Mwangachuchu transféré à la prison militaire de Ndolo, entretemps, Robert Susman, son associé-complice américain, revient sur le lieu du crime (tribune)

Lundi 3 avril 2023 - 19:07
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Le député national Edouard Mwangachuchu Hizi a changé d’adresse. Depuis le vendredi 31 mars dans la soirée, il est pensionnaire de la prison militaire de Ndolo après un séjour d’un mois au CPRK (Centre Pénitencier et de Rééducation de Kinshasa). C’est dans cette forteresse que se poursuit ce mardi 04 avril l’instruction sur le fond de son procès devant la Haute cour militaire après remise sollicitée il y a une semaine par le ministère public. Et telle une poupée russe, l’affaire Mwangachuchu en cache une autre, celle d’un autre criminel qui revient sur le lieu du crime, en l’occurrence son associé-complice Robert Susman, un sujet hérétique américain qui l’accuse d’escroquerie et qui, pourtant, mérite d’être condamné  autant que lui pour pillage des minerais congolais pendant la rébellion du RCD/Goma au profit du Rwanda.
 

Poursuivi en flagrance pour, notamment, participation à un mouvement insurrectionnel, détention illégale des munitions de guerre et incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline, le député national Edouard Mwangachuchu Hizi est détenu depuis plus d’un mois. En plus de caches d’armes dans la concession minière exploitée par sa société, SMB SARL (Société Minière de Bisunzu) à Rubaya, dans le Masisi, certains effets militaires ont été découverts dans sa résidence de Kinshasa. Ces effets, dont 42 munitions, un revolver GP et une matraque électrique, non sans compter d’autres objets, notamment un coffre-fort, de caméras, d’ordinateurs et de clés USB ont été saisis et produits devant la Cour. Un Auditeur général avait été commis pour dresser un rapport circonstancié.
Après avoir rejeté les exceptions soulevées par la défense, la Haute cour militaire a entamé l’instruction sur le fond de l’affaire le 28 mars. Quelques questions ont été posées à l’audience au prévenu relativement à l’autorisation du port d’arme et l’ouverture de son coffre-fort afin d’y découvrir le contenu. Sans doute, l’audience de ce mardi va apporter de l’éclairage sur ces questions, ainsi que bien d’autres. Ce report aura aussi permis au ministère public de ficeler davantage son dossier.
En ce qui concerne le permis de port d’arme, le député national élu du Masisi avait déclaré à la précédente audience être porteur d’une autorisation légale de port d’arme lui délivrée, à sa demande, par le ministre de l’Intérieur d’alors Richard Muyej. En effet, se sentant menacé après quatre mois de négociations pour le compte du gouvernement congolais en son temps à Kampala avec le M23 dont il était opposé farouchement, Edouard Mwangachuchu Hizi sollicita et obtint officiellement le permis de port d’arme pour sa protection personnelle dans la mesure où aucun policier n’avait été commis à sa garde. Pour la partie civile, cependant, il reste à produire ledit permis de port d’arme pour en examiner aussi bien la validité que l’authenticité.
Pour ce qui est du coffre-fort saisi lors de la perquisition de la résidence du prévenu à Kinshasa, il y a quelques inquiétudes. La caisse en acier est bloquée. L’on ne sait l’ouvrir ni avec la clé, ni moyennant le code. Pour le prévenu, les manœuvres des agents des services de sécurité lors de la perquisition de sa résidence en seraient à la base. Un expert a été réquisitionné par la Cour afin de l’ouvrir en pleine séance ce mardi, le cas échéant, l’on procédera à la casse.
Du CPRK à la prison militaire de Ndolo
C’est de la prison militaire de Ndolo que va se poursuivre désormais le procès d’Edouard Mwangachuchu Hizi. En effet, depuis le vendredi 31 mars dans la soirée, il a été extrait de l’ex-prison de Makala pour cette forteresse. Les raisons de ce transfert n’ont pas été révélées par l’Auditorat militaire, bien que c’est l’endroit indiqué pour ceux des prévenus mêlés aux affaires d’armes ou soupçonnés d’atteinte à la sécurité de l’Etat, ou d’incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline.
Toutefois, les avocats de la défense ne désarment pas. Ils pensent faire recours devant la Cour de cassation contre l’arrêt avant dire droit déclarant la Haute cour militaire compétente à juger leur client. Ce qu’a balayé autrefois d’un trait le président de la composition, prenant ainsi appui sur l’article 35 de la loi relative à la procédure devant la Cour de cassation qui stipule que «le recours en cassation contre le jugement avant dire droit n’est ouvert qu’après jugement définitif, mais l’exécution même volontaire de tel jugement ne peut être en aucun cas opposé comme fin de non-recevoir».
En attendant, des spéculations vont bon train sur les raisons à la base du changement d’adresse du magnat du coltan. Les manifestations commanditées ces derniers temps en guise de soutien au prévenu de la part aussi bien des mouvements citoyens que des activistes des Droits de l’Homme, disent les uns, passeraient très mal aux yeux de la justice. Aussi serait-il question de l’isoler d’autres suspects, agents de sa société ramenés à Kinshasa à titre de témoins ou de renseignants. D’autres pensent, cependant, que l’accès au CPRK ne serait pas aussi filtré qu’à Ndolo pour éviter des contacts externes incompatibles avec la poursuite du procès, ou la justice tient, tout simplement, à le protéger en le gardant dans un lieu très sûr. Wait and see.
