Électrification de Kananga : le DG de BCECO dévoile les détails du projet de la centrale hydroélectrique de Mbombo, perspectives, défis et impacts (Interview)

Mercredi 13 mars 2024 - 09:11
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Le Directeur général du Bureau central de coordination (BCECO), Jean Mabi Mulumba, a, dans une interview accordée à 7SUR7.CD qui est exploitée ce mercredi 13 mars 2024, expliqué que le projet de construction de la centrale hydroélectrique sur la chute de Mbombo est une initiative du président Tshisekedi pour fournir de l'électricité à Kananga et ses environs. 

Il indique que le contrat récemment signé concerne le bétonnage de dix kilomètres de route. Les travaux de transport du courant seront signés sous peu. 

Ci-dessous, l'intégralité de l'interview

7SUR7.CD : Monsieur le Directeur général du Bureau central de Coordination (BCECO), l'institution que vous dirigez intervient au Kasaï-Central en qualité de maître d'ouvrage délégué de plusieurs projets, c'est notamment le projet de construction de la centrale hydroélectrique sur la chute de Mbombo. Vous venez de signer un contrat entre BCECO et Moderne Construction. Qu'en est-il de ce contrat signé ? 

Jean Mabi: Oui, merci beaucoup. Comme vous le savez, le projet de construction de barrage hydroélectrique sur la chute de Mbombo, c'est un projet initié par le chef de l'État, M. Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à qui je rend un vibrant hommage. C'est dans le cadre, justement, de la matérialisation de sa vision de développement, de la RDC en général et de la province du Kasaï-Central en particulier, où il a décidé de doter dans un premier temps, la ville de Kananga et ses environs de l'électricité. Cela ne signifie pas que le premier projet sur le barrage est mis de côté, mais ce projet là va aussi être développé parce qu'on a besoin de beaucoup d'énergies dans la province pour exploiter justement toutes les richesses de la province. Alors, le barrage hydroélectrique ne se construit pas comme une maison. Donc la première des choses, c'est d'avoir les études, que les études soient bien faites pour nous rassurer en fait qu'une fois qu'on va lancer le barrage, qu'il n'y aura pas de couac. Alors nous sommes dits qu'on ne va pas attendre que toutes les études soient finalisées. Donc au fur et à mesure que les études sont finalisées, on signe le contrat, l'entreprise se déploie et ainsi de suite. Le contrat que nous venons de signer aujourd'hui porte sur le bétonnage des dix kilomètres de route, donc au niveau de l'avenue Nkonko jusqu'au niveau des chutes. Pourquoi le bétonnage ? Parce qu'on veut d'abord favoriser l'accès, parce que sans accès, l'entreprise ne pourra pas construire. Et il ne faut pas oublier que ce sont des gros engins qui feront les tours vers les sites. Donc nous voulons nous rassurer que cette route-là sera en mesure de supporter le bétonnage de ces engins et qu'une fois les travaux terminés, la route, on pourra l'entretenir sans problème. Donc nous avons la route, dix kilomètres, mais également nous avons la base-vie qu'on doit construire, parce que l'entreprise qui vient construire va s'installer. C'est un projet d'à peu près 18 mois, l'entreprise doit s'installer. Une fois les travaux livrés, cette base-vie-là sera transformée en bureau pour l'équipe qui aura la charge d'entretenir ces barrages.

7SUR7.CD: Qu'en est-il de transport du courant du lieu de production jusqu'au lieu de consommation ?

Jean Mabi : C'est ce que nous allons signer jusqu'à d'ici deux ou trois semaines, parce que les études sont aussi suffisamment avancées. Troisième contrat va porter sur les travaux de génie civile et la turbine elle-même. Pour ce faire, toutes les études sont déjà finies, mais ce qu'il reste, ce sont des études géotechniques, mais également des études environnementales. Vous savez que les barrages, très souvent, si on ne fait pas attention, les barrages ont un impact négatif, non seulement sur l'homme, mais sur l'environnement. L'objectif, c'est d'abord identifier tous ces impacts et menant prendre des mesures pour atténuer les effets de ces impacts. Ce sont ces études qui prennent deux à trois mois pour être finalisées. C'est pour ça que nous nous sommes dit qu'on ne va pas attendre qu'on finalise ces études-là pour qu'on aille de l'avant. Voilà pourquoi nous sommes déplacés à Kananga avec le directeur général des Modern Construction pour signer le premier contrat. 

7SUR7.CD : Quelle est la durée des travaux de construction de cette route ? 

Jean Mabi : La durée, ce n'est pas seulement la durée de la construction de la route, mais également la base-vie. La durée, normalement, c'est huit mois, dès que les travaux commencent. Mais il y a des préalables pour lancer les travaux. D'abord, le premier préalable, c'est d'abord qu'on notifie à l'entreprise son contrat, qu'on lui donne la lettre de service pour démarrer les travaux. Dans le contrat, il est prévu une avance de démarrage. Si l'entreprise est disposée à faire la requête pour obtenir l'avance de démarrage des travaux qui est 30%, l'entreprise devrait nous envoyer sa facture, mais également une garantie couvrant cette avance de démarrage. Et ensuite, nous allons vérifier l'authenticité de cette garantie. Ce n'est qu'après que nous allons faire recours au gouvernement pour pouvoir libérer cette tranche. 

7SUR7.CD: Des mouvements de jeunes qui étaient dernièrement sur les sites où cette centrale devrait être construite, disent avoir trouvé des conteneurs vides, soulignant n'est pas voir clair dans ce projet. Qu'est-ce que vous répondez ?

