Comparaisons entre pays et les mérites du Gouvernement Matata

Mercredi 30 mars 2016 - 18:41
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Cet article a pour objectif d’éclairer l’opinion nationale sur les récents débats autour du niveau du PIB par tête de la RDC, comparé à d’autres pays, et des mérites du gouvernement. Les précisions à apporter s’articulent comme suit.
De la justesse de l’analyse des indicateurs macroéconomiques
Les données économiques fournies par les statisticiens sont le plus souvent des variables de flux. A ce titre, elles appellent une analyse dynamique pour pouvoir apprécier l’action des politiques publiques mises en œuvre.
Une analyse statique ne peut que conduire à des conclusions erronées et des interprétations de mauvaise foi.
En effet, contrairement à une variable de stock qui correspond à une quantité mesurée en un moment donné du temps, une variable de flux est une quantité mesurée par unité de temps.
L’exemple classique de l’illustration de la différence entre stock et flux est celui du robinet et du récipient.
L’eau qui coule du robinet est un flux (mesuré en litre par minute par exemple) et la quantité d’eau dans un récipient est un stock (mesuré en litre).
Le PIB par habitant ou le RNB par habitant sont donc des flux. Pour savoir si une économie progresse, ces indicateurs doivent être présentés dans une approche dynamique.
En d’autres termes, une analyse dynamique peut être considérée comme un film et une analyse statique comme une photographie.
A titre illustratif, sur la liste des pays de l’échantillon ci-après, une analyse statique consisterait à dire qu’en 2014 par exemple l’économie congolaise était parmi les pays les plus pauvres en termes de PIB/H en dollars internationaux.
Une telle analyse ne donne aucune information sur les progrès accomplis et sur l’impact des politiques publiques mises en œuvre. Une bonne analyse, une analyse objective en termes de dynamique (film), consisterait plutôt à montrer quel pays a enregistré la progression la plus rapide.
Sur cette base, il ressort clairement que la RDC figure dans le peloton de tête des pays ayant le rythme d’expansion du PIB/H le plus élevé au cours de la période considérée (film).
Des comparaisons fortuites et de mauvaise foi
Comparer la RDC à des pays comme la Corée du Sud pèche sur deux volets. Le premier est relatif à l’approche méthodologique consistant à comparer ces pays selon une approche statique (photographie), laquelle ne tient pas compte de la taille initiale du gâteau (le point de départ), comme illustré dans le tableau ci-après :
Malgré la dynamique imprimée depuis 2012 en RDC, son PIB/H en US$ PPA internationaux ne s’améliore pas significativement au regard de son niveau initial qui  n’était que de US$ 578 en moyenne entre 2008 et 2011 contre US$ 29.726 pour la Corée du Sud, au cours de la même période.
Pour mieux caractériser cette situation, on peut partir de l’exemple de deux élèves : le premier obtient régulièrement une mention de 75%, le deuxième une mention de 30%. Ce dernier est menacé d’être exclu de l’école si ses résultats ne s’amélioraient pas.
Le deuxième élève s’engage à s’imposer des sacrifices et il voit ses résultats s’améliorer passant de 30 à 50%. D’autre part, pour le premier élève, les résultats sont passés de 75 à 76%.
Le 2ème élève s’étonne que malgré les efforts fournis (une augmentation de 20 points), les enseignants et les parents ne sont toujours pas très satisfaits.
Il ne comprend pas pourquoi le premier élève dont les résultats n’ont augmenté que d’un point reçoit toujours de vives félicitations, alors qu’à lui n’est réservé que des encouragements, voire des critiques.
Le 1er élève, c’est comme la Corée du Sud qui actuellement réalise des taux de croissance faibles, mais du fait qu’il a déjà une taille du PIB suffisamment élevée, ce taux de croissance, faible soit-il, permet de maintenir son PIB/H à des niveaux très élevés.
Le 2ème élève renvoie aux pays comme la RDC. En dépit des taux de croissance élevés, son PIB/H en dollars internationaux reste faible.
La raison est simple : la taille du gâteau est trop petite et devrait continuer à augmenter rapidement pour tendre vers les standards de la Corée du Sud.
D’où les encouragements qui incitent à s’imposer encore des sacrifices, car ces pays ont commencé par là.
