Nord-Kivu : Pour l'église catholique, la gratuité de l'enseignement ne doit pas dépendre de l'enveloppe de la Banque Mondiale, "qui est une dette"

Jeudi 7 octobre 2021 - 07:29
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Photo : Droit tiers

L'église catholique du diocèse de Butembo-Beni au Nord-Kivu, a clairement pris position par rapport à la gratuité de l'enseignement établie au pays par le gouvernement congolais depuis septembre 2019.

À travers une déclaration tranchée le dimanche 4 octobre dernier, monseigneur Paluku Sikuli Melchisédech a soutenu que cette gratuité devrait essentiellement reposer sur des ressources du pays, plutôt que sur des endettements.

Pour le pasteur de l'église catholique à Butembo-Beni, le gouvernement congolais devrait préalablement rentabiliser les riches du pays avant de lancer la gratuité. Il prévient ainsi ceux qui espèrent construire le pays grâce aux dons des multinationales.

« Qu'on ne trompe pas les gens. La gratuité, la vraie, devrait venir de l'exploitation des richesses que regorge le Congo et que cela soit mis à la disposition de la population et non pas les laisser brader par des étrangers. On a parlé d'une enveloppe de la Banque Mondiale, c'est une dette. Donc, je crois que ce n'est pas avec ça qu'on peut nous dire qu'on va faire la gratuité dans un pays. On ne peut pas construire le pays avec des multinationales ou avec des ONG alors que nous sommes assis, nous marchons sur des richesses dans notre pays », a-t-il prévenu en marge de la messe célébrée en mémoire de monseigneur Emmanuel Kataliko, le dimanche dernier.

Un message exprès que le prélat catholique semble adresser aux autorités congolaises qui se félicitent régulièrement de la réussite de la gratuité de l'enseignement.

Il sied de dire que l'évêque du diocèse de Butembo-Beni s'est prononcé sur la question la veille d'une rentrée scolaire tumultueuse à la suite d'un appel lancé par les syndicats des enseignants qui mobilisaient déjà pour le boycott de la reprise des cours.

D'ailleurs, depuis le lundi 5 octobre dernier, les cours n'ont toujours pas encore débuté dans la plupart des écoles publiques du pays.

Dans une interview à 7SUR7.CD le mercredi 6 octobre 2021, le secrétaire provincial du Syndicat des enseignants catholiques (SYNECAT) en province éducationnelle Nord-Kivu 2 a insisté que la rentrée ne pourrait être effective que quand le gouvernement aura accédé à leurs revendications, celles de voir améliorées leurs conditions salariales, notamment.

Un mouvement de grève condamné par le ministre de l'EPST Tony Mwaba, qu'il qualifie d'ailleurs « d'illéale, d'infondée et de sans préavis ».

Isaac Kisatiro, à Butembo