Fatou Bentsouda : «aucun enfant ne devrait vivre de telles horreurs»

Vendredi 13 février 2015 - 10:35

Procureur près la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, à l’occasion de la journée internationale contre l’utilisation des enfants soldats, soutenu qu'«aucun enfant ne devrait vivre de telles horreurs».
«Des milliers d'enfants de par le monde continuent à être utilisés comme soldats et à connaître les horreurs de la guerre. Au lieu d'avoir une enfance bercée de tranquillité et de joie, ponctuée de leçons et de jeux, les enfants sont bien trop souvent les premières victimes des conflits armés au cours desquels ils suivent des entraînements, sont contraints à tuer, violer, piller et à s'atteler à de durs labeurs physiques. Leur traumatisme devrait peser lourd sur notre conscience collective et nous ne pouvons continuer à l'ignorer», a-t-elle fait savoir.

Pour Bensouda, «le quotidien de ces enfants, garçons et filles, est tout aussi consternant que choquant. Ils sont envoyés dans des zones de combat où ils doivent lutter pour leur survie, au risque souvent de connaître une mort violente ; ils sont contraints d'assister à des actes innommables ou d'en commettre à l'encontre d'autres personnes, de militaires ou de civils, d'hommes, de femmes ou d'enfants, et parfois même contre des membres de leur propre famille. Ils peuvent être confrontés à des violences sexuelles horribles et en être victimes». «Au regard du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), le Procureur de cette institution a pour mission d'enquêter sur le crime de génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité – crimes qui heurtent la conscience humaine – et de poursuivre leurs auteurs. La conscription, l'enrôlement et l'utilisation d'enfants soldats figurent parmi les crimes les plus répréhensibles visés par le Statut de Rome», a-t-elle rappelé.

«La conscription dans des forces ou des groupes armés d'enfants âgés de moins de 15 ans, explique-t-elle, ne saurait être légalement reconnue par le Statut de Rome, pas plus que leur enrôlement de gré ou de force dans ces groupes. Ceux qui recrutent des enfants ou les utilisent aux fins de les faire participer à des hostilités commettent des crimes très graves et doivent rendre des comptes». Et de renchérir : «le droit doit constituer un pilier essentiel dans le cadre de la protection de tous les enfants dans les zones de conflit. À l'occasion de la journée internationale contre l'utilisation des enfants soldats, il faut, à l'échelle mondiale et pour tous nos enfants, renouveler notre engagement collectif à empêcher ces crimes et à mettre un terme à l'impunité de leurs auteurs. Il s'agit non seulement d'un impératif moral et d'une obligation juridique reconnue par le Statut de Rome, mais aussi d'une nécessité pour pouvoir garantir le succès des générations futures. Lorsqu'un crime est commis contre un enfant, c'est l'humanité toute entière qui est touchée».
LEON PAMBA