Croissance : Matata en grandes difficultés !

Lundi 31 août 2015 - 12:19

Tout en se félicitant de la stabilité macroéconomique, le gouvernement est obligé de revoir ses prévisions en baisse en envisageant désormais un taux de croissance de 8,4% pour l’année 2015, contre 9,2% annoncé au mois de juin par la dernière mission du FMI à Kinshasa. Déjà, en février dernier, Kinshasa tablait sur une croissance de 10,4%. C’est sans compter avec le bouleversement des marches financiers chinois.

Le gouvernement qui n’avait que ses yeux pour pleurer, a pris note du ralentissement de l’activité économique dola RDC au cours du premier semestre de cette année. C’était au cours du dernier comité exécutif qu’il a pris acte de la conjoncture difficile du marché des matières premières dominé par le cuivre.

La République démocratique du Congo reste marquée par la baisse du cours de ce métal. En effet, depuis le début de l’année, le cours du cuivre, principale exportation congolaise, abaissé de 23,18 %. Établi à 4 886 dollars la tonne ce jeudi 27 août, il est à son plus bas niveau depuis mi-2009.

L’impact de la Chine
Le déclin des marchés financiers chinois ne pouvait être sans conséquence sur l’économie congolaise. En effet, la RDC compte, parmi les partenaires commerciaux privilégiés de la chine.
Premier pays producteur mondial de cobalt, la RDC se dispute avec la Zambie la place de premier producteur africain de cuivre. L’extraction et la transformation de ces deux minerais, très abondants dans l’ex province du Katanga dont la Chine est un grand importateur, sont le moteur de la croissance économique nationale.

Dans un communiqué du gouvernement, le ministre des Finances Henri Yav Mulang : « En raison de son influence majeure sur les marchés internationaux, la prévision de croissance revue à la baisse de la Chine a réduit les prévisions d’importation et provoqué une baisse du prix du cuivre - une des principales exportations de la RDC -, au plus bas depuis six ans”.

Comme, cela ne suffisait pas, l’Observatoire de la dépense publique (Odep) a publié un rapport qui accable une nouvelle fois le gouvernement sur l’exécution du budget pour les exercices 2012-2014. Il a relevé que la tendance est à la baisse dans les réalisations des recettes, du budget de l’Etat. Par contre, certaines institutions de l’Etat font un dépassement budgétaire chaque année, souligne l’observatoire.

Cette étude menée du 24 juin au 24 juillet 2015 rappelle qu’en 2012, l’Etat congolais avait pu collecter 65% des recettes fiscales attendues, tandis qu’en 2013, ce taux avait chuté à 63%. En 2014, seules 49,5% des recettes fiscales avaient pu être collectées.

Selon l’Observatoire de la dépense publique, certains secteurs sont souvent en dépassement budgétaire tandis que d’autres secteurs de développement et des services sociaux ne reçoivent pas la totalité de ce que prévoit le budget.

« Même quand vous regardez au niveau des dépenses sociales, c’est là où le taux d’exécution est vraiment le plus bas : santé, éducation, développement rural, etc. par contre, les dépenses relatives aux institutions politiques sont toujours en dépassements. Donc, quelque part, il y a un problème de justice distributive, il y a un problème de justice sociale, il y a un problème de partage des richesses entre les uns et les autres », explique le directeur général de l’Odep, Floribert Muteba.

L’Odep recommande au gouvernement de trouver les causes des contreperformances de régies financières afin de redresser la barre. Au sujet de dépassement budgétaire, il souhaite un renforcement de l’efficacité des administrations fiscales et l’élargissement de l’assiette fiscale.

La prévision de croissance en chute

La République démocratique du Congo a annoncé jeudi qu’elle prévoyait désormais un taux de croissance de 8,4% pour l’année 2015, contre 9,2% précédemment, suite à la baisse des marchés financiers en Chine.

“Le déclin des marchés financiers chinois a engendré une réduction de la prévision de croissance de la RDC pour 2015”, qui “passe maintenant à 8,4%, ce qui représente toujours plus du double” du taux de l’économie mondiale, explique un c6mmuniqué du ministère congolais des Finances.

La RDC, pays parmi les moins développés au monde, est e première producteur mondial de cobalt et dispute à a Zambie la place de premier producteur africain de cuivre. L’extraction et la transformation de ces deux minerais, très abondants au Katanga (sud-est) et dont la Chine est un grand importateur, sont le moteur de la croissance économique nationale.

“En raison de son influence majeure sur les marchés internationaux, la prévision de croissance revue à la baisse de la Chine a réduit les prévisions d’importation et provoqué une baisse du prix du cuivre - une des principales exportations de la RDC -, au plus bas.. depuis six ans”, souligne le ministre des Finances Henri Yav Mulang dans le communiqué.

La Chine est un partenaire privilégié de la RDC, mais leur coopération a parfois fait polémique.

Meurtrie par deux guerres entre 1996 et 2003, Kinshasa avait signé en 2007 un contrat de 9 milliards de dollars avec un groupement d’entreprises chinoises pour la réhabilitation ou construction de près de, 10.000 km de routes et de voies ferrées, deux barrages, des hôpitaux, logements et écoles.

En échange, selon l’ONG Global Witness, spécialisée dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles, le gouvernement congolais s’était engagé à fournir aux entreprises chinoises jusqu’à 10 millions de tonnes de cuivre et 600.000 tonnes de cobalt.
Mi-août 2009, notamment sous la pression du Fonds monétaire international (FMI) qui craignait un nouvel endettement de la RDC, Kinshasa avait annoncé la révision à 6 milliards de ce contrat.
Par LP q