Détenu à Makala :Christopher Ngoy va très mal

Mercredi 10 février 2016 - 09:51

Arrêté le 21 janvier 2015 lors des manifestations populaires contre le tripatouillage de la loi électorale, l’activiste des droits de l’homme, Christopher Ngoy, va très mal. Il a finalement été extrait de sa cellule de la Prison Centrale de Makala pour le Centre Hospitalier Nganda, où il se trouve en soins intensifs depuis le lundi 8 février 2016.

Jusque-là, son bulletin de santé inspire beaucoup d’inquiétude. Selon son fils, Patrick Ngoyi, avocat de son état, joint hier au téléphone par Le Phare, son père souffrirait d’une intoxication alimentaire liée à une mauvaise alimentation ainsi qu’à des mauvaises conditions de logement, de prise en charge médicale, d’aération, etc.

Patrick Ngoy témoigne que son père traverse une situation infernale à Makala. A l’en croire, Christopher Ngoyi  est moralement et physiquement affaibli par le calvaire qu’il vit au quotidien dans ce centre pénitencier.

Sur place au Centre Hospitalier Nganda, indique la même source, sa tension artérielle s’est stabilisée après les premiers soins. En attendant qu’un diagnostic fiable puisse être posé par ses médecins traitants, l’activiste des droits de l’homme a déjà subi plus de 5 examens, dont les résultats se font encore attendre.

Ses proches et des membres de sa famille biologique retenaient jusqu’hier soir leur souffle, car le pire peut subvenir à tout instant. Impuissants, ils ont remis son sort entre les mains du Créateur, priant sans cesse, afin que leur cher Christopher Ngoy ne soit pas vaincu par la maladie.

Pendant ce temps, son procès, suspendu voici plusieurs semaines, est loin de connaitre son épilogue. Le collectif de ses avocats, sous la direction du Bâtonnier Joseph Mukendi, avait introduit en son temps un pourvoi en cassation et une main- levée contre sa détention, demeurée jusqu’à ce jour sans réponse devant la  Cour Suprême de Justice.

On rappelle qu’une dizaine de chefs d’accusation pèsent sur Christopher Ngoy, notamment atteinte à la sûreté de l’Etat, destruction méchante… Ses compagnons de la société civile et de la plate-forme « Sauvons le Congo » dénoncent un acharnement politique contre l’activiste des droits de l’homme qui détient, selon eux, des informations de première main sur les violations des droits de l’homme dont se seraient rendues coupables les forces de l’ordre avant, pendant et après les manifestations contre le tripatouillage de la loi électorale, au mois de janvier 2015.

Plusieurs voix s’élèvent tant sur le plan national qu’international pour exiger sa libération.

Les autorités congolaises, pour leur part, font le Ponce Pilate au sujet du feuilleton politico-judiciaire du prévenu. Elles parlent d’une affaire portée devant les cours et tribunaux et que le gouvernement ne peut s’en ingérer, au risque de porter atteinte à l’indépendance de la justice.

Il faut rappeler que lors de la première audience du procès de Christopher Ngoy, les avocats de la défense avaient soulevé le préalable de la médiatisation de ce procès qui se déroulait à Makala. Suite au refus des juges d’accéder à leur demande, ils avaient levé l’option d’introduire un pourvoi en cassation à la Cour Suprême de Justice.

ERIC WEMBA