« Tu me tiens par la barbe, je te tiens par la barbichette ». Voilà la cadence qui rythme les relations l‘UDPS et la MP depuis que le dialogue politique a été présenté comme voie par laquelle doit passer la résolution de la crise politique qui prévaut en RDC. Les deux parties évoluent sur fonds de « convergences parallèles », un mode opératoire qui rappelle la Conférence nationale souveraine (CNS) des années 90. Dans sa lettre à l’Union africaine, Etienne Tshisekedi renie à Joseph Kabila le droit d’initier le dialogue ou d’en définir l’ordre du jour.
Malgré toute la campagne battue à travers le pays, le chemin qui mène vers la concrétisation du dialogue politique inclusif est encore long. Et pour cause. La question divise la classe politique congolaise. De nombreux couacs jonchent la voie. Le dernier en date est cette correspondance du président de l’UDPS adressée le 26 janvier 2016 à la présidente de la Commission de l’Union africaine et dont l’objet porte sur la facilitation du dialogue politique en RDC.
Dans cette missive dont une copie est parvenue à notre Rédaction, Etienne Tshisekedi renie à Joseph Kabila le droit d’initier ce dialogue, d’en définir l‘ordre du jour, ou d’en donner une quelconque orientation. Ce dernier précise : « M. Joseph Kabila, en tant que l’une des parties prenantes à ce dialogue politique, ne peut s’arroger le rôle d’être à la fois juge et partie ».
Voilà, le ton est lancé ou relancé (c’est selon) entre les principales parties prenantes au dialogue politique projeté. Pas d’empressement. Les accolades tardent tant que le rapprochement se fera en dents de scie.
EDEM KODJO : ENVOYÉ SPECIAL OU FACILITATEUR?
L’os dans cette démarche dont l’un des objectifs est la concorde nationale demeure la divergence sur la procédure. L’UDPS et la majorité au pouvoir (MP) n’ont pas la même lecture sur la mission d’Edem Kodjo déjà déployé sur le terrain par la présidente de la Commission de l’Union africaine pour des consultations nécessaires. Alors que pour la MP, l’ancien Premier ministre togolais serait déjà le facilitateur attendu, l’UDPS le considère comme un envoyé spécial de Mme Kosazana Dlamini Zuma. «Je me fais fort de vous préciser que le facilitateur qui sera désigné à cet effet devra, de commun accord avec les parties prenantes congolaises, déterminer la composition du comité provisoire en charge de définir les contours d’un tel forum politique », écrit Etienne Tshisekedi.
CONTENTI EUX ÉLECTORAL DE 2011, RESPECT DE LA CONSTITUTION
Pourquoi le président de l’UDPS a-t-il tenu à écrire à la présidente de la Commission de l’Union africaine ? Des observateurs reconnaissent que c’était pour dissiper tous les malentendus et autres rumeurs qui circulaient sur ce dialogue. Il a rappelé à l’Union africaine que sa feuille de route, rendue publique le 14 février 2015 et dans laquelle il propose des pistes de solutions de sortie de crise demeure valable et d’actualité. Etienne Tshisekedi rappelle que dans ce document, il donnait sa vision du dialogue politique qui doit être conforme aux prescrits de l’accord-cadre d’Addis-Abeba de février 2013 aux résolutions subséquentes du Conseil de sécurité des Nations unies, notamment R 2098, R 2147 et R 2211.
Selon lui, « le dialogue politique que je prône et auquel je reste attaché est celui qui, sous la médiation internationale, va garantir le respect de la Constitution et des délais constitutionnels ; le règlement du contentieux électoral de 2011 ; la restructuration de la Ceni ; l’organisation d’un processus électoral crédible et apaisé ; l’alternance politique par un transfert pacifique du pouvoir dans le respect de l’expression du peuple congolais ».
Ces conditions, qui n’ont changé d’aucun iota, indique Etienne Tshisekedi, ont été réitérées à l’envoyé spécial de l’Union africaine.
PAS D’ACCORD SIGNÉ ENTRE L’UDPS ET LA MP
Par ailleurs, le président de l’UDPS a dissipé une rumeur qui circulait sur un éventuel accord qui serait conclu ente son parti et la MP. « Par ailleurs, I sied d’indiquer qu’à la rupture des discussions appelées “pré-dialogue” entre les délégués de M. Joseph Kabila et ceux de l’UDPS et malgré certains points de convergence dégagés, aucun accord n’a été signé entre les parties et, personne n’a jamais été mandaté par l’UDPS pour signer un tel engagement en son nom », affirme Etienne Tshisekedi dans sa lettre.
Dès ors, l’opinion est fixée tout comme es propagateurs de faux bruits sur un mariage que I’UDPS ou son président aurait scellé avec La majorité au pouvoir concernant la tenue du dialogue politique que le président Joseph Kabila a initié puis convoqué sur pied de l’ordonnance de novembre 2015.
Raison pour laquelle les pourparlers devraient se poursuivre entre d’une part l’UDPS et la MP, d’autre part entre l’UDPS et l’envoyé spécial de l’Union africaine : « Certes, cela constitue l’un des points sur lesquels je voulais échanger avec votre envoyé spécial avant tout rapport à soumettre à votre appréciation ». Ainsi, à certaines langues qui laissaient entendre qu’Etienne Tshisekedi ne serait pas coopératif, e président de l’UDPS a répondu ce qui suit : «Je confirme ma disponibilité pour tout entretien pouvant permettre l’avancement du processus déjà entamé ».
LE POTENTIEL