FLORENT IBENGE : ’’SI LE JOUEUR AU PAYS EST MOINS BON QUE CELUI QUI JOUE À L’EXTÉRIEUR, ON NE PEUT SÉLECTIONNER QUE LE MEILLEUR’’

Mardi 20 octobre 2015 - 06:00

Le coach Jean-Florent Ibenge des Léopards et de l’AS V. Club a réagi par rapport à l’actualité de l’heure. Au cours d’une interview, Ibenge évoque la prestation des Léopards lors de deux matches amicaux organisés en Belgique.

Engagé sur plusieurs fronts. Comment le coach Florent Ibenge gère-t-il son emploi du temps ?
Engagé sur plusieurs fronts c’est vrai, mais pas forcément tiraillé. Je veux dire qu’il y a 24 heures dans la journée, il faut être juste organisé. C’est vrai, ce n’est pas au jour d’aujourd’hui que je fais ça. Je me souviens avoir été entraîneur-joueur. Quand je jouais, j’entraînais aussi les enfants. J’ai toujours été engagé sur tous ces fronts-là, alors que j’étais encore étudiant. La seule fois que j’ai redoublé ma classe, c’est quand on m’avait supprimé le football. J’ai besoin d’être occupé moi-même. Et là, ça tombe très bien, puisque toutes les dates sont connues à l’avance. D’abord, les deux matches amicaux des Léopards livrés en Belgique. Et puis, ce match de l’AS V Club-DCMP. C’est vrai, cette rencontre n’aurait pu être programmée à cette date-là. C’était une date FIFA, normalement, elle ne devrait pas y avoir des matches en clubs. On a géré ça au mieux. Ça c’est superbement passé pour les Séniors, un petit moins bien pour moi avec V Club, puisque nous avons perdu avec le DCMP. Sinon, la gestion de ce temps ne pose pas problème.

Après l’organisation de deux matches amicaux organisés en Belgique, certaines langues disent que le coach Florent Ibenge est trop occupé, il serait mieux de laisser à ses collègues de l’Europe faire le travail.
Oui évidement, c’est toujours comme ça. C’est toujours ça, des rumeurs des ragots, ça continue toujours. Mais quand, on est arrivé en finale de la Ligue des champions de la CAF avec l’AS V Club, et quand on a remporté la médaille de bronze à Malabo avec les Léopards, personne n’avait parlé. C’est quand on a perdu à Bangui, que tout le monde a commencé à crier : il faut aligner des locaux, il faut faire ceci... Les mêmes joueurs qui ont perdu à Bangui, ont gagné contre le Nigeria et le Gabon. Maintenant, on ne parle plus. Il faut laisser les rumeurs et les ragots aller, et puis se focaliser sur son travail tout simplement.

De tous ces engagements, le coach Florent Ibenge peut-il nous quantifier en termes de pourcentage ses priorités ?
Il n’y a pas de pourcentage à faire. Quand on s’engage, c’est pour faire mieux son travail. Au sein de l’AS V Club, on a des objectifs : gagner la LINAFOOT se retrouver en phase de poules de la Ligue des champions de la CAF. Voilà l’objectif clair, net et précis. En équipe nationale, c’est de se qualifier pour le Rwanda, se qualifier pour le Gabon et se qualifier à la Coupe du monde 2018.

Avec un palmarès élogieux la saison dernière, médaillé d’argent en Ligue des champions de la CAF, médaillé de bronze à la CAN 2015, classé dans le top 100 de meilleurs entraîneurs du monde, Florent Ibenge peut-il rééditer l’exploit cette saison ?
On travaille. Le football maintenant, ce sont des résultats. Vous ne pouvez pas savoir ce qui se passe le lendemain. Le travail continue, on persévère, pour pouvoir faire mieux à chaque fois. C’est ce qui est intéressant, la progression. Maintenant vous direz que je vais faire les mêmes résultats. Je ne peux pas le savoir. Mais, ce que je peux vous dire, je travaille d’arrache-pied pour atteindre les objectifs qui me sont assignés.

Florent Ibenge se sent-il à l’aise sur le banc de l’AS V Club ou des Léopards ?
Les deux ! Je suis très bien sur le banc des Léopards. Je suis très bien sur le banc de l’AS V Club. J’ai eu la chance d’avoir de très bons collaborateurs chaque côté. Ça se passe bien. Aucun souci avec les joueurs de chaque côté. Tout va bien dans les deux côtés !

