Le Tribunal de Grande instance de Kinshasa/Gombe a promis à l’audience de ce 8 mars, tenue à la prison centrale de Makala, de rendre son jugement au plus tard le 20 mars dans l’affaire qui oppose Stanis Bujakera Tshiamala au ministère public, qui a requis 20 ans de prison et 20 millions de Franc Congolais (7400$ environ) d’amende contre le journaliste, poursuivi pour un article de Jeune Afrique, dont il n’est pas l’auteur, qui met en cause les services de renseignement dans la mort de l’ex-ministre Chérubin Okende.
« Vous allez le condamner à 20 ans de servitude pénale principale » a demandé le procureur Serge Bashonga au tribunal, pour les 6 chefs d’accusation suivants : falsification de sceaux et signatures de l'État (1), usage des sceaux et signatures (2), faux en écriture (3), usage de faux en écriture (4), propagation de faux bruits (5) et transmission d’un message erroné par voie électronique (6).
Dans son réquisitoire, le procureur a aussi encouragé le tribunal présidé par le juge Charly Kasunda à "condamner Stanis Bujakera pour que cela serve d’exemple aux autres journalistes".
Dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont demandé la relaxe pure et simple de leur client car le "dossier est vide". Une conviction confortée par le rapport d’expertise commandé par le tribunal.
« Nous avons plaidé pour l'acquittement de notre client car le dossier est dépourvu de preuves matérielles concernant les accusations retenues contre lui. Le rapport d'expertise a clairement démontré que notre client n'est en rien impliqué dans la circulation du document incriminé. La seule trace trouvée par l'expert est celle du tweet de Jeune Afrique, qui n'est pas lié à notre client. Les juges auront du mal à retenir des charges contre lui, étant donné qu'aucun document incriminé concernant la mort de Chérubin Okende n'a été retrouvé comme ayant été transmis via les appareils électroniques de Bujakera. L'expert n'a trouvé aucune trace de cela », a déclaré Me Jean-Marie Kabengela, l'un des avocats du journaliste.
Stanis Bujakera lui-même a clamé son innocence lors de l'audience, dénonçant une tentative de museler la presse et un acharnement contre lui en l’absence de la moindre preuve sur sa culpabilité.
« Je m’attendais à ce que le ministère public apporte les preuves. Il a juste usé de sa témérité pour défendre l’indéfendable. Il vous demande de me condamner pour satisfaire les réseaux qui sont derrière lui. Il vous demande de me condamner parce qu’il veut faire peur à tous les autres journalistes indépendants », a-t-il déclaré.
Signalons qu’un incident s’est produit au cours de l’audience. Me Ndikulu Yana, un des avocats de Stanis B. s’est retiré pour protester contre la manière dont la police des débats était menée par le tribunal qui faisait la part belle au parquet au détriment de la défense.
Arrêté le 8 septembre 2023 à l’aéroport de Ndjili à Kinshasa, Stanis Bujakera est en détention préventive depuis 6 mois à la prison de Makala.
Merveil Molo