Dialogue : Joseph Kabila appelé à mettre fin à l’agitation

Mardi 17 novembre 2015 - 11:28

Dans une déclaration, les ONGDH exhortent le Chef de l’Etat congolais à clarifier sa position sur les intentions lui prêtées de chercher par tous les moyens à se pérenniser au pouvoir

Les organisations de la société civile de défense et de promotion des droits de l’homme de la RDC , réunies dans un collectif, ont fait une déclaration hier lundi 16 novembre à Kinshasa pour donner leur position par rapport au dialogue politique que compte convoquer le président de la République, Joseph Kabila, pour mettre fin à la crise politique qui secoue le pays depuis les élections du 28novembre 2011.

Les Toges Noires, la Ligue des Electeurs, l’Observatoire Congolais des Droits humains (OCDH), les Œuvres Sociales pour le Développement (OSD) et d’autres sont d’accord pour le dialogue politique afin de permettre aux Congolais de trouver les solutions aux problèmes auxquels le pays est confronté. Mais elles prient le chef de l’Etat à mettre fin à l’agitation en clarifiant sa position sur les intentions lui prêtées par certains Congolais de chercher par tous les moyens à se maintenir au pouvoir.

 » La déclaration et l’engagement du président de la République de s’investir dans l’alternance démocratique au sommet de l’Etat et de ne pas être candidat aux prochaines élections présidentielles mettraient fin à l’agitation et rassurerait les uns et les autres pour l’implication de tous dans la tenue et la réussite du dialogue.

En tant que garant du fonctionnement harmonieux des institutions et du respect de la Constitution, il est du devoir citoyen et républicain du président de la République, Joseph Kabila d’apporter cette clarification avant la tenue du dialogue « ,a expliqué Me André Marie Muila Kayembe, des Toges Noires.

 » Ayant fait, du dialogue, une vertu cardinale de la fondation de la démocratie, les organisations de la société civile, en générale, et, en particulier, les organisations des droits de l’homme, que nous représentons, ne peuvent que se réjouir de voir le président de la République rencontrer ses préoccupations « , a insisté Me Muila Kayembe.

 » Cependant, le dialogue attendu étant compris comme un cadre d’échanges et de recherche concertée des solutions aux problèmes auxquels notre pays se trouve confronté, l’atteinte des objectifs à lui assigner et la réalisation des résultats à en escompter demeurent tributaires du climat tant politique que social prévalant tant pendant la préparation du dialogue que pendant sa tenue et son suivi « , a-t-il ajouté.

Dans leur déclaration, ces organisations prient Joseph Kabila à s’investir dans la création d’un climat propice à la réussite du dialogue en procédant notamment à la libération des activistes de la société civile, des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes et des prisonniers politiques.

Elles ont cité nommément les activistes de Filimbi, Fred Bauma et Yves Makwambala, ainsi que d’autres personnalités comme Christopher Ngoy Mutamba, Eugène Diomi Ndongala, Ernest Kyaviro, Vano Kiboko, Jean-Claude Muyambo Kyassa…

 » La réussite du dialogue dépend aussi du taux d’implication, d’inclusion et d’appropriation des parties prenantes au processus électoral.

Il s’avère cependant que la frange, non moins importante de forces politiques et sociales qui se réservent de participer à ce dialogue justifie sa position par l’intention, qu’elle prête au président de la République de se servir de ces assises pour prolonger son mandat « , affirment-elles.

Pour Dieudonné Kabasonga, de l’OSD, la crédibilité de ce dialogue dépend de l’équilibrage de sa couverture médiatique. C’est pourquoi, il exige l’ouverture ou la réhabilitation des médias frappés de fermeture ou d’interdiction.

L’affaire  » Diamant de Bena Tshiswaka  » refait surface

A chaque fois qu’il y a des rencontres du genre comme le dialogue, au cours desquelles les Congolais vont se retrouver pour parler des problèmes du pays, les organisations de la société civile des droits de l’homme se saisissent de l’occasion pour interpeller les autorités du pays sur l’affaire du diamant de 800 carats de Bena Tshiswaka, dont ses propriétaires continuent à être victimes de menaces et intimidations.

En effet, ce diamant avait été extrait à Bena Tshiswaka, au Kasaï Oriental en 2005. Il avait été subtilisé à son propriétaire Théo Mbiya Kalala. Frauduleusement sorti du pays pour la Belgique, il a été saisi par la douane Belge pour tentative d’exportation frauduleuse ainsi qu’origine douteuse et retourné au pays.
Les interventions des Ongdh auprès des autorités sur cette affaire n’ont pas été suivies des effets escomptés.

Lors des concertations nationales, Mgr Dieudonné Mbayi Tshiakani, évêque et président de l’Eglise du Christ au Congo de la province du Kasaï Oriental avait évoqué ce dossier dans ses assises, mais sans réponse des autorités.

C’est pourquoi les Toges Noires, la Ligue des Electeurs, l’Observatoire Congolais des Droits humains (OCDH), les Œuvres Sociales pour le Développement (OSD) et tant d’autres profitent de ce dialogue politique pour interpeller encore le chef de l’Etat, Joseph Kabila.

 » La promesse faite solennellement par le président de la République aux chefs de confessions religieuses du Kasaï oriental de s’investir personnellement dans la réhabilitation du propriétaire de ce diamant dans ses droits, n’a toujours pas de suite « , regrette Me Jacob Baluishi de l’OCDH.

Par Godé Kalonji