Kinshasa : À Masina Petro Congo, la Police accusée d'exiger jusqu'à 100.0000 FC d'amende aux civils qui se promènent la nuit

Mercredi 15 novembre 2023 - 09:59
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Circuler après 21h ou circuler la nuit sans destination précise à Masina, dans le district de la Tshangu précisément à Petro Congo, est devenu une infraction passible des amendes policières allant jusqu'à 100.0000 FC.

Ce témoignage recueilli, ce mercredi 15 novembre 2023 auprès de 5 habitants de ce coin de la capitale renseigne que l'arbitraire règne, une fois la nuit tombée, dans ce quartier.

"Ici, le policier t'arrête et te dit ce que tu dois payer avant même de te dire ce qu'il te reproche. Hier, j'ai été appréhendé avec ma copine alors que je la ramenais vers 21h à la maison. Tout juste ici (une avenue à 200 mètres de l'arrêt de bus, ndlr)", a dit l'un d'eux,  ayant requis l'anonymat. 

L'autre a été arrêté, la nuit du jeudi dernier alors qu'il était sorti recharger les forfaits internet.

"Le policier m'a dit que j'étais coupable de vagabondage nocturne. Et ça, il me l'a dit au poste. En route, il m'a contraint de payer 5.000 que j'ai catégoriquement refusé. Je voulais qu'on me montre depuis quand c'était une infraction de circuler la nuit seul", a-t-il dit. 

Ce dernier a été placé en garde à vue et libéré le lendemain après que sa mère soit venue payer 50.000 FC d'amende.

Un autre témoignage recueilli est celui d'un homme âgé de 32 ans, lui il a donné son nom : Jonathan Kiasuka.

Il a été une fois arrêté par un policier pour être sorti sans "destination claire" vers minuit, la fin du mois passé.

"Les policiers m'ont pris mes téléphones, mon portefeuille et tout. Ils m'ont embarqué et j'ai dû payer 100.000 FC pour être remis en liberté. On me menaçait même (au poste de police, ndlr) de me livrer aux camions de la prison centrale de Makala", a-t-il déclaré. 

Interrogés le mardi 14 novembre dernier, quelques policiers qui ont accepté d'échanger avec la rédaction de 7SUR7.CD, n'ont pas nié ces faits. 

S'ils estiment que ça reste tout de même rares, ce genre d'arrestation arbitraire la nuit, ils affirment qu'il s'agit des cas bien connus des autorités policières de cette entité urbaine. 

"Les autorités le savent, que ce soit les plaintes ou les auteurs de ces bavures. Si vous vous renseignez, vous trouverez que ce sont plus des journaliers puisés dans des gangs, recrutés par certains commandants pour ce genre d'opération... Certains commandants donnent des véhicules aux policiers la nuit en arrêtant un montant d'amende qu'ils doivent lui ramener. On appelle ça le versement. Dans ces conditions, comment pouvez-vous blâmer ces policiers sans remonter l'échelle?", s'est interrogé un lieutenant trouvé dans le parrage.

Il faut dire que d'autres cas d'arrestation de même nature et qui ont été mal négociés ont conduit d'autres victimes en prison, emportés par les envoyés de la prison centrale de Makala sans consultation ou examen préalable des dossiers. 

MD