Les violences intercommunautaires à Kwamouth, dans la province du Maï-Ndombe, opposant les Teke et les Yaka, ont provoqué une crise humanitaire touchant également les provinces voisines (Kwilu, Kwango, Kinshasa et Kongo Central). Selon les humanitaires, plus de 117 000 personnes ont été déplacées, principalement des femmes et des enfants.
L'ONG Cause Rurale, préoccupée par cette situation, a organisé une matinée de plaidoyer en faveur des femmes et des jeunes filles déplacées et des survivantes de ce conflit. Cette activité s'est tenue ce vendredi 17 novembre 2023 à Kinshasa, capitale de la RDC.
La présidente de cette ONG, Pélagie Makedika, a projeté des images montrant les conditions alarmantes dans lesquelles se trouvent les femmes et les jeunes filles déplacées, suite à la perte de leurs activités socio-économiques, à la destruction des écoles et des hôpitaux dans les régions où les affrontements entre les Teke et les Yaka sévissent.
Un mémorandum contenant les recommandations de cette ONG pour la pacification des régions touchées par ce conflit a été remis aux représentants des institutions étatiques et aux partenaires techniques et financiers présents lors de cette réunion de plaidoyer.
L'ONG Cause Rurale a lancé un appel aux partenaires et aux bailleurs de fonds du pays afin qu'ils accompagnent les provinces de l'ouest du pays mentionnées ci-dessus, en mettant en place des programmes spécifiques de développement et de lutte contre l'extrême pauvreté, tout en tenant compte de la situation des femmes et des jeunes filles en tant que principales victimes de ce conflit. Elle a également demandé aux organisations de la société civile nationales et internationales de relayer largement le message de paix des femmes et des jeunes filles de la région ouest du pays.
« Au niveau national, une initiative de pacification de cette région a été lancée par la Présidence, mais nous ne connaissons pas encore les résultats obtenus à ce jour. Au ministère de l'Intérieur, il a été question d'un dialogue, mais nous ne savons pas si cette initiative se poursuit ou non. Sur le terrain, la situation des femmes et des jeunes filles est catastrophique. Vous avez certainement vu les images : des femmes qui avaient un capital de 20 000 dollars se retrouvent aujourd'hui avec seulement 5000 francs congolais. Par exemple, une femme qui possédait auparavant 100 hectares de manioc les a abandonnés dans le plateau Bateke. De nombreuses femmes ayant perdu leurs maris se trouvent aujourd'hui dans des situations très critiques à travers les différents villages. Les infrastructures économiques, les hôpitaux et les écoles sont pillés et saccagés. Cette situation doit nous interpeller tous, en commençant par nous-mêmes en tant que société civile, ainsi que le gouvernement et les partenaires techniques et financiers de notre pays », a déclaré P. Makedika.
Elle a également annoncé la publication prochaine des résultats des enquêtes menées par son ONG sur l'impact de ce conflit sur la vie des femmes et des jeunes filles déplacées.
Dans le cadre de son programme « Femme, Paix et Actions Humanitaires », l'ONG Cause Rurale, en partenariat avec l'ONU Femmes, met en œuvre le projet « Place et participation des femmes et des filles dans la réponse humanitaire apportée aux populations des provinces du Maï-Ndombe, Kwango, Kwilu et Kongo Central en RDC ». Ce projet bénéficie de l'appui du Fonds des Femmes pour la Paix et l'Action Humanitaire (FFPH) depuis 2021, pour une durée de 15 mois pour la première phase, et d'une seconde phase de 3 mois depuis septembre 2023.
Merveil Molo