Le bilan définitif du dernier carnage des ADF, mardi dernier dans la région de Beni, est de 11 morts et non 9 comme précédemment annoncé, plusieurs blessés, 67 maisons incendiées, des biens emportés. Massacre signé ADF, donc perpétré par les hommes du chef islamiste Jamil Mukulu, écroué en Ouganda.
A la coordination de la Société civile de Beni, on sent la rage à mille lieues contre le sinistre Jamil Mukulu. Son bilan macabre approche déjà les 600 morts tués à la machette et à la hache.
C’est pourquoi, après avoir tenté en vain un plaidoyer pour obtenir à tout prix le transfèrement de Jamil Mukulu vers la RDC où il a massacré plus qu’en Ouganda, la Société civile de Beni a changé de stratégie.
Elle va se constituer partie civile au procès en Ouganda et va exiger des réparations conséquentes pour divers dommages subis par les populations du Nord-Kivu dans le secteur de Beni. Depuis hier, la Société civile est en train d’étoffer son dossier judicaire avec des faits documentés contre Jamil Mukulu.
Elle a, à cet effet, lancé un appel à toutes les familles de victimes de passer au siège avec des éléments à couler dan la requête. La Société civile a déjà identifié les familles de 800 personnes kidnappée par lesquelles 200 avaient été libérées lors de la traque des Fardc et de la Monusco contre le bastion ADF à Kamango, au pied du mont Ruwenzori.
DEDOMMAGEMENT SALE A LA MESURE DU PREJUDICE
Elle a documenté aussi les identités de 600 personnes tuées à la hache et à la machette par les islamistes de Jamil Mukulu des ADF. La facture, c’est-à-dire le dédommagement, sera salée à la mesure du préjudice subi qui n’a pas de prix, car c’est le sang des Congolais qui est versé gratuitement par ces criminels de guerre de Jamil Mukulu.
Il aura du pain sur la planche. Car, là on lui oppose des faits indiscutables, avec des preuves inattaquables, ce qui manque souvent dans la plupart des procès comme à la CPI. Pour Jamil Mikulu, l’idéal aurait été qu’il soit jugé en RDC où il a commis des atrocités innommables.
On a rarement vu cela, sauf peut être avec le sinistre Joseph Kony de la LRA, autre Ougandais d’une cruauté qui n’est pas de ce temps. Il est recherché par les USA qui offrent une récompense de 5 millions Usd pour toute information pouvant conduire à sa capture.
Ses hommes opèrent encore dans les Uélé où ils ne sont pas encore éradiqués. Mukulu et son ADF sont de l’acabit de la LRA. Ils ont, du reste, commencé au cours de la même période vers la fin 80. Ce sont les services secrets du puissant Mobutu, Président du Zaïre, qui était chargé du recrutement des miliciens de l’ADF/NALU à Beni pour réduire l’influence de Museveni dans la région des Grands lacs.
Mais, le projet a été annulé. Toutefois, vers les premières années, ils ont revendiqué des explosions de bombes à travers l’Ouganda. Aucune commune mesure avec le martyre qu’ils infligent à ce jour aux populations de Beni.
Puis après, plus rien. Ils sont alors revenus en RDC pour s’installer dans cette région de Mutwanga, sur les falaises inaccessibles du mont Ruwenzorj, plus de 7.000 mètres d’altitude. C’est là où ils ont érigé leur quartier général. Jusqu’au départ de Mobutu Sese Seko.
De là, ils n’ont mené aucune opération sur le territoire ougandais. Par la suite, les ADF qui exploitaient illégalement les minerais de cette région de Mutwanga se sont spécialisés dans des kidnappings des Congolais qu’ils utilisaient comme esclaves dans des mines.
ARMEMENT SOPHISTIQUE
Ils ont un armement sophistiqué. C’est la toute la question. Eux qui sont coincés aux confins du Ruwenzori, comment ont-ils fait pour se ravitailler dan ces types d’armes. On a vu lorsque les Fardc et la Monusco ont investi leur sanctuaire de Kamango, ils disposaient de toute la gamme d’armes lourdes.
Des mortiers sans recul de 120 mm et de 60 mm pouvant couvrir une portée de 20km, c’est-à-dire frapper au-delà de Beni. On a vu aussi la mitrailleuse lourde, le puissant 12.7 motorisé que ne possèdent que des armées nationales et dont les munitions percent le char.
Aussi curieux que cela puisse paraître, c’est exactement le même armement lourd qu’on avait vu entre les mains du défunt M23 et aussi les Hutu rwandais des FDLR. C’est que le fournisseur est le même.
L’Ouganda et le Rwanda sont dans le viseur. C’est tout de même bizarre que ces groupes disposent des armes sophistiquées que ne peuvent commander que des armées nationales. Le M23, les ADF et les FDLR ont visiblement travaillé pour une même cause : rendre le Nord-Kivu ingouvernable. C’est ce qui se passe à ce jour avec ces tueries inexplicables commises par les ADF à Beni. A première vue, leurs actions semblent incompréhensibles. Mais, quand on fait une analyse en profondeur, on perce le pot-aux- roses. KANDOLO M.