Campagne électorale déséquilibrée : candidats et médias dans le viseur du Csac

Vendredi 4 septembre 2015 - 12:00

Les patrons de presse qui participent aux élections doivent éviter de s’accorder plus de temps d’antenne dans leurs médias, contrairement à leurs adversaires politiques, au risque de tombera sous les sanctions de suspension, disqualification, embargo…

Les candidats aux prochaines élections en République démocratique du Congo ainsi que les patrons des médias sont tenus à l’œil par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (Csac).

Les candidats qui ne respecteront pas les règles du jeu seront sévèrement frappés, de même que les patrons des médias qui ne traiteront pas sur un même pied d’égalité les différents prétendants par rapport au temps d’antenne pendant la période légale de la campagne électorale.

C’est ce qui ressort de l’atelier d’information organisé du 2 au 3 septembre 2015 au Cepas, sur la Directive relative à la campagne électorale à travers les médias.

Plus de 100 participants qui ont pris part à cet atelier sont pour une impartialité totale dans tous les médias durant cette période délicate de campagne électorale fixée par le calendrier global de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

Mais une inquiétude risque de faire obstacle à cette disposition, ont-ils constaté. Il s’agit des pesanteurs politiques aussi bien au niveau de la chaîne publique que dans les médias privés.

Pour les participants, la télévision nationale est inféodée au gouvernement central. Donc, même s’il y a des dérapages, le Csac n’aura pas de pouvoir de la frapper.

La stratégie est donc de contourner cet obstacle de manière à permettre l’organe d’autorégulation de la sanctionner, en cas de fautes commises. Pour ce faire, par exemple, il lui faut une véritable indépendance d’esprit et financière.

D’ailleurs, plusieurs participants ont souhaité la disparition du ministère des Médias pour être remplacé par le Csac, comme cela est le cas dans plusieurs pays de vieille démocratie dont la France, pour qu’il étende considérablement sa parcelle de pouvoir.

Quant aux médias, leurs responsables sont, pour la plupart, des acteurs politiques. Ce qui porte une sérieuse entrave au respect de l’éthique et de la déontologie, car le journaliste a du mal à observer le principe de l’objectivité dans le traitement de l’information.

Par exemple, lorsqu’il est lui-même candidat, il risque de s’accorder plus de temps d’antenne dans son média, contrairement à ses adversaires politiques. Dans ce cas, il tombera sous la sanction du Csac : embargo, suspension, disqualification…

Un cadre permanent de concertation entre la Ceni, le Csac ainsi que les responsables des médias a été proposé en vue de sensibiliser les patrons de presse qui ignorent cette disposition.

Pour rappel, les médias privés ne peuvent exercer en tant qu’outil de campagne électorale que s’ils sont autorisés par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication.

Pour ceux qui n’ont pas de moyens de battre campagne, il a été demandé à l’Etat d’octroyer des subventions aux médias pour recevoir tout le monde, et de manière équitable.

Comme il y a également des élections à l’intérieur de la République démocratique du Congo (RDC), les participants ont suggéré au Csac d’être présent dans les coins et recoins du pays en vue de contrôler, quadriller et cerner l’ensemble du territoire national. Mais cela exige d’énormes moyens.

Aussi, la loi interdit formellement l’utilisation des bâtiments publics, voire des véhicules de l’Etat, à des fins propagandistes.

Les candidats qui utilisent des mineurs pendant la campagne courent de lourdes sanctions. Des émissions à téléphone ouvert sont interdites pendant cette période, de même que la campagne en dehors des programmes électoraux télévisés.

Les vedettes telles que Werrason, Fally Ipupa, Mgr Monsengwo, l’entraîneur Florent Ibenge… sont interdits de donner leurs préférences, car ils sont des patrimoines nationaux.

Il faut noter que cet atelier clôturé hier a été organisé dans le cadre de la responsabilité et la mission du Csac relative à la transformation des médias en véritables outils de paix et une garantie supplémentaire pour des élections crédibles, en vue de renforcer la démocratie. Car la presse doit contribuer à la promotion de la bonne gouvernance.

Le journaliste doit se comporter en bon citoyen durant la période de campagne électorale, a souhaité le représentant de Konrad Adenauer, et respecter la vérité pour fournir une information honnête. Une fausse information doit être immédiatement rectifiée.

A noter que cet atelier a été organisé grâce à l’appui financier de Konrad Adenauer. Le rapporteur de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Jean-Pierre Kalamba, était l’un des intervenants lors de l’ouverture de ce séminaire dont l’intitulé intéresse au plus haut point son institution. Donc, la collaboration est obligatoire entre les deux institutions d’appui à la démocratie.

Par Lefils Matady