Goma : L'ONG Mercy Corps accusée de détournement de l'aide publique dans la construction des infrastructures d'eau potable

Samedi 3 avril 2021 - 13:17
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Photo 7SUR7.CD

La fiabilité des infrastructures d'eau potable construites par l'Organisation Non Gouvernementale Mercy Corps International, à Goma dans le cadre du projet IMAGINE, continue d'être au cœur de tous les débats en ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, ainsi que l'utilisation des 36 millions de livres sterling (environ 42 millions USD) alloués à ce programme par la Grande Bretagne.

Dans une conférence de presse conjointement animée par le député provincial Jean-Paul Lumbulumbu, le notable Patrick Mundeke, la société civile et des mouvements citoyens le vendredi 02 avril 2021 à Goma, plusieurs éléments faisant état d'un détournement de l'aide publique par Mercy Corps ont été présentés à la presse.

D'entrée de jeu, le député Jean-Paul Lumbulumbu rappelle que le programme IMAGINE était destiné à construire 300 bornes fontaines dans les villes de Goma, Bukavu et Bunia dont 94 pour la seule ville de Goma, aujourd'hui Mercy Corps affirme avoir construit seulement 60 bornes.

Cet élu affirme cependant que ces infrastructures sont « fictives », car invisibles dans la ville de Goma et le projet qui a débuté en 2014 était censé prendre fin en 2019, mais se clôture en mars 2021, avec plusieurs malfaçons dénoncées notamment par la REGIDESO et « l'eau a coulé difficilement » dans la seule borne visitée par le gouverneur Carly Kasivita le 31 mars dernier lors de la réception des ouvrages.

Jean-Paul Lumbulumbu souligne qu'en février 2020, il a eu des informations faisant état de détournement dans cette ONG avec un plan « savamment monté avec trois phases dont : obliger la REGIDESO à céder la gestion et la commercialisation de l'eau à Mercy Corps pour le contrôle absolu d'une société créée et gérée par Mercy Corps et le transfert des parts sociales de Congo-Maji (société créée par Mercy Corps pour la gestion des bornes fontaines, ndlr), à une entreprise britannique (Entreprise for Impact, E4i), qui est fictive en RDC ».

Le 1er mars 2021, une question écrite avait été adressée au ministre provincial des ressources hydrauliques qui avait répondu que « les responsables de l'entreprise E4i doivent être interpellés par la province car non seulement que la démarche par laquelle ils ont procédé pour installer la société en RDC semble tortueuse, mais aussi sa façon de gérer Congo Maji semble opaque et escamote le rôle de la REGIDESO et de la province dans la gestion de l'eau [...] ».

« Le ministre (des ressources hydrauliques, ndlr) confirme qu'il y a détournement. Voilà pourquoi nous avons décidé de lui adresser une question orale avec débat. Ce jour-là devant la représentation du peuple, il va nous dire à quelle échelle il y a détournement. C'est le cas de la REGIDESO, qui confirme qu'il y a dilapidation des ressources affectées à l'amélioration de la desserte d'eau potable à Goma », a déclaré Jean-Paul Lumbulumbu, au micro de 7SUR7.CD.

Il affirme qu'en dépit de toutes ces irrégularités, le fait pour le gouverneur Carly Nzanzu Kasivita d'avoir participé à la réception de ces infrastructures, est « un acte de diplomatie et non de conviction envers la fiabilité des ouvrages de Mercy Corps ».

Pour rappel, Mercy Corps avait gagné un autre marché de construction de 55 bornes fontaines sur financement des États-Unis et de l'Italie ainsi qu'un autre projet dénommé « LIFT » d'environ 34 millions de dollars américains des États-Unis à travers USAID.

À ce jour, au moins 149 bornes fontaines doivent être identifiées à Goma. Mercy Corps a pour sa part, clôturé ses projets et affirmé avoir construit, dans le cadre du programme IMAGINE, deux réservoirs de 5.000 mètres cubes chacun, une soixantaine de bornes fontaines et 65 kilomètres de tuyauterie.

Glody Murhabazi, à Goma