Le parc des Virunga est unique en son genre pour plusieurs raisons. Premier Parc national d'Afrique en 1925, il abrite les mondialement connus gorilles de montagnes, endémiques de la région, ainsi que beaucoup d'autres espèces. Mais au-delà de la beauté des paysages et de la richesse de la faune et de la flore, le parc est l'hôte d'une chaîne de volcans légendaires pour les volcanologues comme les amateurs avec notamment le plus actif d'Afrique, le Nyiragongo.
Celui-ci a encore fait parler de lui récemment avec une éruption volcanique d'une rare puissance. Pourquoi donc ce volcan fascine-t-il autant les spécialistes ? Qu'est-ce qui le rend si unique au sein d'un parc déjà mondialement reconnu ?
Un volcan unique au monde
Dans le petit monde de la volcanologie comme dans tous les autres, il y a les stars. Le Nyiragongo est incontestablement l'une d'elles parmi les volcans. Aussi actif que puissant, il possède le plus grand lac de lave au monde qui s'est vidé en 1977, laissant échapper des coulées de lave sans interruption pendant des décennies. De nos jours, il est à nouveau rempli. La ville de Goma et les environs ne sont donc pas à l'abri d'un coup de colère de la montagne ardente. Le 22 mai dernier, elle s'est réveillée, déversant sa lave si particulière. En effet, les volcanologues ont observé une lave plus « liquide » que la moyenne. Cette fluidité peut s'avérer mortelle, car avec une densité plus faible, elle est plus coulante et peut ainsi atteindre des vitesses incroyables, presque 100 km/h selon certains spécialistes.
Avec cette irruption, c'est tout un pan de la faune et de la flore de ce refuge naturel qui est menacé, mais aussi bien au-delà. Heureusement, la conscience collective est devenue très attachée à la question de la préservation des espèces et de leurs milieux naturels. Les événements comme le Jour de la Terre remettent la question environnementale sur le devant de la scène. Mais si nous pouvons contrôler notre comportement pour ne pas polluer, nous ne pouvons rien face à la force de cette même nature. Et quand on parle du Nyiragongo, le mot force n'est pas usurpé.
Après l’éruption, le lac inquiète
Depuis longtemps, les populations de Goma et de ses alentours connaissent le courroux rapide et terrible de « celui qui fume ». Cette fois-ci, des deux coulées qui se sont échappées du volcan, une est partie en direction de la ville, mais elle s'est arrêtée juste à la lisière de la ville. Il n'en reste pas moins que dans son sillage, la lave a tout brûlé. Animaux, fermes, infrastructures, rien ne peut résister à cette marée incandescente et Goma compte déjà les pertes. L'eau comme l'électricité ont été coupées, les tuyaux d'eau ont heureusement été réparés. Les habitants, habitués à de telles situations, ont évacué la ville, notamment les faubourgs extérieurs avant les coulées suivant l'éruption. Aujourd'hui de retour, c'est un autre danger qui guette selon les volcanologues. L'activité volcanique allant jusqu'au-dessous du Lac Kivu, les spécialistes craignent la rencontre entre l'eau et la lave qui pourrait provoquer une montée de gaz toxique touchant tous les habitants autour du point d'eau, au-delà des frontières.
Observer pour mieux comprendre
L'heure est donc à l'observation attentive du géant de feu, joyau de l'Afrique, et montagne la plus ardente du continent. Mais l'heure n'est pas à l'admiration. Plusieurs scénarios sont à l'étude pour répondre à une prochaine éruption ou une montée de lave sous le lac. Dans les deux cas, une large partie de la population de Goma devra être évacuée. Pour les volcanologues rwandais, cependant, l'alarme n'est pas encore au rouge concernant les problèmes de gaz toxiques pouvant provenir du lac.
Pour ce qui est du parc national, les gardes forestiers et les chercheurs assurent surveiller les populations animales vivant dans les environs. Il est malheureusement trop tôt pour un bilan complet des dommages de l'éruption sur la forêt et ses habitants, mais les autorités affirment que le nécessaire sera fait.
Bien plus qu'un simple volcan, le cœur du Nyiragongo et ses caractéristiques uniques dictent le rythme de vie à la région entière.