Affaire lettre du Procureur : "Mentez, mentez il en restera toujours quelque chose", (Le Parti de Matata à la Présidence)

Dimanche 8 mai 2022 - 18:45
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Visiblement, le public est en train d'assister à une sorte de guerre des tranchées entre l'ancien premier ministre de Joseph Kabila, Matata Ponyo (2012 à 2017) et l'actuel régime au pouvoir du président Félix Tshisekedi.

Le dernier épisode de cette guerre d'usure a été inauguré tout récemment par une lettre attribuée au procureur général près la cour de cassation qui a fuité dans les réseaux sociaux, adressée au président de la République Félix Tshisekedi. 

Dans cette correspondance, le PG près la Cour de Cassation semble donner le rapport au chef de l'Etat qu'il n'a pas la compétence de poursuivre Matata Ponyo pour des "infractions commises pendant ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions".

En réaction à cette lettre attribuée au PG Victor Mumba, le directeur de cabinet du président de la République, Guylain Nyembo, a publié un communiqué vendredi dernier, niant l'avoir réceptionnée. 

"Elle ne porte visiblement pas de numéro de référence et, encore moins, de cachet de la présidence. (...) le cabinet rappelle que les courriers adressés au président de la République n'engagent que leurs expéditeurs", a écrit le dircab du président de la République.

Ce communiqué de Guylain Nyembo a provoqué la réaction du clan Matata. Dans un communiqué publié tardivement le samedi 7 mai, le secrétaire général du parti politique créé récemment par l'homme à la "cravate rouge" accuse carrément la présidence de la République de mentir.

"Mentez, mentez il en restera toujours quelque chose, dit une maxime anonyme. L'opinion à laquelle nous nous adressons tous est devenue mature et incrédule à certains discours qui pouvaient passer auparavant", écrit Franklin Tshiamala.

Pour Matata Ponyo, la présidence nie cette lettre du Procureur parce qu'elle met à nu ses interférences dans les poursuites judiciaires dont il fait l'objet depuis plusieurs mois.

"La lettre du procureur général près la cour de cassation adressée au président de la République viole de manière flagrante le principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs et démontre à suffisance l'implication du pouvoir politique dans les poursuites judiciaires à l'endroit du président de notre parti, Matata Ponyo Mapon", ajoute Franklin Tshiamala.

Pour le secrétaire général de "Leadership et gouvernance pour le développement" (LGD), la présidence nie la correspondance du procureur général parce qu'elle n'a pas de référence alors que son propre communiqué n'a pas également de référence.

Rappelons que c'est depuis plus d'une année que le saga judiciaire Matata Ponyo a commencé. Il était poursuivi principalement dans les affaires "Bukanga-Lonzo" et "les biens zaïrianisés".

Après un jeu de ping-pong de correspondances entre d'une part le sénat et le procureur général près la cour de cassation, et d'autre part le sénat et le procureur général près la cour constitutionnelle, les immunités parlementaires de Matata Ponyo seront levées par le bureau du sénat, alors que la plénière s'y était opposée.

Le 15 novembre 2021, la cour constitutionnelle se déclarera "incompétente" pour juger l’ancien premier ministre, arguant que Matata Ponyo devrait être jugé par son "juge naturel" vu que "le privilège de juridiction cesse avec la fonction".

Bienfait Luganywa