Grève des magistrats : un blessé au cours d’une manifestation dispersée par la police à Bunia

Mardi 11 novembre 2014 - 08:55

Deux manifestations de magistrats ont été dispersées par la police à coups de tirs à l’arme à feu lundi 10 novembre, d’abord devant la prison centrale de Bunia, en Ituri (Province Orientale), puis devant le palais de justice de la même cité. Un manifestant a été blessé. Les grévistes accusent le procureur de la République et le président du Tribunal de grande instance d’avoir ordonné aux policiers commis à leurs gardes de tirer. De leur côté, les autorités incriminées accusent les magistrats d’avoir tenté d’empêcher leurs collègues non favorables à la grève de travailler. Entre-temps, à Kinshasa, les syndicats appellent à un dialogue avec le gouvernement.

Tous habillés de leurs toges noir et blanc, les magistrats se sont rendus tôt le matin à la prison centrale de Bunia. Sur place, ils ont été dispersés à coups de feu.

Le directeur de la prison centrale accuse les grévistes d’avoir empêché une audience foraine du tribunal de paix de Bunia, dans laquelle siégeaient leurs collègues non favorables à la grève.

Même scénario au tribunal de grande instance, quelques temps après, où des coups de feu ont à nouveau retenti pour disperser les grévistes.

Un magistrat a été blessé au menton. Il accuse les gardes du corps du président du tribunal et ceux du procureur de la République du parquet de grande instance de Bunia d’avoir tiré sur eux à balles réelles.

De son côté, Alphonse Wonga Okongo, président du tribunal de grande instance, affirme que ce magistrat n’a pas été blessé par balle. Il accuse les grévistes d’entraver le travail de leurs collègues qui prestent.

«C’est un gros mensonge. Il y avait des gardes commis à notre sécurité, qui ont eu peur que des collègues magistrats venaient avec l’intention d’attenter à la personne physique du procureur et du président, raison pour laquelle nos gardes rapprochés ont tiré en l’air justement pour disperser les magistrats», a-t-il expliqué.

Pour sa part, le Procureur de la République, Hopeson Bafoa Liacthi, a promis des sanctions aux grévistes qu’il accuse d’indiscipline notoire.

Appel au dialogue

Une semaine après avoir été déclenché à Kinshasa, le mouvement de grève des magistrats s’intensifie dans les cours et tribunaux à travers le pays.

Au cours d’un regroupement de magistrats ce lundi au Palais de justice de Kinshasa, deux grands syndicats ont appelé au dialogue avec le gouvernement pour décrisper la situation.

Selon l’Intersyndicale des magistrats, des contacts sont pris avec les décideurs politiques pour la reprise des négociations suspendues en 2011.

«Nous sommes heureux d’informer l’opinion nationale et internationale que des contacts en informel sont pris avec les ministères sectoriels c’est-à-dire la justice, les finances, le budget, la Présidence de la république et l’Assemblée nationale pour que des engagements réciproques soient tenus», a assuré Thomas Otshudi, porte-parole de ce syndicat.

Il a par ailleurs recommandé à tous les magistrats grévistes de circonscrire leurs revendications dans le cadre syndical.

De son côté, le Synamac a interpelé les autorités congolaise afin de payer aux magistrats les 1 600 dollars qu’ils revendiquent et d’améliorer leurs conditions sociales.

Pour le vice-président de ce syndicat, la revendication salariale des magistrats fait partie de leur cahier des charges de 2011, et il en va de la responsabilité de tous les partenaires impliqués alors dans ces négociations entre le gouvernement et les syndicats des magistrats.

Les deux Syndicats ont aussi dénoncé la brutalité avec laquelle la police a dispersé une manifestation des magistrats à Bunia.

Le mouvement de grève des magistrats, déclenché lundi 3 novembre, paralyse les activités dans pratiquement toutes les juridictions du pays.