Dossier Barrage de Sombwe : Le cabinet OEMS dénonce un "acharnement" contre les experts congolais ayant réalisé les études environnementales

Lundi 14 février 2022 - 21:26
Image
7SUR7

L'Office of environnement and mining studies (OEMS), un cabinet congolais spécialisé dans les études environnementales, dénonce un "acharnement" et une campagne de "dénigrement" contre les experts congolais ayant réalisé des études à impact environnemental sur la construction du barrage de Sombwe  dans la province du Haut-Katanga. Un projet dont la société Kipay est promotrice.

En effet, certaines ONG de la societé civile de ce coin du pays accusent ces experts congolais d'avoir produit un rapport "partisan" sur l'impact environnemental de la construction dudit barrage qui spolierait le parc national d'Upemba aux mépris des lois de la RD Congo. Des allégations rejetées en bloc par le bureau d'études OEMS.

"Donc, à ce stade, si aujourd'hui nous avons jugé utile de pouvoir nous exprimer, c'est parce que nous avons remarqué qu'il y a un acharnement, il y a vraiment un acharnement par rapport aux aspects environnementaux liés à ce projet. Raison pour laquelle on a souhaité profiter de cette opportunité qui vient nous être donnée pour pouvoir évoquer ce cas", a déclaré Jacques Ramazani, chief executive officer du cabinet OEMS, devant la presse ce lundi 14 février 2022 à Kinshasa.

D'après lui, le bureau a procédé aux enquêtes, notamment sociologique, biologique et physique avant le lancement du projet de construction du barrage de Sombwe. Et, a-t-il souligné, c'est sur base de cela que le rapport a été produit.

"Les études qui sont réalisées, elles ont pour objectif d'orienter l'autorité pour la prise de décision. Je vous ai dit tantôt que les études sont réalisées suivant les normes. Il y a des normes congolaises en matière de l'environnement. Les normes sont couchées dans les lois et règlements. Mais il y a aussi des normes européennes. Ce qui est à négatif ici au Congo, ce n'est pas pourtant qu'il doit être aussi négatif en France parce que les impacts négatifs sont fonction du milieu dans lequel évolue le projet. Les études ont été élaborées sur base des normes. Il y a ce qu'on appelle les termes de référence qui vient de l'Agence congolaise de l'environnement qui donne le contenu qu'il faut donner à l'étude. Et le promoteur avait pris soin d'adjoindre au bureau un Comité des sages pour pouvoir encadrer l'élaboration de cette étude. C'est ce qui a été fait et le promoteur a reçu son certificat environnemental justifiant que, dans l'étude, on a démontré que le projet est effectivement à impact négatif. Mais on a proposé aussi des mesures d'atténuation, pour pouvoir compenser les impacts négatifs qui sont prévus. Et toutes les parties prenantes collaborent avec le cabinet. Pour le cas d'espèce, le premier partenaire, c'est l'ICCN (Institut congolais pour la conservation de la nature : Ndlr). Toutes les autorités se sont prononcées et les arrêtés ont été pris par les autorités", a renchéri Jacques Ramazani.

Paraphrasant son prédécesseur, Arthur Kaniki, expert en études environnementales et professeur de l'Université de Lubumbashi (UNILU), a affirmé que cette campagne de dénigrement est l'œuvre des personnes malintentionnées, notamment étrangères.

"Effectivement, il y a des gens malintentionnés qui ne se réservent pas à dénigrer ou à remettre en cause la valeur du travail qui est réalisé par les congolais. Et cela, ce n'est pas seulement dans le domaine environnemental, c'est aussi dans d'autres domaines. Et tout ça, comme monsieur Jacques Ramazani a dit, ce n'est pas réellement pour des raisons techniques mais c'est pour gagner les marchés. Le point de presse ici joue deux rôles. Le premier rôle, c'est porter à l'attention de la communauté congolaise et internationale qu'il existe une expertise. Le deuxième volet, c'est pour couper l'herbe sous les pieds de ceux qui veulent saboter le travail de la RDC", a-t-il déclaré. 

Études environnementales : Les cabinets congolais méritent-ils confiance ?

Pour le professeur Kaniki, la réponse à cette question est "Oui". A l'en croire, les cabinets congolais spécialisés dans des études environnementales se sont développés rapidement et ont acquis un savoir-faire "avéré".

"Les cabinets se sont développés et les choses sont allées trop vite. Un savoir-faire s'est installé dans le milieu congolais pourquoi ? Parce qu'à travers les mémoires. Il y a des étudiants qui faisaient leurs mémoires sur l'analyse des impacts de l'exploitation de KCC (Kamoto Copper Compagny) sur l'exploitation des ressources en eaux. Ce sont des étudiants qui vont faire la recherche, qui exposent, il y a un jury qui analyse. Il y a un savoir qui se développe finalement dans le milieu congolais qui fait que les experts congolais sont au grand jour et commencent même à être sollicité pour aller intervenir dans des études qui sont effectuées dans d'autres pays. Je prends le cas de la Zambie, moi-même je suis intervenir dans l'évaluation des études environnementales (...)", a-t-il fait savoir.

D'après lui, le seul problème qui était congolais, à savoir : l'équipement, a été résolu avec l'acquisition d'un laboratoire d'analyses reconnu au niveau international.

"2021, un évènement très heureux arrive, c'est l'accréditation d'un laboratoire en analyse environnementale. Donc, vous voyez, on m'a demandé de parler de l'expertise technique et environnementale. Donc, le tendon d'Achille qui était le manque d'équipement a été finalement résolu en 2021. Le projet commence à l'Université de Lubumbashi, la Banque africaine de développement soutient le projet qui est l'acquisition d'un laboratoire de référence au niveau de l'Afrique centrale. On livre le matériel, on forme le personnel et on commence les analyses", a déclaré ce membre du cabinet d'études OEMS. 

Et de poursuivre : "Le laboratoire s'aligne sur les laboratoires internationaux et s'est fait évaluer pour obtenir son accréditation. Et l'accréditation est délivrée en octobre 2021. L'accréditation, c'est quoi ? C'est une reconnaissance internationale des compétences en un domaine bien précis. Donc, sur le plan technique à ce jour, nous pouvons affirmer sans crainte d'être contredit qu'il existe en RDC une compétence environnementale et technique avérée".

Le cabinet OEMS, en définitive, rassure que le tableau des experts congolais dans des études environnementales affiche complet, c'est-à-dire que la RD Congo dispose des experts actuellement dans tous les domaines liés à l'environnement, notamment en télédétection, télématique, biodiversité et hydrogéologie.

Prince Mayiro