L’Université pédagogique nationale (UPN) est émaillée des troubles depuis le matin de ce mardi 18 juillet 2023.
Un groupe d’étudiants manifestent contre l’exclusion de leurs représentants, les 10 délégués facultaires, pour une durée de 6 mois.
D’après une décision signée par la rectrice de cette université publique de Kinshasa, cette mesure fait suite à des actes d’indiscipline caractérisée, commis par la diffusion publique, via les réseaux sociaux, d'un message infamant et clairement subversif à l'endroit de la communauté estudiantine.
Joint au téléphone par 7SUR7.CD, l’un des délégués a expliqué qu’ils ont été exclus uniquement parce qu’ils ont plaidé la cause des étudiants.
« Lorsque les étudiants ont un souci à l’université, c’est nous les délégués facultaires qui plaidons leur cause, en tant que leurs représentants élus. Il y a quelques semaines l’université a demandé aux étudiants d’aller payer les frais académiques dans différentes banques. Sur terrain nous avons remarqué que chaque banque a son taux et il y a même l’une de ces banques qui a carrément refusé de percevoir les francs congolais. La situation a commencé à révolter les étudiants », a-t-il expliqué sous couvert de l’anonymat.
Et de poursuivre : « Pour éviter qu’il y ait des troubles sur le campus, nous les délégués facultaires avions sollicité une audience auprès de la rectrice afin qu’on lui explique les difficultés que nous rencontrons dans les banques. En attendant d’être reçus, nous avions fait une déclaration demandant aux étudiants de garder l’argent à la maison le temps que les autorités nous expliquent quoi faire et aussi pour que plusieurs parmi nous ne tombent plus dans les pièges de certains escrocs comme c’était le cas l’année passée ».
A en croire cet étudiant exclu, lui et ses camarades ont joué le rôle qui est le leur. Malheureusement les autorités ont mal interprété la démarche.
« Malheureusement les autorités ont mal interprété notre démarche. Nous avions été convoqués et entendus sur procès-verbal par la police universitaire. Le conseiller de la rectrice chargé des contentieux nous a également convoqué et même retenu de 8h à 18h. Curieusement, c’est via les réseaux sociaux que nous avons appris hier que nous sommes tous exclus de l’université. Finalement nous nous demandons à quoi sert un délégué facultaire s’il ne peut pas plaider la cause des étudiants qu’il représente », s’est-il lamenté.
De son côté, le comité de gestion dit que le taux de change contesté par les 10 délégués facultaires n’est pas fixé par l’université mais plutôt par le ministère de l’enseignement supérieur et universitaire (ESU).
« Il y a rien de spécial. Seulement que les étudiants sont des récalcitrants, ils ne veulent s’incliner devant les instructions académiques. Un groupe de détracteurs qui a semé des troubles sur le campus universitaire il y a quelques jours a été sanctionné. Au début, ils disaient défendre les intérêts de leurs camarades mais ensuite ils ont changé de chanson en parlant du taux de change. Et pourtant le taux de change n’est pas fixé par l’université mais plutôt par la hiérarchie. On paie soit en dollar, soit en franc congolais mais au taux du jour », a expliqué le professeur Gaby Liwawa, secrétaire général chargé de la recherche, également joint au téléphone.
Notons que toutes les activités sur le campus universitaire et même aux alentours sont à l’arrêt jusqu’à présent. Plusieurs éléments de la police sont déployés pour disperser les manifestants et sécuriser la route de Matadi et l’avenue du 24 novembre que ces étudiants tentent de bloquer.
A présent, il est difficile de faire le bilan des dégâts déjà enregistrés sur le campus. On peut tout de même apercevoir deux véhicules brûlés et des vitres cassées du rectorat et autres bâtiments administratifs.
Alphonse Muderwa