une fois, le Président Kabila va gagner l’élection présidentielle grâce aux nouvelles alliances politiques orientées de nouveau vers les partis politiques de l’espace-Est, étant donné que PALU, son principal Allié en 2006, n’a pas fait bon score au niveau provincial et national. Ainsi, des nouveaux partis politiques de la majorité se sont manifestés sur la scène politique et cela lui a permis de former un gouvernement plus détaché de l’ancienne majorité politique. Du coup, surtout après la triste disparition de l’Ambassadeur Katumba en 2012 et l’éloignement de Marcelin Tshisambo devenu gouverneur, de Nkulu et de Kikaya nommés ambassadeurs, ainsi qu’avec l’effacement de certaines personnalités jadis influentes élus députés comme Boshab et Lumanu, le Président Kabila se retrouve avec une plus grande marge de manœuvre  pour changer le décor de son  entourage proche et surtout pour recomposer les forces politiques de sa nouvelle Majorité. De nombreux membres influents de l’ancienne Majorité se sont retrouvés totalement  déboutés au profit de tenants d’une nouvelle dynamique politique composée essentiellement des technocrates comme l’actuel premier Ministre Matata, le Vice- Premier Ministre Mukoko, le Ministre de la Justice, Luzolo celui de Travaux Publics, Fredolin Kashuisi, celui de Transport Justin Kalumba, la Ministre du Portefeuille Louise Munga, le Vice-Ministre en charge des Finances, Patrice Kitebi. A ces Technocrates, il a joint quelques acteurs politiques, dont les partis ont fait bon score, notamment ceux du PPRD, de l’AFDC, de MSR, l’UNAFEC, de  l’UNADEF, de l’ARC et de PDC, ainsi que certaines personnalités comme Mende de CDA, Kin-Kie de Kabila-Désir. Sur la scène politique, la principale stratégie du Président Kabila consiste à ne pas trop effaroucher l’opposition et surtout à ne pas trop lui accorder une grande importance dans l’opinion, à  tempérer le zèle de la majorité surtout dans leurs prises de position  publiques et  à leur imposer une discipline de réserve sur les questions relevant des matières de souveraineté. La mandature de 2011-2016 lui a valu trois années consécutives de bonne croissance, mais aussi la manifestation d’un record d’enrichissement illicite  des dirigeants gouvernementaux, ceux de services publics et d’entreprises d’Etat pourtant devenues commerciales, ainsi que la multiplication des réseaux de blanchiment d’argent venus de l’Asie et d’importants transferts d’argent vers les paradis fiscaux. Ceci n’a pas permis au Président Kabila de se placer au-dessus de soupçons dans cette nébuleuse et embarrassante truffe, dans laquelle se retrouvent ses plus proches collaborateurs et ses membres de famille. Bien triste ! Mais même là, il n’y a aucune preuve qui l’accable personnellement. Dieu merci pour lui. La majorité face à la dissidence A la troisième année de son dernier mandat surgit le grand débat sur la reconduction de son mandat jugée contraire à l’article 70 de la Constitution. La première tentative pour désamorcer la tension politique commence avec la convocation des Concertations Nationales, où il tente de se trouver de nouveau alliés du côté de l’opposition. Mais la démarche est mal engagée et la récupération s’est faite trop manifeste par le Camp de la nouvelle opposition républicaine. Ses alliés de la majorité boudent et ils ouvrent une ligne de soft rupture, surtout après la formation d’un nouveau gouvernement, dont le camp de l’opposition républicaine se tape la part de lion suivie du juteux placement en faveur d’une nouvelle fraction de MLC. Le débat sur la non-reconduction du deuxième mandat ressurgit et cette fois sous ce prétexte, la majorité éclate avec le départ de Partis politiques du groupe G7, lequel fait jonction avec Moise Katumbi  ainsi que son frère Katebe Katoto. Si ce départ n’avait pas eu grand impact sur la scène politique avant la rencontre de Genval à Bruxelles autour d’Etienne Tshisekedi, il prend