COP21 : la RDC a-t-elle sous-estimé sa facture écologique ?

Lundi 30 novembre 2015 - 11:37

Plus de 147 chefs d’Etat et de gouvernement répondent présents à Paris à la 21ème conférence des parties sur le climat. La RDC fait partie de rares pays à y être représentés que par un ministre de l’Environnement. Kinshasa n’a pas non plus été exigeant dans l’estimation de sa facture liée à sa vulnérabilité aux effets du réchauffement climatique.

 

Près de 195 pays membres de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) participent à Paris depuis ce lundi 30 novembre jusqu’au 15décembre2015 à la 21ème conférence des parties (COP 21). Alors que plus de 147 chefs d’Etat et de gouvernement répondent présents à ces assises la délégation de la RDC est conduite par le ministre de l’Environnement, Conservation de la nature et Développement durable, Robert Bopolo.

 

Cette conférence internationale sur le climat est un enjeu mondial. Sa particularité est qu’elle va permettre à ces 195 pays de signer un accord juridiquement contraignant su le climat avec, pour finalité, de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C à l’horizon 2100 par rapport aux températures de la période préindustrielle. Fixé à Copenhague en 2009, cet objectif est appelé à pallier l’obsolescence programmée à 2020 du protocole de Kyoto, ratifié en 1997 par 55 pays industrialisés mais sans les gros pollueurs : Etats-Unis, Canada, Russie ou Chine.

 

L’accord attendu de la COP21 vise principalement titis objectifs : contraindre les Etats à des engagements ambitieux en matière de réduction des rejets de gaz à effet de serre (GES) avant 2030, pour une société sans carbone d’ici à la fin du siècle; se mettre d’accord sur les mécanismes de financement et de solidarité internationale entre les pays riches et les pays en difficulté déjà touchés par le dérèglement du climat; permettre aux pays développés de mobiliser 100 milliards de dollars américains par an à partir de 2020, en partie via le Fonds vert pour le climat, afin d’aider les pays en voie de développement à lutter contre le dérèglement climatique.

 

C’est ainsi que les Etats participants ont été invités à publier avant la COP 21 une contribution nationale, appelée Contribution prévue déterminée au niveau national (CPDN), dans laquelle chaque pays précisé ses futurs engagements pour la réduction des gaz à effet de serre.

 

C’est dans ce cadre que la RDC a déposé, le 15 août 2015 au secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, sa CPDN évaluée à 21 milliards 622 millions USD sur la période 2021-2030. La RDC s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre à hauteur de 17%, sous condition d’avoir accès aux fonds suffisants et à l’appui technique nécessaire. Kinshasa compte, à travers la mise en œuvre de sa CPDN, atteindre des objectifs de croissance verte et de développement durable.

Ces fonds se recoupent en deux branches : 12,54 milliards USD pour les initiatives d’atténuation et 9,08 milliards USD pour les mesures d’adaptation.

 

Les mesures d’atténuation proposées par la RDC concernent les trois plus importants secteurs, à savoir l’agriculture, les forêts et l’énergie. Compte tenu de son étendue et de sa vulnérabilité aux changements climatiques et pour améliorer sa résilience, la RDC a inscrit dans sa CPDN des mesures relevant du Programme d’action national d’adaptation. Ces mesures concernent essentiellement l’agriculture, les forêts et la protection du littoral.

 

Au regard des contributions des autres Etats africains, la facture de la RDC semble sous-évaluée. L’Ethiopie a évalué ses besoins face aux changements climatiques à 150 milliards USD. Le Maroc a demandé 45 milliards USD. Le Kenya exige 40 milliards USD. Même le Bénin évalue ses besoins à 28 milliards USD contre 21 milliards USD seulement pour la RDC.

 

Il s’observe donc que la RDC a été moins exigeante par rapport au soutien financier attendu des pays riches pour ses projets d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. L’on ne comprend pas comment des pays plus petits en superficie et en population, comme le Bénin, le Kenya ou le Maroc, peuvent avoir des besoins plus importants que ceux de la RDC dans la lutte contre le réchauffement climatique.

 

Par AMEDEE MWARABU KIBOKO