Le débat fait rage en République démocratique du Congo depuis que le gouvernement a annoncé une hausse « historique » des réserves de change qui ont atteint 3,3 milliards de dollars américains. Une certaine opinion s'interroge sur l’impact, notamment social de cet accroissement des devises.
Pour savoir à quoi servent les réserves de change, 7SUR7.CD a donné, le dimanche 19 septembre 2021, la parole au professeur d’économie et ancien premier ministre, Evariste Mabi Mulumba.
Pour ce scientifique, l’augmentation des réserves ne signifie pas que l’économie se développe. Pour preuve, a-t-il démontré, seules 4 provinces sur les 26 que compte la RDC sont en état de s’auto-suffire. Les autres vivent de la rétrocession, a expliqué cet ancien ministre des finances.
Pour lui, l’augmentation des devises n’y changera rien.
« Ce qu'il faut savoir, ce que le fait que les réserves de change augmentent ne détermine pas qu'on est une economie qui se développe. On commet souvent l'erreur, en croyant que lorsque les réserves de change augmentent, c'est qu'il y a eu un progrès. Mais lorque nous recourons au fondamental, à l'heure actuelle, on prend toutes nos provinces, il n'y a que 4 qui peuvent vivre d'elles-mêmes. Les autres vivent de la rétrocession », a affirmé le professeur Mabi Mulumba.
Il a reconnu, cependant, l’importance des réserves internationales dans la stabilisation de la monnaie nationale, le franc congolais, et le paiement du service de la dette publique (capital et intérêt).
« Si les réserves de change ont réellement augmenté, ça signifie que la BCC (Banque centrale du Congo) a maintenant la possibilité de stabiliser la monnaie. Nous sommes dans un système du taux de change flottant ou flexible. Ce qui fait que quand les cours tendent à se déprécier, la BCC vend des devises pour permettre les importations. Donc, les réserves de change servent également à stabiliser la monnaie, et éventuellement à payer aussi les dettes extérieures quand l'échéance arrive. Ce sont des devises que l'on détient à l'excédent, qu'on peut utiliser au moment où les cours baissent ou l'on doit faire face au paiement à l'extérieur. Quand les réserves de change augmentent, cela contribue à la stabilité de la monnaie, à la stabilité du taux de change. », a dit le professeur Mabi.
L’augmentation des réserves contribue donc à la stabilisation du cadre macroéconomique. De ce fait, il protège le pouvoir d’achat des Congolais en évitant la dépréciation de la monnaie nationale face aux chocs exogènes ou endogènes.
Orly-Darel Ngiambukulu