Les tirs croisés qui s'enregistrent depuis quelques jours entre les autorités militaires et les députés provinciaux du Nord-Kivu au sujet de résultats de l'état de siège alimentent toujours les débats, essentiellement au sein des forces vives et sociales en province.
Dans un communiqué publié ce jeudi 19 août 2021, le Baraza intercommunautaire a exprimé sa vive préoccupation, estimant que cette tension risque de détourner les parties prenantes de leur mission commune, qui consiste à travailler pour le retour de la paix dans l'Est.
« Nous sommes intrigués par la tension qui persiste entre les autorités militaires et les députés provinciaux. Nous considérons ce bicéphalisme comme un frein aux résultats de l'état de siège », écrit-il le Barza intercommunautaire.
Pour cette structure sociale regroupant toutes les communautés, cet affront est entre autres lié à l'absence d'une étude de faisabilité et une planification réaliste en amont de la proclamation de l'état de siège mais aussi de la mauvaise compréhension de cette mesure du chef de l'État par les militaires, les policiers, les députés et les forces vives.
Parmi les causes de cette tension, le Barza intercommunautaire évoque également le statut-quo observé dans la situation sécuritaire après 6 prorogations de l'état de siège ainsi que les discours et calomnies entre les autorités militaires et les députés qui s'accusent mutuellement d'entretenir les groupes armés, pour les uns et de ravitailler les groupes armés en munitions, pour les autres.
Partant de cette situation, le Barza intercommunautaire invite les autorités militaires et les députés provinciaux à « mettre fin à leurs discours et déclarations incendiaires pour donner la chance à l'aboutissement heureux de l'état de siège et à se rencontrer pour une évaluation sincère assortie de résolutions fructueuses ».
Le lundi 16 août dernier au cours d'une émission à la Radio FARDC à Beni, le général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu, a pointé d'un doigt accusateur les députés provinciaux d'entretenir les groupes armés, parce qu'ils réclament la fin de l'état de siège.
Mais, dans une déclaration faite le mardi 17 août 2021, les élus provinciaux ont qualifié ces propos « d'une sortie médiatique ratée qui traduit le manque de respect au peuple ».
Isaac Kisatiro, à Butembo