Crise de Minembwe : Le général Bob Ngoie (33e brigade), est-il en mesure de répondre aux attentes de la population meurtrie ? (Jacques Murinda)

Mardi 22 juin 2021 - 10:07
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Le feuilleton qui a causé le voyage urgent du général Bob Ngoie à commencer le dimanche 12/06/2021 à l’aube; une cinquantaine des FARDC ont encerclé la maison d’un paisible citoyen congolais Banyamulenge de Minembwe (Rutebuka Bonfils); Ils ont procédé à son arrestation, ainsi que celle de sa femme et de son bébé de 11 mois).

Ils les ont tous amenés au quartier général de la 12e brigade (Fardc) où ils ont été enfermés dans un conteneur servant de cachot sans aération et sans aucune autre forme de procès. Ce qui étonne, ce que cette arrestation enfreint aux lois d’interpellation des prévenus et aux règlements en vigueur en RDC.

Selon les allégations de la 12e brigade FARDC madame Penina (épouse de Mr Rutebuka) aurait acheté une arme à feu auprès d’un militaire en positionnement à Minembwe, Si cela s’avérait vrai, pourquoi les FARDC arrêteraient l’acheteuse et son nourrisson et oublieraient le vendeur (qu’elles disent être militaires en fonction sur place)? L’alibi avancé par la 12e brigade en ce qui concerne cette arrestation ne tient pas debout parce que la mafia chargée de la vente d’armes et de munitions au mai mai a désormais un nom, une face, un mécène; faudra-t-il encore signaler que les bénéficiaires sont aussi bel et bien connu. Le mécène, l’homme à double face, le tireur de ficelles est démasqué, il s’agit du général Muhima Dieudonné ((l’ex-commandant de la 12e brigade). Il a été cité par le rapport recent des Nations Unis du 10/6/2021 qu’il vendait des armes aux groupes mai mai pour tuer et piller la Communauté Banyamulenge.

Comme à l'accoutumé, les commandants sur place changent mais les pratiques ne changent pas; il serait important de savoir s’il n’a pas légué cette tâche à son prédécesseur parce que selon notre expérience ces genres de pratiques font parti de la politique de la 12e brigade FARDC.      

La vérité est que l’arrestation de la famille Rutebuka qui s’est faite nuitamment ressemblait plutôt à un holdup parce qu’elle défie tout entendement (50 militaires armés envoyés pour arrêter une famille) et le respect des droits humains. Les méthodes utilisées par les FARDC locales à Minembwe reflètent les vises d’un État policier et partisan qui pratique double standard lorsqu’il s’agit des Banyamulenge et manipule les communautés locales en armant les milices mai mai pour se liguer contre une partie de la population congolaise (les Banyamulenge).

Le Fameux, conteneur dans lequel la famille Rutebuka s’est retrouvée incarcérée est métallique ; l’aération à l’intérieur est trop limitée, elle enregistre des fluctuations dangereuses de températures ; la nuit, la température tombe au degré de congélation (10 degrés Celsius) ; la journée le conteneur devient une fournaise à 45 degrés. Ce qui explique le fait que le lendemain de l’arrestation la famille nous a informé que le bébé est tombé malade après avoir passé une nuit au cachot conteneur.

Les bévues de la 12e brigade contre les Banyamulenge ne sont pas nouvelles ; rappelons que c’est dans le même conteneur qu’un jeune Banyamulenge (Alexis Mugisha) est mort en mars 2021. Il y a une plainte active en justice déposée par sa famille contre le général Muhima Dieudoné. Le même mois de mars 2021 un autre jeune Banyamulenge Martin Nzivugira a été kidnappé et tué par un groupe de militaires de la même brigade; il n’est même pas arrivé en prison ; son corps sans vie a été retrouvé après quelques jours jeté dans un ravin des environs.  

