Habitat : ruée des Kinois vers l’achat de parcelles dans les communes périphériques

Vendredi 23 octobre 2015 - 11:35

Jeunes mariés, parents, associations des travailleurs, coopératives, entreprises, églises, tout le monde se tourne désormais vers la périphérie de Kinshasa pour s’acheter un lopin de terre pour y construire un chez soi ou pour investir dans l’agriculture. C’est le phénomène qui est à la mode à Maluku et N’Sele. A la base, l’absence d’espace vide dans les 21 autres communes de Kinshasa, la cherté du loyer couplé au diktat des bailleurs, la rareté des logements sociaux. Cette ruée de nouveaux acquéreurs de parcelles fait le bonheur des chefs coutumiers.

 

A Kinshasa, personne ne supporte plus le diktat des propriétaires des maisons en locations, les bailleurs. Tout le monde en a marre de leur diktat et surtout de leur cupidité, profitant de la faillite de l’Etat de faire respecter la loi en la matière et de disposer, pour ses populations, de logements décents en vue de leur épanouissement intégral. L’essence de l’habitat, c’est justement de permettre aux habitants de vivre dans les bonnes conditions en vue de s’épanouir normalement au plan physique, psychique et spirituel.

 

Ces conditions sont simplement foulées au pied par les rois de l’immobilier de Kinshasa. Ni le loyer ni la garanti locative, rien n’est demandé conformément à la loi. Les maisons mises en location ne répondent généralement pas à la norme, en tout cas, sont loin de garantir un meilleur développement de ses occupants. Alors que la loi sur le bail est largement à l’avantage des locataires.

 

Les Kinois qui ont jubilé lors du lancement du nouveau contrat de bail en octobre 2013 ont vite déchanté. Les Congolais prennent toujours de bonnes lois mais que l’autorité compétente n’applique simplement pas. C’est le cas du nouveau contrat de bail qui limite la garantie locative pour un usage résidentiel à 3 mois, celle d’un usage commercial à 6 mois, et le prix d’une location industrielle à 9 mois. Il dispose également qu’avant de contresigner le contrat de bail, les services de l’hygiène de l’habitat doivent visiter les lieux mis en location et attester par procès-verbal que ces lieux répondent aux normes de l’habitat. La garantie locative ne peut être’ réajustée en cours de bail. Le contrat de bail peut être conclu pour une durée déterminée ou indéterminée...

 

Aussi, pour garantir la stabilité du bail, le législateur a voulu que tout contrat conclu pour une durée indéterminée ne puisse être résilié avant l’expiration du délai minimum de trois ans sauf sur demande expresse du locataire. Toutes ces belles dispositions sont restées lettre morte, à quelque exception près. Tout se passe comme si ces lois n’existent pas. Pourtant, ce nouveau contrat de bail avait la vocation de jouer un rôle à la fois social, juridique, fiscal et statistique.

 

Faillite de la gouvernance

 

En dépit de ces dispositions, les conflits entre bailleurs et locataires restent interminables. A Kinshasa, le bail est généralement négocié entre bailleur et locataire sans respect des lois. Les deux parties ne se réfèrent à. l’administration municipale qu’en cas de conflit. Au point qu’aujourd’hui, excédés par le mauvais traitement des bailleurs, tous les anciens locataires ont remué ciel et terre pour devenir propriétaire, même dans des zones très éloignées du centre-ville. En effet, les prix de terrain sont bon marché dans les communes périphériques de la capitale, notamment à N’sele, Maluku et accessoirement à Mont-Ngafula.

Dans ces municipalités, le prix d’un terrain de 20 m sur 30 varie de l50 à 5000 Usd. Il y en a donc pour toutes les bourses. Les vendeurs sont soit des chefs coutumiers, soit des propriétaires privés à court de moyen pour exploiter leur concession. Ainsi, depuis une dizaine d’années des milliers de familles ont migré vers ces communes, envahissant, même des zones non habitables. Ces nouvelles quartiers qui reçoivent de nouveaux occupants n’ont souvent ni service d’adduction d’eau potable, ni installations électriques encore moins des services publics comme écoles, centres de santé ou autres postes de police. Il faudra parcourir parfois des kilomètres pour trouver une officine pharmaceutique. Plus grave, certains habitent même dans des zones marécageuses ou menacées d’érosion.

 

Tout ceci pour oublier le traumatisme chez des bailleurs véreux. L’Etat est, en grande partie, responsable de ce phénomène, en amont comme en aval. Kinshasa s’étend sur 10000 km2.

 

La seule commune de Maluku s’étend sur 8 000 km2 et celle de la N’sele 900 km2. Cependant, plus de 95% des Kinois sont concentrés dans les 22 communes qui représentent à peine 11% de la superficie totale de la capitale. Et donc, absence de politique de l’habitat.

 

Par AMEDEE MWARABU KIBOKO