aujourd’hui une tournure fort dangereuse, au motif que ce nouveau Rassemblement politique de l’opposition tend un piège à Kabila au cas où il n’y aurait pas élection présidentielle en 2016. La plus grande bêtise politique de la majorité est celle d’avoir voulu résoudre une question éminemment politique par un arrêt de la Cour constitutionnelle, lequel ne pouvait qu’envenimer la situation politique. D’abord parce que l’article 70 ne pose pas problème et n’appelle aucune interprétation comme cela si bien été souligné dans l’arrêt Rconst 262 de la Cour constitutionnelle, ensuite parce que le Président Kabila avait déjà amorti le choc en donnant les signes de la non-reconduction de son mandat en 2016. La majorité a cru vouloir bien faire, mais elle a doublement gaffé : premièrement puisqu’elle a gravement réduit la marge de manœuvre du Président Kabila pour de futures négociations politiques avec l’Opposition, lors d’un éventuel dialogue national et deuxièmement puisqu’elle s’est retrouvée ridicule par le fait que l’Arrêt Rconst 262 de la Cour constitutionnelle ne lui a pas du tout donné raison dans  sa requête et lui a signifié que l’article 70  n’appelait aucune autre interprétation que celle contenue dans la Constitution. Ensuite, la thèse de continuité de l’Etat soutenue dans cette requête n’est pas seulement indéfendable sur le plan scientifique, mais aussi inimaginable sur le plan politique et dans un système démocratique. Puisqu’elle ouvrirait  la voie sur ce qui a été fait pendant toute la dictature de Mobutu, c’est-à-dire les élections-bidons ou les reports indéterminés de délais pour la tenue des élections. Pas de «glissement» pour les députés et sénateurs Le seul fait intéressant pour la majorité dans cette requête est celui ayant à l’avantage des députés reconnu qu’ils restent en fonction jusqu’à l’installation des deux chambres du Parlement. Mais même là, une institution collective comme le Parlement est bien différente dans son fonctionnement de l’Institution individuelle. Les Membres d’une institution collective comme les deux chambres législatives entrent en fonction lorsque la plénière aura validé leurs mandats comme des élus, après bien sûr les résultats définitifs des élections législatives ou provinciales et la résolution des contentieux électoraux. Ainsi donc, la prochaine législature commence avec les nouveaux élus et qu’il est impensable politiquement et inadmissible pour le peuple souverain qu’en mars 2017, ceux de députés du mandat 2011-2016 qui n’auraient pas été  réélus soit par échec ou par la non tenue des élections ne peuvent aucunement franchir le Palais du Peuple pour la prochaine législature 2016-2021. Pensez autrement c’est ne pas avoir les deux pieds sur terre. Cela ne veut donc pas dire que les Députés et Sénateurs non élus après leur mandat de cinq ans peuvent ouvrir une nouvelle législature sans avoir reçu nouveau mandat électif de la part dde souverain Cette requête était même inopportune dans la mesure où il ne restait plus à l’évidence que le débat sur le calendrier électoral, dont l’arrêt Rconst 0089 de la Cour constitutionnelle avait déjà indiqué les responsables au cas où il n’y aurait pas élection présidentielle dans les délais constitutionnels. Il s’agit bien du Gouvernement sous la conduite du Premier Ministre et de la CENI dont l’arrêt avait enjoint à l’un de donner les moyens pour la tenue des élections et à l’autre d’organiser les élections dans les délais constitutionnels. Et c’est ici encore l’occasion de prévenir les uns et les autres que l’opposition prévoit deux stratégies majeures : celle d’évoquer l’article 165, au cas où le scrutin ne serait pas convoqué par la CENI 90 jours avant l’expiration du mandat du Président actuel et celle d’organiser manifestations massives et continues au cas où il n’y aurait pas tenue de l’élection présidentielle en novembre 2016. L’objectif poursuivi par l’opposition est