Pourquoi le coach Florent ne parvient pas à avoir une équipe type des Léopards encore moins de V Club ?
Ben ! Je ne comprends plus cette question depuis que je suis toujours là. Je crois que vous les journalistes, vous le faites exprès. Vous êtes là aussi pour véhiculer et éduquer la population. C’est toujours récurrent. C’est toujours la même question. Les gens disent que je change l’équipe tout le temps, quand vous regardez cette équipe, dites-moi quelle est celle qui change tout le temps ? On dirait qu’à chaque match, il y a 6 à 7 joueurs qui changent.Il y a un ou deux joueurs qui changent de temps en temps. Ceux qui restent titulaires le restent et ceux qui sont en balance changent un peu. Et puis, en fonction du match, évidement, on a certaines configurations. Je ne comprends pas pourquoi vous vous focalisez sur ça. Quand vous prenez l’équipe nationale ces derniers temps, on voit que maintenant que ça change, Kidiaba a été toujours titulaire, Issama l’a été aussi. Dans la charnière centrale, ils étaient à se battre sur ce poste, Mongongu, Kimwaki et Zakwani. 
A gauche, c’était toujours Kasusula. Au milieu, c’est Mulumbu et Mbemba et devant c’était Kebano. Quand Kebano se blesse, on change, c’est en fonction de blessure. Et devant, Bolasie a toujours joué, Mbokani quand il était là, il a toujours joué, en général, c’est Mabwati ou Mubele ou encore Bokila. Il y à peu près 9 titulaires dans l’équipe type. Et vous dites qu’à chaque fois l’équipe change. Je ne comprends vraiment pas cette histoire. A vous de me dire, dans tel match, 6 joueurs ont changé, tel autre 5, mais il y a deux joueurs qui changent, ça change quoi dans l’équipe. C’est quoi le problème ? Je ne sais pas. 
Dans l’AS V Club, c’est la même chose. Même si ça changeait où est le problème ? Ce sont les 11 joueurs qui entrent pour faire le résultat pour l’équipe. L’Atletico Madrid l’an dernier, c’est l’une des meilleures équipes européennes actuellement.Sur les 38 matches du championnat, il y a eu 37 compositions d’équipes différentes. Trente-sept, cela signifie à chaque fois, il y avait une équipe différente. Cela a posé problème à qui ? Il ne faut pas vous focaliser sur ça. Il y a une équipe, il y a 11 joueurs les plus compétitifs possibles qui entrent pour gagner. Sinon on revient sur les deux derniers matches des Léopards livrés à Visé près de Liege, en Belgique, puisque c’est moi qui ai fait la composition. 
La première ressemble à celle qui a joué à Bangui. Mbokani a joué à la place de Bakambu blessé. Ensuite, c’est Kimwaki qui était absent. L’idée, c’est de se qualifier pour la Coupe du monde 2018, sachant qu’il y a des joueurs qui sont en train de terminer leur carrière. Peut-être à l’horizon 2018, ils ne seront pas là. J’ai déjà commencé à titulariser Chancel Mbemba derrière, mais il faut savoir le remplacer au milieu du terrain. C’est pourquoi je fais appel à Remy Mulumba, lequel arrive petit-à-petit. Et on voit que Chancel Mbemba on ne l’a pas encore remplacé. Si je peux encore utiliser des gens derrière, avoir une bonne assise avec Chancel au milieu, je continuerai ainsi. Je ne vois pas le problème. Sur le deuxième match, j’ai changé Parfait Mandanda, parce que je voulais voir jouer Joël Kiassumbwa dans un bon match de très haut niveau. Ensuite, j’ai titularisé Kabananga dans son poste, parce qu’il est en forme et il joue la Ligue des champions de l’UEFA. Donc il méritait de jouer. J’ai aussi donné la chance à Botaka de démontrer ce qu’il est capable de faire. Si on ne teste pas un certain panel de son équipe, on reste démuni. Mais cette question, je ne sais pas si ça changerai un jour. Nous Congolais, nous avons une autre façon de voir le football.

Le coach Florent Ibenge s’est-il déjà rassasié de ses binationaux ?
Il n’y a pas question de se rassasier. La question, c’est de prendre les meilleurs congolais. C’est encore une question que je ne comprends pas. J’ai l’impression que les gens n’aiment pas le pays. Si le joueur qui joue au pays est moins bon que celui qui joue à l’extérieur, on ne peut sélectionner que le meilleur. C’est vraiment à la limite de la traîtrise. C’est l’équipe nationale qui doit en bénéficier ça. Moi, je me focalise sur la qualité.Si j’estime qu’il y a des joueurs qui peuvent venir nous aider, pourquoi leur fermer la porte ? Propos recueillis par Pascal Likana/CP