Intégration socioprofessionnelle des sourds : La ministre Esambo veut doter la RDC d'une langue des signes uniforme

Dimanche 26 septembre 2021 - 09:20
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Photo 7SUR7.CD

Le monde entier célèbre le 23 septembre de chaque année la journée internationale des langues des signes. En République Démocratique du Congo, cette journée a été célébrée le samedi 25 septembre 2021.

À cette occasion, la ministre déléguée près le ministère des Affaires sociales en charge des personnes vivant avec handicap a organisé ce jour, une séance de restitution des travaux d'harmonisation et d'uniformisation de la langue des signes démarrés depuis le 07 août dernier au Collège Boboto à Kinshasa.

Ces travaux vont bon train et devront déboucher sur l'élaboration d'un dictionnaire de la langue des signes propre à la RDC, qui sera présenté officiellement le 03 décembre de cette année, dans le cadre de la célébration de la journée internationale des personnes handicapées. 

D'après la ministre déléguée près le ministre des Affaires sociales, l'objectif ultime est de permettre l'intégration socio-professionnelle des personnes sourdes, en faisant de cette langue la 5ème sur le plan national après le Swahili, le Kikongo, le Luba et le Lingala. 

"Dans des estimations, on nous dit que plus au moins 2 millions de personnes en RDC sont sourdes. Alors, vous comprenez 2 millions de personnes les mettre à l'écart parce qu'elles ont un problème de communication, c'est vraiment de l'injustice. Voilà pourquoi nous voulons que cette langue devienne la 5ème langue. Pourquoi la 5ème langue ? Ça va permettre à ces 2 millions de personnes qui sont des personnes sourdes d'avoir un moyen de communication avec l'ensemble de notre peuple. Et ça, ça demande que cette langue soit promue, qu'il y ait des stratégies pour l'apprentissage de cette langue, notamment l'éducation", a déclaré la ministre Irène Esambo. 

Et de renchérir : "Nous nous prenons l'option de faire de cette langue l'une des langues nationales au même titre que les 4 que nous avons. Cela ne nous empêche pas d'avoir les dialectes, nous avons toujours une dialecte mais nous avons toujours 4 langues nationales. C'est ce que nous voulons. C'est dire quoi ? La langue est un patrimoine culturel et quand vous  regardez par rapport à nos 4 langues qui existent déjà, ces langues là tirent leurs valeurs de notre patrimoine culturel. C'est la même chose, c'est pourquoi tout le temps que nous avons réuni les experts ; les personnes sourdes et les interprètes pour construire cette langue, nous avons regardé dans les aires culturelles congolaises". 

Le souci de ce membre du gouvernement Sama Lukonde est que cette langue soit utilisée dans tous les domaines de la vie en RDC, entre autre, l'éducation.

"Nous voulons que cette langue intègre le secteur de l'éducation. C'est pour cela, vous avez vu dans notre méthodologie de travail, au même moment que nous développons la langue des signes, nous sommes également en train de travailler dans le secteur de l'éducation pour que l'éducation soit ouverte à toutes les catégories d'enfants. Que ce soit les enfants sourds, les enfants handicapés, les enfants qui n'ont pas d'handicap, tout le monde peut être à même d'y accéder. Parce que nous parlons de l'éducation inclusive. Comment pouvons-nous parler de l'inclusivité du moment qu'il y a plus de deux millions de personnes qui ne savent pas accéder à l'éducation ?", s'est interrogée la ministre Irène Esambo. 

Pour mener à bon port ce projet, la ministre déléguée près le ministre des Affaires sociales chargée des personnes vivant avec handicap a appelé à un accompagnement matériel et financier des partenaires techniques et financiers de la RDC. 

Selon les informations fournies à la presse par des experts du ministère en charge des personnes vivant avec handicap, le dictionnaire de la langue des signes de la RDC compte déjà 2500 mots. L'objectif est d'atteindre 6.000 mots d'ici décembre 2021 en vue de sa présentation. Après l'étape de son élaboration, s'en suivra la vulgarisation et la formation des sourds, mais aussi d'interprètes pour une meilleure uniformisation de la langue des signes au pays. 

Prince Mayiro