A New York, à la 69ème assemblée générale de l’Onu, Ban Ki-moon a présidé la réunion des chefs d’Etat de la CIRGL destinée à évaluer le niveau d’exécution de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et la question du désarmement volontaire des FDLR. C’est le sujet le plus sensible. On retient que ce Sommet a donné aux FDLR jusqu’au 2 janvier 2015 pour désarmer à l’échéance de l’ultimatum de la SADC.
Cette fois-ci, il n’y aura pas de prolongation. Mais, ils feront face au feu pour les contraindre. L’ancien Premier ministre du Rwanda sous Paul Kagame, Faustin Ntwagiramungu devenu opposant et en exil en Belgique, allié des FDLR, a donné de la voix hier sur cette position intransigeante de l’Onu.
Il s’inscrit en faux contre cette logique militariste nullement propice à favoriser la paix dans les Grands lacs. Pour lui, il faut une solution globale pour les 250 réfugiés rwandais vivant en Rdc et non seulement se focaliser sur les quelque 1.400 éléments des FDLR.
La proposition qu’il fait à l’Onu est de convoquer un « Sun City » rwandais pour trouver des réponses aux questions des refugiés, des FDLR ainsi que d’autres opposants politiques vivant en dehors du Rwanda. Ntwagiramungu ne comprend pas comment Kigali continue à traiter les FDLR de génocidaires alors que pour lui, le pouvoir FPR de Kagame avait massacré 300.000 réfugiés hutu en 1996 à l’est de la RDC.
UN GENOCIDE EN REGLE}
Il soutient mordicus que ces faits criminels qui s’apparentent à un génocide en règle dans le chef des autorités de Kigali sont étayés dans plusieurs rapports de l’Onu. Comme pour dire qu’en cette matière, le pouvoir rwandais n’a aucune leçon à donner aux FDLR.
L’Onu doit donc imposer la tenue d’un « Sun City » rwandais comme c’était le cas avec la guerre qui a déchiré la Rdc de 1998 à 2003. Cette proposition de l’ancien Premier ministre du Rwanda est rejetée du côté de la Rdc par Julien Paluku, le gouverneur du Nord-Kivu.
Pour lui, la place des FDLR, ce n’est pas en RDC mais au Rwanda, leur propre pays. Quant à l’idée de la tenue d’un « Sun City » à la rwandaise, il estime que les deux situations sont différentes. A l’époque, l’appel au dialogue lancé par les Congolais pour mettre un terme à la guerre était venu de l’intérieur et non de l’extérieur.
D’où il estime qu’il n’est pas indiqué que les FDLR exigent un dialogue avec leur pays à partir DE LA RDC. Tous ceux qui réclament un tel dialogue doivent d’abord rentrer au pays. C’est ce qu’il leur demande de faire avant toute chose. Ils ont indésirables au pays. Sera-t-il entendu ? Pas évident. Mais ce qui est sûr c’est qu’à l’ultimatum du 2 janvier, rien ne sera fait dans le sens de la reddition.
Du reste, sur le terrain où existent plusieurs groupes des FDLR, il n’y aucune communication sur l’ultimatum du 31 décembre. Les combattants ne connaissent pas son existence. Ce qui est à l’affiche, c’est l’ordre de leur hiérarchie les enjoignant de ne quitter le Nord-Kivu sous aucun prétexte.
PRETS A MOURIR L’ARME A LA MAIN}
Ce qui veut dire que ces miliciens hutu sont prêts à mourir l’arme à la main. Faut-il les suivre dans cette folie et aller au feu tête baissée tout en étant bien conscient que ce sont les populations qui en paieraient une fois de plus le lourd tribut.
La population aimerait tout sauf cette guerre là. Une guerre asymétrique entre un groupe armé qui opère en forêt et dans les tréfonds du parc des Virunga depuis 20 ans et une armée conventionnelle.
De telles confrontations durent des années. Au profit de qui ? De tous ceux qui ont besoin du chaos au Nord-Kivu pour reprendre l’exploitation illégale des ressources naturelles comme c’était le cas depuis 1994. Pourquoi alors dans ce cas ne pas explorer les voies de dialogue que propose Faustin Ntwagiramungu ?
Quand on sait que c’est la même Communauté internationale qui ne veut pas reconnaître sa responsabilité qui, en 1994, a imposé à la RDC d’ouvrir sa frontière pour laisser entrer des millions de Rwandais fuyant le génocide. On connaît la suite. Presque tous les Rwandais sont « transplantés » en Rdc inaugurant un cycle des déstabilisations sur sa façade orientale. Plusieurs fois le pays s’est retrouvé au bord de la balkanisation, toujours par l’Est. Mais la même Communauté internationale s’est toujours dérobée devant ses responsabilités. Elle refuse de comprendre que les FDLR sont bien la conséquence de ses actes. Et non de Kinshasa…KANDOLO M.