de créer des émeutes populaires, dont le Président porterait la responsabilité de massacres et se retrouverait cueilli par la CPI pour retrouver son ancien protagoniste et envisager ainsi tranquillement une nouvelle transition sans les deux. Devant un schéma aussi clair que limpide,  peut-on penser que ce qui est évitable et honorable pour le Président Kabila peut laisser place dans sa tête à un tel schéma ? Je pense qu’il y pense sérieusement et comme il proclame déjà qu’il ne sera pas candidat pour un troisième mandat, peut-il laisser sa peau pour protéger qui et pour sauver qui, sinon que lui-même. Les agendas cachés et les rêves A cette seule présomption, on peut parier que le Président Kabila ne peut se permettre de  rêver comme la Majorité et l’Opposition le croient. Il risque de les surprendre. Imaginons parmi ses multiples stratégies, celle qui consisterait à prendre la Majorité de court en désignant un candidat à sa succession autre que les prétendants actuels ou celle qui court-circuiterait l’opposition en déclenchant le processus électoral dans les délais constitutionnels avec le fichier aménagé de 2011, lequel serait complété par les nouveaux inscrits avec toute carte physique (carte de service, carte d’étudiant, carte civile) et non électronique. La majorité serait en pleurs surtout les prétendants actuels et l’opposition en débandade surtout les deux grands rêveurs de la République. En ce qui concerne les derniers grands rêveurs, il y a lieu de se poser deux questions. La première est celle de savoir si on peut penser que la population congolaise, dont près de 60% est constituée de jeunes entre 18 à 35 ans a vraiment de grands souvenirs du Sphinx de Limete qui a livré de  grandes batailles contre l’une des plus féroces dictatures d’Afrique. La seconde est celle d’imager que Etienne Tshisekedi qui a passé une grande partie de toute sa vie dans l’opposition rude puisse laisser un pur produit de JUFERI de Kyungu des années 90 et un défroqué du kabilisme d’affaires prendre sa place à la tête de l’opposition et le porter gracieusement au pouvoir. A ces deux questions, on peut donner une seule réponse et c’est la suivante : c’est vous qui rêvez et ce n’est pas Kabila qui rêve. N’en déplaise aux chanteurs de la « continuité de l’Etat », car Mobutu avait aussi ses chanteurs de « Lokuta monene » et moins encore aux aspirants au « coup d’Etat de la rue ». Attention ! Si l’Opposition  rêve avec ses candidats brancards et improvisés à la logique marchande et maffieuse, le Président Kabila ne rêve pas et il est un calculateur froid ! Quand on refuse le dialogue national, il faut avoir une deuxième carte réfléchie et acceptable par le peuple et par la communauté internationale, car le Président Kabila ne se fera jamais hara-kiri avec le bilan modérément coiffé de son mandat. Le Président  Kabila  a bien un regard rétroviseur sur la fin des mandats de Présidents Joseph Kasavubu, Joseph Désiré Mobutu et Laurent Désiré Kabila. Sûrement il ne se fera pas un troisième Joseph liquidé et un troisième Président non désiré dans l’histoire du Congo. Penser à s’octroyer une légitimité hors vote démocratique et hors dialogue national est une option fort hasardeuse comme celle de croire qu’on arrivera au pouvoir par voie de troubles des rues à travers le pays ou celle de l’incarcération du Président Kabila en faute à la CPI. Cela s’appelle  vendre la peau du loup avant sa mort. Car, si Kabila se rebiffe et se retrouve Président du Sénat, on fait quoi ? Il gagne encore et encore ! Ayons à l’esprit que le Président Kabila est constitutionnellement Sénateur, bradé d’une immunité à vie, sauf pour des cas d’infractions de droit commun confirmés par la Cour constitutionnelle. Et s’il s’organisait pour passer Président du Sénat, il est la seconde personnalité institutionnelle de la RDC. Que la Majorité et l’Opposition le sachent et se le disent ! Jean Marie Kashama Nkoy (C.P.)