Une campagne exigeant la libération de ces leaders sociaux lancée et des rassemblements le 30 Avril devant les ambassades de la RDC en préparation ainsi qu‘une pétition en ligne.
C’est depuis un mois que neuf militants de la société civile restent détenus au secret dans les geôles de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR). Ce groupe comprend notamment Fred Bauma et Olivier Munongo. Les prisonniers ne voient ni leurs avocats, ni leur famille et n’ont pas été présentés devant un juge depuis leur arrestation à Masina, le dimanche 15 mars dernier, avec leurs collègues sénégalais de « Y en a marre » et burkinabé du « Balai citoyen ». Au moment où à Kinshasa, l’attention est braquée sur l’affaire de « la fosse commune de Maluku », à Dakar, le mouvement « Y’en a marre » et des organisations de défense des droits de l’homme ont lancé une campagne pour exiger la libération immédiate des leaders pro démocratie congolais encore en détention. Parmi elles, se trouvent Amnesty international, la Ligue sénégalaise des Droits de l’Homme et Article 19.
«Quand l’Union africaine reste muette, quand les Etats africains et la communauté internationale se taisent, il est temps que les forces vives se mobilisent », lance le juge Seydi Gassama, président de la section sénégalaise d’Amnesty international.
« Dans le cas du Congo, c’est la liberté d’expression qui est en cause. La liberté de réunion qui est en cause. Ça, ce sont des libertés fondamentales, vitupère le militant. Or, manifestement, l’Etat veut, en intimidant ces jeunes, en les arrêtant et en les bâillonnant, tuer l’espoir qui était en train de naître. Et s’ils meurent au Congo, c’est tout l’espoir de l’avènement d’une vraie démocratie en Afrique qui va s’évanouir. », a ajouté le magistrat.
Appels à manifester le 30 avril
Fadel Barro, coordonnateur de « Y’en a marre », l’un des trois Sénégalais arrêtés le 15 mars, avant d’être expulsé vers son pays, a récemment déclaré n’avoir aucune nouvelle de ses camarades congolais. « Les autorités congolaises seront responsables de tout ce qui arrivera à ces jeunes- là », a prévenu Barro.
Ainsi, le 30 avril prochain, des rassemblements seront organisés devant des ambassades de la RDC dans de nombreux pays africains mais aussi en Europe pour exiger la libération des leaders pro démocratie congolais toujours en détention au secret à l’ANR. Une pétition est aussi en ligne à l’initiative de Y’a en marre pour exiger la libération de Fred Bauma, Olivier Munongo, Ben Kabamba....
Rappel des faits
Le 15 mars dernier, à l’issue d’une conférence de presse organisée à Kinshasa par plusieurs ONG congolaises (Jeunesse pour une nouvelle société (JNS), le Forum national de la jeunesse pour l’excellence (FNJE) et Lutte pour le changement (LUCHA) à .laquelle participaient plusieurs membres du mouvement sénégalais Y’en a marre et du collectif burkinabè Balai Citoyen, plusieurs militants ont été arrêtés. Le 18 mars, une manifestation réclamant la libération de ces militants de la société civile a de nouveau débouché sur des interpellations à Goma, chef lieu de la province du Nord-Kivu où dix étudiants membres de la Lucha seront arrêtés puis relâchés suite aux pressions des Ongdh. Le lendemain, les militants sénégalais et burkinabè arrêtés lors de la conférence de presse se verront expulsés.
Régression
Plusieurs membres de la coordination de la LUCHA ont été arrêtés le mercredi 8 avril à Goma, alors qu’ils manifestaient pour la libération des activistes détenus à Kinshasa et le respect des libertés publiques. Trois membres de la coordination de cette association sont toujours en détention. Sur Twitter, la LUCHA a donné les noms des trois personnes. Il s’agit de Trésor Akili, Vincent Kasereka et Gentil Mulume. Elle a par ailleurs dénoncé l’arrestation d’un cinquième membre du mouvement, Pascal Byumanine, qui selon elle, apportait de la nourriture aux détenus. Pascal Byumanine, qu’un journaliste de l’AFP avait pu voir dans la matinée dans un commissariat de Goma (retenu au poste pour les besoins de l’enquête, selon la police), a finalement recouvré sa liberté dans l’après-midi, selon la LUCHA.
En fait, les activistes participaient à l’action Coup de sifflet pour exiger la libération des activistes détenus à Kinshasa et le respect des libertés publiques.
La Lucha avait appelé le 1er avril la population congolaise à siffler ou à faire du bruit tous les soirs pendant cinq minutes à 17h00 GMT pour obtenir la libération de Fred Bauma et ses compagnons détenus par l’Agence nationale de renseignement depuis leur arrestation le 15 mars à Kinshasa.
Quid de la commission parlementaire ?
L’Assemblée nationale avait décrétée un huis-clos pour faire le point sur les conditions de détentions des leaders pro démocratie en détention au secret à l’ANR. A l’issue de cet huis-clos, une commission d’enquête parlementaire a été mise sur pied. Mais jusqu’à ce jour, aucun résultat.
Cette commission parlementaire est constituée de quinze députés désignés par leurs groupes parlementaires. Parmi eux Ambroise Kamukuni, Mohamed Bule, Jean Kimbunda, Jérôme Lusenge, Lumeya Dhu Malegi et Zacharie Bababaswe.
Pendant dix jours, ces parlementaires ont rencontré les différents services de sécurité qui sont intervenus dans cette affaire. Cette mission d’information a été mise en place à la suite d’une motion incidentielle du député Gilbert Kiakwama. Ce dernier, dont le fils est détenu en compagnie d’une dizaine d’autres activistes, avait appelé à leur libération. L’avocat de ces activistes, Me Sylvain Lumu Mbaya, a déposé le lundi 23 mars une plainte contre inconnu pour enlèvement, arrestation arbitraire, détention et perquisitions illégales ainsi que pour violation des droits garantis aux particuliers.
Par GKM