Le deuxième péché est relatif à la cohérence dans l’analyse et la comparaison. Même si les pays développés constituent des standards ou des références, une analyse objective visant à apprécier les efforts fournis par un pays devrait consister en une comparaison des pays ayant le même niveau de développement ou presque.
C’est d’ailleurs pour cette raison que les dernières avancées en économie ont introduit le concept de « club de convergence ».
En effet, le « club de convergence » signifie l’existence d’une convergence absolue entre des pays d’un même groupe concomitant à une non convergence à l’échelle mondiale.
Dans cette optique, les pays qui partagent les mêmes caractéristiques structurelles peuvent converger dans le long terme seulement si les conditions initiales sont similaires.
Ainsi, contrairement au modèle néoclassique de Solow (1957), dans l’approche de « clubs de convergence », ce sont les conditions initiales qui permettent de définir un club de pays parmi lesquels il peut y avoir convergence si les caractéristiques structurelles sont identiques.
De l’ambition de l’émergence à l’horizon 2030
L’ambition de l’émergence à l’horizon 2030 relève de la vision noble du Président de la République, Chef de l’Etat, telle qu’il ressort de son discours sur l’état de la Nation, prononcé devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès, en date du 14 décembre 2015.
Est-ce une citadelle imprenable ? La réponse à cette question devrait prendre en compte le fait que la RDC dispose d’un potentiel de croissance très important qui peut être libéré sur fond des réformes et projets structurants qui sont déjà en pipeline (Inga 3, Loi sur les hydrocarbures, libéralisation du secteur des assurances, Loi sur les PPP, Code minier, implantation des Parcs agro-industriels et des zones économiques spéciales à travers le pays, Code forestier, etc.).
Des considérations finales
Les progrès en matière d’agriculture, de transport et d’infrastructures demandent eux aussi à être examinés en termes de dynamique. Le Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo a coûté au Gouvernement environ US$ 100 millions et non US$ 1 milliard.
Il n’a certes produit que 13.050 tonnes de maïs en 2015. Mais il importe de mentionner que cette production n’existait pas en 2014 et qu’il s’agit là d’un pas en avant.
Il en est de même de la création de Congo Airways. La société compte aujourd’hui deux avions contre zéro hier (film). Les 500 bus de Transco, ainsi que les 250 bus du projet Esprits de vie, devraient également faire l’objet du même type d’analyse en termes de dynamique.
Par ailleurs, depuis son existence à partir du 30 juin 1960 comme Nation souveraine, c’est la première fois que la RDC aligne, sur une période interrompue de 15 ans, une croissance économique soutenue. Plusieurs faits indiscutables peuvent attester de cette performance :
pour la première fois dans l’histoire de la RDC depuis 1960, l’économie congolaise continue à aligner des taux de croissance robustes et supérieurs à la moyenne africaine et ce, en dépit d’une conjoncture internationale morose depuis 2012 ;
contrairement à plusieurs pays d’Afrique (Angola, Zambie, Ouganda, Afrique du Sud, Nigéria, …) et du monde (Venezuela, Chili, Russie, …) en proie à des fortes turbulences économiques, les fondamentaux de l’économie congolaise sont maintenus ;
le volume des investissements directs étranges s’accroît d’année en année. Dans ce cadre, le nombre de vols internationaux vers Kinshasa a été multiplié par 10 au cours de la période 2012 à 2015, comparativement aux années antérieures ;
le nombre d’écoles construites ou réhabilitées, de routes construites ou réhabilitées, de centres de santé et d’hôpitaux, au cours de la période 2012 à 2015, dépasse de loin le total des infrastructures construites ou réhabilitées entre 1960 et 2000, sur ressources propres du gouvernement ;
le nombre de filles à l’école primaire, secondaire et universitaire augmente à tel point que la parité filles/garçons est assurée à l’école primaire ;
le retour au pays de plusieurs compatriotes, partis à l’étranger à la quête des lendemains meilleurs, constitue la preuve que le pays crée de plus en plus d’opportunités pour ses filles et fils.
La RDC n’a plus droit à l’erreur. Elle doit se maintenir sur cette trajectoire pour transformer, à travers la poursuite des réformes, ses potentialités immenses en richesses.
C’est dans cette optique que les échéances pour l’accès au rang de pays émergent (2030) et pays développé (2050) seront atteintes à coup sûr.
SERVICE PRESSE DE LA PRIMATURE