ELECTIONS OU DIALOGUE : LA MP EN POLE POSITION

Mardi 29 mars 2016 - 08:24

Depuis le week-end dernier, les 19 nouvelles provinces issues du démembrement en RD Congo ne sont plus acéphales. L’élection organisée samedi le 26 mars vient ainsi décerner l’attestation de naissance de ces administrations provinciales. Désormais, l’opinion nationale a son regard juché vers les différentes cours d’appel qui a la qualité de publier les résultats définitifs dudit scrutin. Question de respecter le rituel et de s’y conformer. En attendant, les analyses abondent. Les commentaires aussi.

Quelle leçon peut-on tirer du vote des Gouverneurs et vice-gouverneurs de 19 nouvelles provinces issues du découpage en RD Congo ? La question semble être facile pour quiconque prend le raccourci. Par contre, des esprits pointus vont bien au-delà des conjectures. Tout se dit ou presque. En témoignent, les différentes tribunes relayées par des tabloïds paraissant à Kinshasa. Recoupement fait, les auteurs de ces propos concluent que le jeu est joué.

L’ENJEU DES PERSPECTIVES POLITIQUES
16 postes sur les 19 à pourvoir à la tête de nouvelles provinces, soit près de 80% ont été remportés par la Majorité présidentielle. Motif de fierté (légitime ?) pour la Coalition au pouvoir ? Possible. Après l’organisation du vote et la publication de ses résultats le même jour, le débat ne porte plus sur les conditions de leur organisation. Bien au contraire, tout acteur politique averti devra plutôt scruter l’enjeu de ce scrutin par rapport aux perspectives à venir. De ce point de vue, plus d’un analyste politique pense que le jeu du pouvoir à venir se joue au niveau de la gestion des administrations provinciales.
Selon les auteurs de ces propos, le contrôle des admirations provinciales ou urbaines sera précieux dans les batailles à venir. 2016 est réputée une année électorale en RD Congo. Elle ne l’aura pas été moins pour bien d’autres pays africains. Le Bénin, la République du Congo, la République centrafricaine et le Niger ayant donné le ton. En ce qui concerne la RD Congo, la tenue effective des élections reste encore énigmatique. Principalement le scrutin présidentiel constitutionnellement prévu avant la fin du mois de novembre prochain. En attendant, la classe politique rd congolaise se trouve en face de deux hypothèses. La première est la tenue de cette élection dans le délai. La seconde hypothèse se rapporte à la non organisation de l’élection du successeur du Président sortant, Joseph Kabila.
Aura n’aura pas lieu, la présidentielle en RD Congo fait grand polémique. Va-t-on déjà droit au mur ? Quels sont les différents scénarii possibles ? Que se passera-t-il si la Commission électorale nationale indépendante (CENI) venait à organiser les élections, conformément aux échéances constitutionnelles ? A contrario, qu’adviendrait-t-il au cas où la Ceni, pour raisons de difficultés techniques majeures, se verrait dans l’impossibilité d’organiser la présidentielle dans le délai ? Voilà donc, les deux batailles des perspectives politiques à venir.
Quelle que soit l’issue à la crise politique (réelle ou apparente) actuelle, l’organisation de l’élection des Gouverneurs et vice-gouverneurs de nouvelles provinces couve un enjeu hyper important. Disons-le sans périphrase. A la première hypothèse que les élections aient lieu dans le délai, il parait bien clair qu’elles seront gérées par les administrations provinciales. Inversement aussi. En d’autres termes, s’il arrivait que les élections ne soient pas organisées à la date échue, ce sont encore les mêmes administrations provinciales qui auront la charge de gérer le pays. Et donc, dans l’un ou l’autre cas, seules les personnes étant proches du pouvoir auront à gérer l’après-Novembre 2016 prochain. Dans le contexte politique actuel du pays, les administrations provinciales joueront donc un rôle prépondérant. Cela, aussi bien en termes de mot d’ordre ou de mobilisation. Mieux que quiconque, tout acteur politique averti sait qu’on mobilise d’autant plus facilement l’arrière-pays que quand l’on y a placé ses hommes.
L’expérience renseigne qu’en Afrique, très souvent en période électorale, on relève le réflexe légitimiste de la population. Ici, on ne peut prétendre relever le moindre défi de la mobilisation si l’on n’a pas prise sur l’appareil d’Etat.
Les choses ne deviennent-elles pas plus compliquées, à partir du moment où l’on ne contrôle aucun levier du pouvoir ? A tout point de vue, les résultats de l’élection des Gouverneurs et vice- gouverneurs de 19 nouvelles provinces, placent la MP dans une bonne posture dans la perspective du nécessaire contrôle des administrations provinciales. Laurel KANKOLE