Ce n'est pas la première fois que nous dénonçons les arrestations extrajudiciaires et les transferts à Bukavu, à Goma et à Kinshasa des Jeunes Banyamulenge arrêtés arbitrairement. Nous déplorons cependant le fait que le général Muhima (ex-commandant de la 12e brigade) FARDC à l’ époque, n’a jamais était rappelé pour répondre de ses exactions et de ses crimes ciblés commis contre les Banyamulenge par lui-même et les hommes sous leur commandement.  
L’inaction du régime actuel à Kinshasa contre les responsables (12e brigade) de crimes ciblés est  interpretée comme un soutien à la pratique de la politique de double standard qui favorise l’impunité et est en train de mettre en place un système des intouchables qui se croient être au-dessus de la loi.              

Le même jour de l’arrestation arbitraire de la famille Rutebuka, les femmes Banyamulenge de Minembwe ont commencé un sit-in devant la résidence de généraux Gaby Bonswane et Patrick Opia et à l’aérodrome de Minembwe pour protester contre son arrestation arbitraire.

Les manifestations pacifiques (sit-in) récentes des mamans sont l’expression de l’oppression de l’armée contre la communauté Banyamulenge. Les mamans en ont marre de voir leurs maris, fils, et enfants arrêtés injustement, leurs cris et pleurs ne sont pas entendus, ceux qui devraient leur venir en aide s'allient avec les assaillants mai mai où ils font la sourde oreille. Le sit-in est un message fort aux autorités de Kinshasa, une manifestation pacifique contre une brigade traîtresse qui profite de toute occasion pour détruire la communauté Banyamulenge. Un message qui dit sans l’énoncer la force des mamans même meurtries, un message de courage qui fait trembler les officiers entourés des milliers d’hommes armés, un message d’espoir et de foi, un message annonciateur d’un courage qui ne recule pas devant les fouets et les canons des armes lourdes comme ce fut le cas à Tiananmen square en 1989. Le changement qu’on le veuille ou pas va arriver.  
    
Comme nous l’avons toujours dit, l’arrestation de la famille Rutebuka n’est pas un cas isolé, la 12e brigade s’est dérobée de sa mission de ramener la paix dans cette contrée du pays; elle a réduit son rôle au harcèlement et à l’ emprisonnement des Banyamulenge. Si les mamans ont pris la première ligne de défense contre la persécution de l’armée, toute la population Banyamulenge des hauts plateaux d’Uvira, Fizi et Mwenga en a marre du harcèlement et du double standard (traitement différentiel) de la 12e brigade contre les Banyamulenge.
Rappelons que neuf étudiants de Bukavu croupissent dans les geôles de Kinshasa depuis de mois sans avoir l’occasion de plaider leurs cas devant le juge. Leur seul crime, c'est d’être nés Banyamulenge. Ils ont été arrêtés en provenance de Bukavu en partance en vacances. Ils ont rejoint sept autres jeunes détenus à Kinshasa faisant un total de seize détenus sans condamnations. 

Les 16 Banyamulenge détenus à Kinshasa sont; BIGINA BITITI Alexandre, BIRORI MFATANEZA Michel, FREDDY RUGANURA Ruhumuziza, NGABIRE NYAMISATI, BAGIRISOKO RUGORORA William, BUKURU ZABEDAYO BISUKA, RWIZIHIRWA Kazigaba, KABIRIGI, MUGUNGA James, ZAKARIYA SEKUNZI Bonheur, SERUGO Mugenza Magistrat, NGOMA Rushimangabo, RUBERWA Livingston, RUBIBI Benjamin, NDAKIZE, BOWAZI Mutegetsi.

Bien plus, cinq jeunes Banyamulenge sont prisonniers à Goma dans les mêmes conditions. Il s’agit de Niyongabo Eddy, Rukinisha Félix, Iranzi Prince, Bienvenue Samson, Byiringiro Gihunjenge. 
          
Nous remercions le général Bob Ngoie commandant pour le fait d’être intervenu pour libérer madame Penina et son bébé, Nous deamandons au gouvernement si vraiment; ils veulent faire la différence et décanter la situation, de s’investir dans le processus de travailler avec la population, gagner sa confiance en commancant offrir la protection aux Banyamulenge et à toutes les autres communautés du sud sud-Kivu et de libérer tous les jeunes Banyamulenge détenus injustement sans condamnations. Notons que certains d’entre eux ont déjà fait plus d’une année en prison sans avoir eu l’opportunité de voir un juge.
 
    
Jacques Murinda                                             Vice President Mahoro Peace Association