Dialogue national inclusif. C’est la démarche que propose le chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila, afin d’avoir des élections apaisées en République Démocratique du Congo (RDC). En réponse, les opposants ne veulent pas entendre parler de ce dialogue. Pour eux, le pouvoir de Kinshasa veut profiter de ces travaux pour obtenir un « glissement» qui permettre à Joseph Kabila de s’offrir un 3ème mandat.
Réunis les 8 et 9 juin derniers à Bruxelles, les opposants ont clairement dit non au dialogue «version Kabila» et au départ de ce dernier le 19 décembre, date marquant la fin de son deuxième et dernier mandat. Dans des milieux politiques, d’aucuns s’accordent à affirmer que personne, alors personne ne peut dire prédire ce qui pourra arriver dans les six prochains.
En attendant, le Comité permanent inter-organisations des Nations Unies (IASC) basé à Genève (Suisse) a, dans son dernier rapport présenté au début de ce mois de juin, souligné que «la RDC présente de graves risques de violences électorales, pour la période allant de juin à décembre». Selon l’IASC, «le pays pourrait même vivre une situation similaire à celle du Burundi». Ce Comité est composé des agences de l’ONU, d’ONG et d’organisations internationales telles que la Banque mondiale et le Mouvement de la Croix-Rouge.
Report des élections : la ligne rouge
Dans son rapport, l’IASC souligne que «le très probable report des élections prévues en novembre 2016, la restriction des libertés politiques, ainsi que l’utilisation par le gouvernement des forces de sécurité pour maintenir l’autorité, ont abouti à un risque élevé de tensions politiques dégénérant en affrontements violents entre partisans de l’opposition et du gouvernement». «Au-delà de la capitale Kinshasa, la violence électorale pourrait s’étendre aux bastions de l’opposition, comme la ville natale de Moïse Katumbi, Lubumbashi », indique le rapport de l’IASC. «Le gouvernement est susceptible de limiter ou de couper les réseaux mobiles, de restreindre les droits de l’opposition et d’accroître l’intimidation et le harcèlement», ajoute encore l’IASC, qui prévient que de telles mesures pourraient pousser les opposants «à traverser le fleuve Congo » pour trouver refuge à Brazzaville.
Des déplacés en plus
Le rapport parle aussi des difficultés sur le plan humanitaire. Les experts des Nations Unies basés à Genève révèlent que dans le Grand Kivu, la RDC pourrait enregistrer de nouveaux cas des déplacés de guerre. Et cela avec des opérations militaires que les Forces armées de la RDC (FARDC) mènent contre les groupes rebelles qui opèrent dans cette partie du pays. Hormis la détérioration de la situation politique, le rapport évoque également une crise médicale avec une épidémie de choléra qui a connu 7 509 cas, pour 140 décès déclarés depuis janvier. «Un nombre élevé de cas est encore signalé dans le Sud-Kivu où la situation est particulièrement préoccupante en raison de la présence de camps de réfugiés du Burundi [et] il est probable que l’épidémie se propage à des endroits densément peuplés tels que Kinshasa», prévient le comité, qui juge les capacités de réponse humanitaire insuffisantes.
CONGO NOUVEAU