Avec 60 à 80 % des réserves mondiales de coltan, la RDC est appelée à régenter le marché international des 3 T. Mais, l’exploitation de ce minerai qui y demeure encore artisanale s’avère un handicap. D’où le pari de Congo Fair Mining (CFM), né d’une joint-venture entre CDMC/Entité de traitement et SAKIMA, de passer de l’exploitation artisanale à celle industrielle, avec in fine l’érection d’une raffinerie en vue de la production de la poudre de tantale sur place au Congo. Coût de l’investissement USD 75 millions.
Ministre congolaise des Mines, Mme Antoinette N’Samba Kalambayi a été informée officiellement de l’initiative congolo-congolaise de passer de l’exploitation artisanale des 3T à celle industrielle. DG de CFM et de CDMC (Coopérative des Artisanaux Miniers du Congo)/Entité de traitement, Serge Mulumba Kalambayi s’en est fait le devoir au cours d’une audience qui lui a été accordée jeudi 23 septembre dernier par le N°1 des Mines dans son Cabinet de travail situé au 4ème étage de l’immeuble du Gouvernement sur la Place Royal à Kinshasa-Gombe. Il était entouré à l’occasion de Fidèle Basemenane, DG de SAKIMA (Société Aurifère du Kivu-Maniema), et de John Crowly, partenaire de CDMC et DG de KISENGO MINING dans le Tanganyika.
Né d’une joint-venture signée en 2020 entre CDMC/Entité de traitement et SAKIMA, CFM s’emploie à gagner le pari de l’exploitation industrielle du coltan, en ce compris les autres minerais liés, à savoir l’étain et le wolframite. Cela en construisant une usine moderne dans le Nord-Kivu pour la production industrielle du coltan, sur le modèle de celle de KISENGO MINING à Kinsengo, dans la province du Tanganyika. Par la suite, une raffinerie sera érigée en vue de la production de la poudre de tantale, produit fini, sur place en RDC. Ce qui va contribuer, notamment, à la maîtrise du flux des minerais sur le territoire national, à la création des emplois, à l’introduction des nouvelles technologies, à la réduction sensible des coûts de transport, et à plus de valeur ajoutée. De la sorte, la RDC, avec 60 à 80 % des réserves mondiales de coltan localisées dont le Kivu constitue le grand réservoir, pourrait régenter le marché international des 3 T.
Le coût de ce projet est de USD 75 millions, dont 19 millions pour la première phase et 45 millions pour la deuxième phase. Les études de faisabilité sont fin prêtes et celles géologiques vont bientôt démarrer pour se rassurer de la puissance des gisements afin de garantir le traitement de 100 tonnes de minerais par jour aux fins de la rentabilité. CFM, a dit son DG Serge Mulumba Kalambayi, ne compte pas uniquement sur ses propres efforts. Il a besoin de l’accompagnement de l’Etat congolais, à travers notamment les ministères des Mines, du Portefeuille, de l’Industrie, du Commerce extérieur, voire du FPI (Fonds pour la Promotion de l’Industrie ; requête réitérée par le DG de SAKIMA. Il pense que ce projet répond au vœu du président Félix Tshisekedi Tshilombo de voir des Congolais se mettre sur l’orbite des millionnaires.
Ministre de tutelle, Mme N’Samba Kalambayi a rassuré ses hôtes du soutien du Gouvernement, à travers son ministère, enclin à moderniser l’exploitation et la gestion des mines afin de doter le pays des ressources nécessaires pour répondre aux besoins des populations et du développement du pays. Exprimant son espoir au vu de l’expérience que draîne la CDMC, de la coopérative à une entité de traitement viable, elle les a invités à travailler dans la transparence en ayant comme boussole et livres de chevet les Code et le Règlement miniers.
Pour mémoire, la CDMC a commencé comme coopérative des 3 T dans l’ex-Katanga depuis 2009 et a contribué activement à la campagne «Raise Hope for Congo» qui a débouché sur l’enlèvement de l’étiquète «minerais de sang» collé en son temps au coltan congolais afin d’être admis sur le marché international. Entité de traitement par la suite, elle s’est installée en 2017 à Goma, au Nord-Kivu, puis à Bukavu, au Sud-Kivu. Depuis 2020, elle est la première productrice et exportatrice du coltan en RDC avec plus de 100 tonnes de coltan par mois.
Alphonse Muderwa