2016 : l’Eglise catholique désamorce la bombe !

Jeudi 14 janvier 2016 - 13:21

De la manière la plus officielle, l’Eglise catholique a annulé les marches qu’elle avait projeté d’organiser le 16 février 2016 à travers tout le pays.

Dans un communiqué rendu public hier mercredi, la Cenco motive son annulation par la crainte de voir son action récupérée politiquement dans un climat préélectoral tendu.

 

Nicolas Djomo a adressé une lettre interpellatrice à tous les Evêques du pays. Il leur écrit ce qui suit : “Cette initiative a suscité des attentes contrastées et démesurées chez nos compatriotes. Les uns y ont vu une action citoyenne aux fins politiques, d’autres ont envisagé une contre marche à la même date … Le Saint siège nous a fermement recommandé de suspendre les initiatives qui peuvent être manipulées pour des fins politiques … Conscient du risque de récupération de notre initiative et d’affrontements éventuels entre manifestants, il nous a semblé judicieux de surseoir à cette marche ».

 

Presque prophétique

Ce dénouement n’étonne aucun analyste averti de la scène politique. Il était plus que prévisible. En effet, deux semaines avant l’actuelle position des évêques, Le Palmarès avait annoncé la capitulation de l’Eglise catholique. C’était dans notre édition n° 6124 du jeudi 31 décembre 2016.

Presque de manière prophétique, nous révélions en effet que l’Eglise fut la première à lancer l’idée d’une pression populaire, voulue citoyenne, pour 2016. C’est l’Eglise catholique qui a suggéré de saisir l’opportunité du 24ème anniversaire du massacre des chrétiens le 16 février 1992, pour manifester en faveur du processus démocratique en Rdc.

 

La suggestion de l’Eglise a très rapidement trouvé preneur au sein de l’Opposition qui a aussi fait du 16 février le point de départ d’une pression populaire continue.

 

Juge et partie

Mais voilà que le message du Pape François, à l’occasion de la Nativité, est Venu bouleverser toutes les données. Ayant bien compris l’appel du Saint siège, l’Eglise a décidé de rétropédaler.

 

A travers la Cenco, elle s’est engagée dans une série de consultations autour du Dialogue, qui s’annoncent longues. Tout est parti de la Majorité à travers son Secrétaire Général. Puis ont suivi des leaders d’Opposition dont ceux de l’Unc et du G7.

 

Dans sa nouvelle peau de facilitateur auto- proclamé; l’Eglise ne peut se permettre d’être à la fois juge et partie. Sa neutralité est absolument requise pour garantir le succès de la « Facilitation » qu’elle a entamé.

 

Il va donc de soi que toute action susceptible de compromettre le consensus tant recherché sera évitée. Tant qu’elle consulte et se bat pour faire aboutir le processus du Dialogue, l’Eglise ne saurait tenir sa promesse du 16 février. Promesse qui a du reste poussé la Majorité et ses troupes à stigmatiser l’Eglise et à commencer à se méfier.

 

Retour au plan initial

Tant qu’elle va continuer à consulter, à la suite de l’appel du Saint-Père, en vue de faire aboutir le processus du Dialogue, il sera hasardeux de se livrer à des actions visant l’indexation du camp adverse.

 

Il faudra à tout le moins attendre que la « Facilitation » de l’Eglise catholique débouche sur un échec pour revenir aux actions rouges définies dans le cadre du Front citoyen 2016.

 

Voilà pourquoi nous disons que l’Eglise catholique a imposé un temps d’arrêt au processus des manifestations populaires promises en guise de pression en faveur de l’alternance.

Par LP