Dialogue en ballottage : la Majorité et l’UDPS de nouveau au bord de la rupture

Vendredi 20 novembre 2015 - 11:18

Les violons semblent de moins en moins s’accorder entre la Majorité Présidentielle et l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social) dans leur approche du Dialogue politique qui fait bouger le microcosme politique congolais depuis le mois de mai, date du démarrage des consultations du Chef de l’Etat. En dépit de son accord de principe pour la participation à ce forum, le parti de la 10me rue Limete continue d’insister sur deux points majeurs, à savoir sa convocation par le Secrétaire général des Nations Unies avant la fin du mois de novembre en cours et son ordre du jour à focaliser essentiellement sur les questions électorales. Autrement dit, Tshisekedi et ses partisans ne sont ni demandeurs de postes ministériels, ni co-promoteurs d’un « glissement ». L’UDPS est allée plus loin en tranchant que si ce forum n’est pas convoqué avant le 30 novembre 2015, il serait nul et non avenu après cette date butoir.

Du côté de la Majorité Présidentielle, on persiste à soutenir que l’autorité compétente habilitée à convoquer le Dialogue n’est personne d’autre que Joseph Kabila, Chef de l’Etat, et qu’au nom de la souveraineté nationale, il est d’office exclu que les participants soient sous la coupe d’une médiation internationale. Pendant que dans la famille présidentielle, on nie entretenir un agenda caché visant le glissement, certains de ses sociétaires troublent les esprits en soutenant, dans les médias, tantôt la thèse du « glissement pour raison technique et financière », tantôt celle de la modification de la Constitution par référendum, au nom du droit du souverain primaire de décider de l’avenir et du devenir de la RDC.

Plus l’on s’approche de la « ligne rouge » (30 novembre 2015) tracée par l’UDPS, et davantage on a le sentiment que quelque chose s’est cassée dans le processus de rapprochement entre Etienne Tshisekedi et Joseph Kabila. D’aucuns craignent le décor des coups bas entre deux acteurs politiques qui semblent ne pas du tout se faire confiance.

Pré-négociations sans lendemain ?

Pourtant, après les pré-négociations de Venise, en Italie, et Ibiza, en Espagne, entre des délégués de Joseph Kabila et d’Etienne Tshisekedi, on avait laissé entendre que la plupart de leurs divergences avaient été aplanies. On citait alors, entre autres points de convergence, le réexamen du calendrier électoral, l’audit du fichier électoral, l’enrôlement de nouveaux majeurs, le financement des élections et leur sécurisation, la libération des prisonniers politiques et d’opinions, le principe de non-glissement, etc.
Certaines sources avaient même soutenu que le camp du Chef de l’Etat était prêt à accepter une médiation internationale, si tel était le prix à payer pour obtenir un Dialogue inclusif entre Congolais. Mais, à la lumière des dernières consultations du Chef de l’Etat avec les chefs des corps de la République, les délégués de la Société Civile et les diplomates, il est fort possible que l’acte de convocation du Dialogue porte la signature du Chef de l’Etat, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer dans le camp des formations politiques et des organisations de la Société Civile qui estiment qu’il n’en pas le droit, au motif qu’il risque d’être juge et partie.

Sans Dialogue… crise éternelle ?

Le processus électoral se trouve complètement bloqué. L’unique alternative pour le débloquer, c’est l’acceptation par toutes les parties prenantes, à savoir la Majorité, l’Opposition et la Société Civile, avec toutes leurs sensibilités, de l’offre de se retrouver autour d’une même table. Sans dialogue, l’on ne peut ni dégager un calendrier électoral consensuel, ni lever une option pour l’enrôlement de nouveaux majeurs, ni auditer le fichier électoral ou dresser carrément un nouveau, ni discuter des sources de financement des scrutins, ni échanger autour du dispositif de sécurisation des élections, ni s’engager mutuellement à respecter la Constitution, etc.

En refusant de se parler et de réfléchir autour des voies de sortie de la crise actuelle, les Congolais seraient-ils partisans d’une crise éternelle ? Dans l’affirmative, à qui profiterait l’impasse ?
Kimp