Affaire viol de plus de 300 femmes au Nord-Kivu : Lancement du film-documentaire sur le procès "Sheka"

Vendredi 8 décembre 2023 - 12:33
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Le film-documentaire sur le procès de Ntabo Ntaberi Sheka, relatif à l'affaire de viol massif des femmes et jeunes filles au Nord-Kivu en 2010, a été diffusé pour la première fois à Kinshasa, ce mercredi 6 décembre 2023. Le film est intitulé : " En RD Congo, traduire un criminel de guerre devant la justice".

Produit par les Nations-Unies, en partenariat avec la Haute Cour militaire de la RDC, ce film revient sur l'affaire de viol de plus de 300 femmes congolaises en 2010, par la coalition de groupes armés dirigée par Ntabo Ntaberi Sheka, le chef du groupe armé " Nduma Defense of Congo" (NDC). 

Selon le court métrage diffusé dans une salle remplie d'émotions et d'indignation, ce viol massif a été opéré du 30 juillet au 2 août 2010, dans 13 villages dans 
les territoires de Walikale et Masisi, dans la province du Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo (RDC). 

Des missions d'enquête conjointes menées par les autorités judiciaires nationales et la MONUSCO ont conclu que 387 personnes, 
principalement des femmes et des filles, avaient été violées pendant les attaques.

Un dossier judiciaire n'a pas tardé à être ouvert au niveau de la justice militaire, avec l'appui technique de la MONUSCO. Coincé par le poid de la conscience après une telle atrocité et trahi par ses pairs, le chef rebel Ntabo Ntaberi Sheka n'a eu de choix que de se rendre à la MONUSCO qui l'a vite transféré entre les mains de la justice. 

Le procès ouvert le 27 novembre 2018 a été bouclé le 23 novembre 2020 par la condamnation du chef rebel Ntabo Ntaberi Sheka à la prison à perpétuité pour crimes de guerre, y compris pour viol et esclavage sexuel, au titre de sa responsabilité individuelle et de sa responsabilité de supérieur hiérarchique.

" Depuis des décennies, la RDC est le théâtre des conflits armés et des violations graves des droits humains particulièrement à l'Est du pays. L'obligation de réprimer ces violations graves des droits humains constitue non seulement une règle impérative, mais aussi la responsabilité de l'État congolais. Ce documentaire demeure à mon sens une démonstration de la volonté de l'État congolais de lutter contre l'impunité des crimes internationaux, en partenariat avec les organisations internationales et la société civile, tous unis dans un même élan, celui d'instaurer un État de droit dans notre pays, conformémet à la politique du gouvernement, soutenue par la détermination et l'abnégation des autorités judiciaires militaires à tous les niveaux", a déclaré dans son mot de circonstance
le lieutenant-général Mutombo Katalay Joseph, premier président de la Haute Cour militaire de la RDC. 

Pour le représentant résidant de la MONUSCO, Bruno Lemarquis, au moment où son institution s'apprête à quitter la RDC, il est essentiel de veiller à ce que le soutien à la justice militaire et civile se poursuive. Il a affirmé qu'à travers ce film-documentaire, la MONUSCO veut rendre hommage aux victimes des crimes, des violations sexuelles, principalement les victimes du groupe de Sheka, mais surtout envoyer un message fort aux groupes armés qui pullulent dans la partie Est de la RDC. 

"Ce film que nous avons eu le privilège de visionner ensemble présente les résultats d'une justice engagée, d'une justice fonctionnelle, dès lors que les efforts sont  mobilisés par les institutions judiciaires nationales pour la poursuite et le jugement d'auteurs des crimes internationaux, dès lors qu'il y a la détermination, dès lors qu'il y a la volonté et les moyens mis à disposition de la justice. Ce film temoigne de la détermination des autorités congolaises à mener un combat inlassable et indispensable contre les criminels de guerre en RDC. C'est un signal fort envoyé aux victimes, ainsi qu'aux membres des groupes armés qui sévissent dans le pays", a-t-il indiqué. 

Soulignons que le procès de Sheka a été rendu possible grâce à la coopération entre les autorités judiciaires nationales, la société civile et les différentes entités du système des Nations-Unies telles que  la MONUSCO, à travers la section d'appui à la justice et l'unité d'appui à l'administration pénitentiaire, le Bureau conjoint des Nations-Unies pour les droits de l'homme et l'équipe d'experts des Nations-Unies sur l'État de droit et les violences sexuelles liées aux conflits. 

ODN

 

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