ELECTIONS « À BONNE DATE » - LA CENCO EN CAMPAGNE D’ÉDUCATION CIVIQUE

Vendredi 17 juin 2016 - 06:45

Après les opposants qui se sont retrouvés en conclave à Bruxelles, les 8 et 9 juin 2016, c’est le tour du clergé catholique d’entrer dans la danse. A la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), le décor se met en place pour une grande mobilisation de la population. Le premier acte s’est joué, le mercredi 15 juin 2016 au Centre Interdiocésain, avec le lancement de la campagne pour l’éducation civique et électorale. Pour les évêques, il s’agit de « sensibiliser la population à s’engager pour améliorer la situation actuelle du pays et accompagner le processus électoral quand il sera enclenché ». Jusqu’où ira l’Eglise catholique ? Difficile à prédire.

Le Potentiel

 

Après le conclave réussi de l’Opposition à Bruxelles, tout le monde avait les regards tournés vers l’Eglise catholique. Pour certains, en se mettant à l’écart de la vie politique tumultueuse de la RDC, l’Eglise catholique se rendait coupable de non-assistance à peuple en danger. Avec un processus électoral où la tenue des élections en 2016 paraît plus que jamais hypothétique, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) n’avait plus droit au silence.

Ainsi, profitant des réunions épiscopales prévues à la Cenco pour ce mois de juin 2016, l’Eglise catholique vient finalement de sortir de son mutisme. Elle promet de grandes actions d’éveil collectif pour mener le peuple à s’approprier son destin. Tout a commencé le mercredi 15 juin 2016, par le lancement au Centre Interdiocésain de la première campagne d’éducation civique et électorale.

Selon le draft de ce projet, dont une copie est parvenue à notre Rédaction, la Cenco précise qu’« initialement, il était question de mener une campagne d’éducation civique et électorale pour accompagner le processus électoral aux niveaux local, provincial et national. Au regard de l’évolution du contexte, nous avons estimé que, pour plus de pertinence, le thème général de notre campagne porte sur l’engagement citoyen ».

La Cenco en fixe aussi la finalité. « Par cette campagne, la Cenco compte sensibiliser la population à s’engager pour améliorer la situation actuelle du pays et accompagner le processus électoral quand il sera enclenché », lit-on dans ce document.

Prévue de s’étendre de mai en octobre 2016, la Cenco vise à amener « les citoyens et citoyennes à réfléchir sur la situation dans le pays » et à pousser « les personnes sensibilisées à faire entendre leurs voix sur la situation en cours dans le pays de manière non violente ».

Pour atteindre ces résultats, la Cenco a bien cerné les messages de cette première campagne à l’éducation civique et électorale. A cet effet, le document souligne que « la campagne consiste à susciter une réflexion sur les matières suivantes qui constituent le contenu des messages : les situations vécues ; les réactions actuelles de la population face à ces situations : passivité et/ou violence ; la violence comme forme d’engagement : milices, justice populaire ; la passivité et l’engagement ; la non-violence comme forme d’engagement ; la situation politique actuelle ( tiraillement pour des intérêts personnels) ; la palabre comme mode d’engagement non violent (compromis pour un processus électoral apaisé) ; l’enregistrement au fichier électoral, étape essentielle pour faire entendre sa voix pour un processus électoral apaisé ».

Pour faciliter cette réflexion, la Cenco s’appuie sur une équipe chargée, en cette première phase de campagne, de la mise en œuvre de ce projet. Les images préparées au niveau de cette équipe de campagne prennent en compte les situations vécues en milieux ruraux et urbains avec un focus sur les jeunes et les femmes.

Quant à la stratégie à mettre en œuvre pour la réussite de cette campagne, la Cenco pense organiser une formation en cascade de 50 formateurs diocésains dans les six (6) provinces ecclésiastiques (Kinshasa, Lubumbashi, Bukavu, Kananga et Kisangani), tout en associant une formation subséquente de 10 000 animateurs et animatrices. Concomitamment à cette série de formations, la campagne entend sensibiliser quatre (4) millions de citoyennes et citoyens à la base grâce « à la boite à images et la méthodologie VOIR, JUGER et AGIR ».

Comme canaux de sensibilisation, la Cenco prévoit de se servir de 80 radios communautaires émettant sur l’ensemble du territoire national.

Dans ses principes, « la campagne sur l’engagement citoyen vise à couvrir toutes les provinces du pays et atteindre quatre millions de citoyennes et citoyens, 40% des femmes et 30% des jeunes ». « Cette campagne sera menée à la base », promet la Cenco, c’est-à-dire les paroisses catholiques, les églises et les communautés des croyants, les associations et les organisations de base, les villages et les quartiers.

 

Le sens d’un engagement

La première phase de la campagne d’éducation civique et électorale de la Cenco n’est pas le fait. C’est une démarche qui s’inscrit dans une dynamique qui n’aura pour point de chute qu’est le changement. C’est tout le vœu du peuple congolais. Apparemment, la Cenco a pris tout son temps, avant de se lancer sur cette voie. Elle était sûrement à l’écoute des cris de désespoir du peuple.

Aussi, pour ce mois de juin où la Cenco a programmé une série de réunions épiscopales, l’Eglise catholique s’est enfin penchée sur les souffrances du peuple de la RDC.

Selon le site officiel de la Cenco, ses réunions statutaires ont débuté le mercredi 8 juin 2016 avec les réunions en commissions, soit du 8 au 10 juin 2016. Les évêques-présidents et membres des commissions se sont, par la suite, réunis avec leurs secrétaires respectifs pour évaluer les activités et discuter des questions relatives aux prérogatives des commissions, afin d’en faire rapport au Comité permanent.

La réunion du Comité permanent qui réunit les archevêques et les évêques-présidents des commissions s’est étendue du 1er au 17 juin 2016. Le Comité permanent sera suivi de l’assemblée plénière qui réunit tous les évêques de la RD Congo, prévue du 20 au 24 juin 2016. Ce n’est qu’à l’issue de cette assemblée que les évêques pourront s’adresser aux fidèles. Que sera la teneur de leur message ? On n’en sait rien.

D’ores et déjà, les résultats attendus au terme de cette première campagne d’éducation civique et électorale pour un engagement citoyen en vue de sauver la patrie en situation de détresse, présage d’un message piquant qui ne manquera pas de bousculer les choses dans la marche de l’Etat.

C’est dire qu’après le conclave des opposants à Bruxelles, les évêques ont décidé, à leur tour, d’apporter leur pierre à la consolidation de la démocratie congolaise. C’est, Bible à la main, que la Cenco entend donc mener le peuple à sa délivrance en vue, comme elle le dit dans son message de campagne, « d’améliorer la situation actuelle du pays et accompagner le processus électoral quand il sera enclenché ».C’est tout dire.