Jean Mabi : Je n'ai jamais annoncé le début des travaux. Vous savez, quand on veut lancer des travaux, ce que nous avons fait, c'était poser la première pierre et indiquer à la population qu'ici sera établir le barrage de chute Mbombo. Mais avant les travaux,  il y a des préalables. Mais pourquoi on le faits ? Il se pourrait que ce terrain soit querellé, on laisse le temps aux gens, quelqu'un qui estime être lésé par le fait qu'on va construire le barrage, de se prononcer. C'est tout ça. À un moment donné, on a vu les gens sortir disant ce terrain appartenait à telle ou à telle ou telle autre personne, on a vérifié ce terrain ne leur appartenait pas. Maintenant, après, nous sommes revenus, on a fait les études le tout premier contrat, c'est celui qu'on vient de signer. Donc, si ce mouvement-là a des inquiétudes, les mouvements connaissent le siège du BCECO. Ils peuvent écrire officiellement. Nous allons répondre que spéculer, ça ne sert à rien de spéculer. La vérité reste la vérité. S'ils veulent absolument nous accompagner, c'est ce que nous voulons. Nous voulons que ces gens nous accompagnent parce que ces barrages vont créer des emplois, non seulement à court terme, à long terme, mais à long terme. 

7SUR7.CD : Lors de la pose de la première pierre pour la construction de cette centrale hydroélectrique, vous étiez accompagné de ANSER qui, selon les explications, avait un rôle important à jouer dans ce projet. Mais depuis un temps, on se rend compte qu'il y a eu un relâchement du côté des ANSER. Certaines bouches disent que les courants ne passent pas  entre BCECO et ANSER.
Est-ce qu'il y a eu un malaise entre vous deux autour de ce projet ? 

Jean Mabi : Je pense que, dans le cadre d'exécution de ce projet, nous avons signé un protocole d'accord entre ANSER et BCECO. Donc, ANSER est maître d'œuvre, BCECO est maître d'ouvrage délégué. ANSER a comme responsabilité principale la validation des études, des études qui concernent la construction du barrage ainsi que la ligne de transport et la surveillance des travaux. Ça signifie que la base vie qu'on construit, ANSER aura son bureau là-bas, avec ses agents qui seront là 24 heures sur 24, en train de travailler avec l'entreprise qui va exécuter. Tous matériaux, avant de les utiliser ANSER doit valider. Toutes les factures de l'entreprise, avant de les payer, c'est ANSER qui valide. Les décomptes des travaux qui nous indiquent le taux d'exécution physique et financière des travaux, c'est ANSER qui valide. Donc, ANSER a un grand rôle à jouer, ça c'est part sa mission. Les études sur les travaux de génie civil, comme je l'ai dit, et sur la turbine, ANSER les a validées nous avons des correspondances. Au moment où nous viendrons pour signer pour la ligne, ANSER va assister. D'abord, ces études-là, (8:02) c'est ANSER qui va valider. C'est l'occasion aussi donnée pour qu'on montre en fait que nous, les Congolais en général, nous pouvons travailler ensemble pour le développement de cette province. 

7SUR7.CD : Vous venez de le dire, huit mois pour la construction de la route et puis 18 mois pour la construction de la centrale hydroélectrique. Monsieur Jean Mabi Mulumba, quand est-ce que la première ampoule de cette centrale hydroélectrique va s'allumer ? 

Jean Mabi : Je ne peux pas le dire aujourd'hui parce que vous avez suivi même le DG de Modern Construction parlez, parce que quand on parle de la durée, ce sont les prévisions. Il y a d'autres aléas qui peuvent intervenir, qui font qu'ils risquent de retarder aussi l'exécution des travaux. Mais nous, nous nous battons pour qu'en 18 mois, qu'on livre l'ouvrage.

7SUR7.CD: Mais alors, les coûts de ces travaux sont évalués à combien ? 

Jean Mabi : Dans notre pays, le mal en fait, tout le monde est expert. Ce qui intéresse les gens dans un contrat, c'est le montant, et non les travaux qui doivent être faits. Moi, je réponds toujours à ceux qui demandent les coûts. Si ce sont les travaux de construction des routes, si vous êtes des ingénieurs routiers, nous allons parler le même langage. Alors, si vous avez des ingénieurs routiers, moi je suis prêt à organiser une séance, j'ai mes ingénieurs routiers en face de votre, ils vont décortiquer le contrat de A à Z, au moins ils pourront parler le même langage et expliquer à la population.

7SUR7.CD : La population attends beaucoup de ce projet, c'est quoi le message que vous lancez ?

Jean Mabi : Le premier message est qu'au départ, on devait produire 10 mégawatts.
Maintenant, on est allé à 20 mégawatts, c'est déjà une bonne chose. Pour montrer que le projet va être exécuté, nous venons de signer le contrat pour l'accès, faciliter l'accès. Une fois les préalables levés, les travaux vont démarrer. Toutes les études sont presque finies. Et une autre nouvelle aussi, en 2014, on avait une centrale solaire de 2 mégawatts, pour donner de l'électricité aux ménages. Une fois le gouverneur qui l'avait installé parti, tous ceux qui sont venus l'ont détruit. Nous avons décidé dans le cadre de ce projet qu'au lieu d'utiliser l'énergie thermique, donc le groupe électrogène qui rend le coût des productions assez élevé, nous allons utiliser une partie de l'électricité produite au niveau de la centrale pour alimenter les panneaux de cette centrale solaire afin d'alimenter les ménages. La ville de Kananga, c'est 2 mégawatts. La plus grande partie des 20 mégawatts qu'on va produire au niveau de la centrale hydroélectrique de Bombo va être consacrée justement à l'industrialisation.

Propos recueillis par Alain Saveur Makoba, à Kananga