Un hérétique américain s’invite
L’affaire Edouard Mwangachuchu Hizi est pareille à la poupée russe. Elle en cache une autre ou bien d’autres. En effet, d’autres dossiers, non liés à celui qui l’a précipité en prison, lui tombent dessus. C’est le cas de la dénonciation de Robert Susman, un sujet hérétique américain, qui l’accuse d’escroquerie au sujet de la société SMB SARL.
En effet, selon des informations glanées au Nord-Kivu, Robert Susman y a œuvré dans l’humanitaire» comme médecin pendant la rébellion du RCD/Goma à l’Est du pays. Il y fit connaissance d’Edouard Mwangachuchu Hizi qui s’exila entretemps aux USA et avec il convint en 1998 de la mise sur pied d’une société d’exploitation de coltan à Rubaya dont il se porta financier. Celui-ci ouvrit à Rubaya en 1999 un comptoir d’achat des minerais des 3 T, essentiellement le coltan, avant de mettre le grappin sous couvert du RCD/Goma sur ce qui est devenu le PE 4731, une partie de la concession minière de SAKIMA SA, connue sous le PE 76. Bonze de ce mouvement rebelle, Edouard Mwangachuchu Hizi fut aussi un dignitaire du CNDP dont il prit les commandes à la suite du retrait de Bosco Ntanganda, présentement  condamné à 20 ans de prison ferme à la CPI pour ses activités criminelles en RDC.
Au départ, la société créée par les deux lurons s’appelle MHS (Mwangachuchu Hizi Susman). A l’insu de l’autre associé, Edouard Mwangachuchu Hizi manœuvre et l’enregistre au nom MHI (Mwangachuchu Hizi International). Elle se mue par la suite en SMB SARL, dont la majorité des actionnaires sont plus tard ses enfants. Lui-même n’en n’est pas un. En témoignent les statuts modifiés de SMB SARL en septembre 2018 et déposés le 1er octobre de la même année au Greffe du Tribunal de commerce de Goma. Habile et rusé, Edouard Mwagachuchu Hizi convainc son associé américain, parce qu’étranger, de ne pas jouer les premiers rôles et de ne s’afficher au premier plan. Et lorsque Robert Susman se rend compte de la supercherie et de la malice de son associé,  il le traduit en justice aux USA où il gagne le procès pour lequel l’exécution se bute à plusieurs obstacles en RDC. Au regard, bien entendu, de l’influence dont jouissait son ex-associé dans le pays. Le voilà profiter de la situation que traverse présentement son compère pour relancer le dossier et en appelle du fait-même au président de la République pour être rétabli dans ses droits, donc récupérer le PE 4731 que SMB SARL exploite à Rubaya.
Mais, Robert Susman, également personnage sulfureux, semble ignorer que le PE 4731 n’a jamais été à l’origine de leur business, ni de leur différend. Ce PE a été attribué arbitrairement à MHI, devenue SMB SARL, comme butin de guerre par le RCD/Goma en 2000, puis mis en conformité d’office à la suite du Dialogue intercongolais. C’est une superposition d’un titre sur celui de SAKIMA SA qui s’est vue ainsi amputée de 36 carrés sur les 360 carrés qu’elle détenait. Ceci en violation flagrante des Code et Règlement miniers et en l’absence de tout acte de cession ou de vente.
Le réveil de Robert Susman n’est pas fortuit. Pour s’en convaincre, il est utile de dénicher les entités ou les personnalités qui se cachent derrière lui. En effet, après plusieurs recoupements, l’ex-associé d’Edouard Mwangachuchu opère à l’ombre des multinationales, dont l’australo-américaine GAM (Global Advanced Metals), des ONG, dont la britannique Global Witness, réputées pour la diabolisation des minerais des 3 T en RDC dont elles veulent rééditer l’exploit d’exclusion du marché international. Point n’est besoin de souligner que le fils du milliardaire américain George Soros flirte avec Global Witness et le père compterait parmi les actionnaires de GAM. Ceci expliquant cela, l’on comprend pourquoi SMB SARL n’a jamais été en ligne de mire des entités précitées, ainsi que bien d’autres soucieuses de régenter le coltan congolais.  
Enfin de compte, Edouard Mwangachuchu Hizi et Robert Susman sont des oiseaux de même plumage. C’est bonnet blanc, blanc bonnet. A la limite, ils constituent une association des malfaiteurs pour avoir verser sans vergogne dans le pillage des minerais congolais pendant la rébellion, et ceci avec le Rwanda comme plateforme d’exportation. Autant Bosco Ntanganda, leader du CNDP de triste mémoire dont le député Edouard Mwangachuchu a succédé à la tête de la machine criminelle, a été condamné notamment pour crimes de guerre, le pillage des minerais du Congo en étant un,  autant ce dernier et son associé américain ne doivent l’échapper.
Pomme de discorde entre Edouard Mwangachuchu Hizi et les populations de Rubaya et à l’origine, entre autres, de l’insécurité qui bat son plein dans cette partie de la République, l’Etat congolais est appelé à prendre ses responsabilités pour récupérer, au vu de la procédure en cours, cette concession minière et la rendre à la propriétaire SAKIMA SA qui a perdu sur toute la ligne il y a plus de vingt ans.
                                                       
Paul Kasereka Paluku

 

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